Le feu a pris son oxygène. Ça réchauffe les sourires ou ça éclot. Un petit rien, une allumette et puis la danse. Le jour est là. Dans son fauteuil comme en vacances. Je ferai le bois et la taille, j'occuperai mes mains. Dormir, le corps, c'est quelquefois. Attendre sans attendre, puisque le repos, aussi, prendra son oxygène.
Le temps aura son dû.
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Je dormais et puis ne dormais pas. Je lisais dans le désordre. Le besoin de mes os de se remettre en place. J'ai quitté la nocturne chaleur. Le nu des pieds sur le carrelage froid. Les lèvres au café noir. S'excuser à l'aube d'avoir un peu traîné. Que me dira le jour ? Le lien du sec sur la rivière, la pluie soudaine sur le feu. D'ailleurs il reste à agencer les bûches.
Penser le secret du secret.
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Et puis le feu, aussi, a fait sa part. Belle comme femme, la flamme qui ramène le flot des "choses calmes". Le froid, vous savez, le froid n'est rien. Une respiration posée le renvoie à son but, donner sa puissance à la braise.
Ainsi, les mots, le jour qui attend l'aube.
Et quelques fariboles.
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Très chaud, le café. Le vent fier de sa force. Le feu comme fleuve rouge et sa musique (tiraillé par le souffle du tirage - encore le vent, le responsable -). Toujours pas copain de l'horloge, le flou. Ce sont "petites choses" empilées au sommet du matin.
J'ai vidé les cendres. Je sais où. Dispersées sur la terre.
Nourrir, il faut cela.
Et les souvenirs.
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Voilà le coq. Lui fait la pige, réveillé avant lui. Et mon chant silencieux. Ne pas jeter la pierre à ceux qui dorment encore. Ces yeux fermés de nuit, pas leur faute si les non-dit du lit. En tout cas, je regarde ce bref lever du monde qui prend quand même son temps. Si l'aube est un défit, j'en suis souvent les traces sans faire buter mon pas sur des miettes d'étoiles.
Il n'a crié qu'une fois. Il a vu la lumière au jour de ma fenêtre pour lui clouer son bec.
Il est vexé, le coq.
Là, alors des chants d'oiseaux sauvages et qui ne veulent rien.
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Le feu. Il attendait patiemment dans un petit reste de braises que les cendres couvaient. Pour le chat, pour mes doigts, pour mes nerfs, pour ma peau sous les habits du froid.
Le feu. Il présente sa face, maintenant, à ceux qui l'attendaient (avec des flammes vives). Un sourire orangé au petit matin blême. Il couvre un peu le bruit de la crasse hypocrite qui gangrène le monde.
Et merci aux "poètes". Aux vivants, devrais-je dire.
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Que j'écrive les Cévennes avec des vrais morceaux de fruits d'êtres dedans. Le jour est là et pas le chat qui doit traîner sa traîne. J'ai vu des soifs passer. Aussi à boire et à manger. Mais l'inutile a des raisons de nous paraître utile. Et que le mot, substance ou pas, remplisse le panier.
Tiens ! Le voilà qui miaule. Il arrive avec le frais.
La route est encore sèche. Je vois de hauts chemins.
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En revenant. L'homme adossé à sa porte cochère. Âgé. Le regard clair, amusé. Devant chez lui, la route. Les voitures passantes. Un rien de soleil au visage. Ô, ce petit sourire ! Voir les mots de son silence : " - Où allez-vous, vous tous qui passez ? "
Un chat, bien posé à ses pieds, avec le même sourire.
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Le retour sans surprise. La nuit. Phares jaunes, phares blancs. Quelques chevreuils, toujours au même endroit (c'est pas vrai). L'avantage de la nuit, ne pas voir les fatigues des visages derrière les volants. Nuls ne volent. Abasourdis, inquiets dans le jour, les autres, quand, moi crédule, j'esquisse le sourire du voyageur confiant. Un écureuil écrasé, aussi, quand ? Nous sommes motorisés et rapides (le nombre de fois où j'ai failli me foutre en l'air pour une petite bestiole). Était-il là hier, l'écureuil ? J'ai coupé le contact.
Le chat évidemment : " - C'est pas trop tôt ! "