comme dans les bronches du petit matin clair
comme ne pas voir qu'il n'y a rien "avoir"
comme écrire au silence invisible des sens
comme le sexe des paroles envolées
comme l'attente qui s'en va faire sa vie seul
comme la fumée qui cherche qu'on l'éteigne
comme les têtes aux cravates défaites
comme un sein dans la nuit de l'éclair
comme la main sur la fourrure du chat
comme le sommeil qui se réveille las
comme l'obligé travail qui alterne l'envie
comme ce chant qui reste au travers de la gorge
comme l'horizon de l'amitié qui trompe un peu son monde
comme de rien
comme du tout
comme l'onde va et sans se propager
comme le miroir de l'autre qui ne reflète rien
comme les enfants qui accompagnent les chiens
comme soudain
comme ainsi
comme nous allons dans l'immobile clarté
comme renard balafré
comme l'obsédante nudité parfaite
comme l'aube souvent
comme le café s'il n'y en a plus
comme je sais qu'elle se lève
comme les lèvres fendues
comme le journaliste sur le barreau de l'échelle déclassée
comme tombent les étoiles
comme naissent les néants
comme nous faisons la guerre
comme la paix démise
comme mes notes éparses et le grand feu qui veille
comme un sourire pour la photographie
comme l'orage belle môme
comme oublier de prendre son médecin pour un autre
comme les plaies internes
comme Alep à sauver
comme le jeu sur la table
comme vaines déveines
comme les victoires perdues
comme le temps qui rode bien au delà des dunes
comme le soleil éloigné de la lune
comme le sang
comme le muscle
comme éternel retour nous dit le philosophe
comme de l'herbe à manger sans déranger la bête
comme encore la peau encore et peu
comme le facteur qui n'est jamais passé
comme ton cul ma rose
comme l'eau froide sur la terre et les bourrasques d'avril
comme du linge qui sèche sur le fil de l'été
comme l'absolue nécessité d'être là
comme un bâillement de triomphe
comme l'aile du papillon à l'autre bout du couloir
comme les hommes d'à côté
comme les mioches dans la cour
comme les lettres non postées
comme une tasse vide
comme l'absence inévitable
comme ce qui est souple et simple
comme le miel
comme littérature bafouée flouée
comme la voix éteinte des canons
comme j'écris en cet instant
comme demain
comme tes yeux sur un tableau du Caravage
comme le lait de l'alcool
comme une tête sur des épaules inconnues
comme corps après les emplettes de l'amour
comme la douce violence du blues sur la guitare cassée
comme le dessin qui s'achève avant les aquarelles
comme des accords désunis
comme je t'ai dit "viens"
comme la fatigue des soldats
comme le cendrier plein
comme en prison le photographe
comme le livre mangé
comme ce qui reste des cendres
comme la tristesse d'un sommet
comme la joie des retrouvailles
comme les mains qui échangent un peu de nourriture
comme les rires de l'espace
comme si de rien n'était
comme le premier jour
comme la présence du doute
comme l'insulte cinglante
comme une caresse qui débute sans demande
comme ta folie bergère
comme un mat démonté au centre de la mer
comme rat et comme aigle
comme je ne t'ai jamais cherché
comme flamme soumise au bûcher
comme l'incident repassé sous licence
comme arbre
comme feuille
comme la page détournée
comme au gré du vent les ailes des habitudes
comme tous les mensonges dont nous devons nous fendre
comme l'écharpe
comme le rouge
comme le noir
comme le poète tué
comme celui qui viendra
comme la pluie messagère sur un soir incertain
comme reprendre au début
comme adouber jouir
comme la faim dans un garde-manger vide
comme qui comme quoi
comme tu as vu le regard embué devant gens de pouvoir
comme les doux mots dans l'obscur
comme en finir
comme femme détachée
comme l'esprit de la lutte fidèle
comme la phrase et le point
comme comme du désir
du désir
du désir