La pluie, qui vit en se cachant dans les souterrains du ciel, lave, quand elle surgit dans l'air opaque des réveils lourds, la peine déposée sur le corps des hommes. Elle a ce pouvoir là sur les nerfs terrestres. Si ceux qui sont perdus se mettent nus sous elle, elle active son flot. Offre ta peau, alors, petit être risible, et constate l'effet. Les habits souillés de tes vieilles croyances, ceux que tu jettes à tes pieds sous l'injonction mystérieuse d'une voix inconnue, ne te conviennent plus. Lève la tête et bois l'eau salvatrice. Regarde sur ta peau les dernières traces des poussières du temps disparaître sous cette jeunesse aqueuse qui te glisse dessus.
Et sens la chaleur du froid revigorer le sang. Déjà tu n'as plus peur.
Même si, quand on le chante, le poème n'a pas tant de pouvoir, il nous verse un peu d'eau sur nos sèches pensées.