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Billet de blog 5 mai 2022

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Chercher l'excès ...

... ou un oiseau. (Texte d'un premier confinement)

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Chaque matin, j'ai besoin d'une lueur. J'ai besoin d'un excès. Si j'employais l'image d'un défibrillateur, vous comprendriez mieux peut-être !? Chaque matin, j'ai besoin d'un coup de défibrillateur, j'ai besoin d'une secousse. Voilà, c'est ça ! Un choc, chaque matin, il me faut un choc. Vous me direz : " On est gâté en ce moment pourtant, question chocs, non ? ". C'est vrai. Ça déboule, ça craque, ça percute. Sera-t-on au bout de nos surprises bientôt ? Est-ce qu'on finira par s'habituer ? Une autre question aussi nous taraude, une question qui pique. Quand sortirons-nous de nos carrés et comment ? Ça grésille dans nos têtes, certainement ça agace. Mais ce n'est pas de cette sorte d'agacement dont je parle, ce n'est pas de ce choc là dont j'ai besoin.
Chaque matin, j'ai besoin d'une lueur. Pour parvenir à satisfaire ce besoin, il me faut être attentif. Je scrute l'indicible, l'invisible, l'instable, l'inutile, l'irrésolu et le peu de poussière d'avant qui reste sur ma table de travail. C'est de cela dont j'ai besoin, le peu qui me fera saisissement. Perdre mon souffle pour le retrouver. L'image est osée en ces temps, j'en conviens.
Je parlais d'émerveillement, comme d'autres béats, naïfs comme moi qui n'en finissent pas de s'étonner devant la beauté et la complexité du monde. Voilà ! C'est donc cette capacité à s'émerveiller encore à chaque réveil qui me pousse à chercher le choc quand mes yeux s'ouvrent au matin. Elle s'amenuise devant l'absurdité de nos présents. Je dois gratter, aller au surplus des choses dans mon environnement. Me sonder profondément, jusqu'à l'éclair. Cela devient un rituel. Nous avons besoin de rituels, je sais ou alors peut-être ou pourquoi pas. Mais ce rituel que je m'invente pour sortir de la laideur de nos situations, cette messe qui s’impose, me demande un effort. Si la lumière vient, c'est après un travail. Je n'avais jamais eu besoin de travailler pour m'éblouir, c'était, je pensais, chose naturelle.
Chaque matin, donc, je travaille une lueur jusqu'à l'excès.
Ce matin, au jardin dans mes ruminations coupables, un oiseau s'est posé tout à côté de moi. J'ai saisi l'occasion.

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