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Billet de blog 3 juin 2017

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PRESSE QUI ROULE N'EST PAS COOL

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A l'occasion de ces interminables élections primaires puis presidentielles,  j'ai pris quelques notes critiques sur le fonctionnement mediatique que je m'empresse de partager avec vous.

Le rapport aux médias 

- D'abord dire que lorsque l'on développe une réflexion critique du fonctionnement médiatique, ce qui est bien la moindre des choses en démocratie, il faut s'attendre à recevoir de la part des journalistes et /ou patrons de presse, un déluge de lieux communs de type defensif destinés à vous faire passer pour un complotiste, un phobique de la communication, ou un abonné de ''c'est la faute aux médias''. De nouvelles réalités viennent encore renforcer et servir cette forteresse inattaquable; la désinformation permise par les réseaux sociaux ainsi que la possibilité de transformer la réalité historique voire d'inventer une histoire nouvelle. Il est évident que tout citoyen tant soit peu responsable et éclairé ne peut que  condamner ces perversités nouvelles qui ajoutent encore au trouble.

Mais pour autant peut-on priver le champ médiatique de toute interpellation, de toute remise en cause ?

Je ne le pense pas et ceci d'autant plus qu'une crise de confiance sans précédent s'est installée entre les journalistes et la population.

Cette crise ne procède  pas de l'immédiateté mais d'une lente construction( plusieurs décennies ) qui apparait en pleine lumière à l'occasion de ces présidentielles.

Etudier la logique des medias implique de prendre du recul, prendre une distance qui permet l'analyse au sens Bourdieusien du terme.La première chose qui frappe depuis plusieurs décennies est l'absence voire l'impossibilité pour le monde médiatique de présenter au lecteur, auditeur, téléspectateur ne serait-ce qu' un début d' autocritique assumée de son fonctionnement.

A-t-on jamais vu une telle incapacité, un tel manque d'humilité pour évaluer des dysfonctionnements pourtant nombreux et graves: parti pris, acharnement accusatoire contre des personnes qui s'avèrent finalement innocentes, dramatisation de faits courants, informations insuffisamment travaillées pour faire le buz et céder au diktat de l'immédiateté ...absence de courage et d'engagement pour soutenir les lanceurs d'alerte par exemple...etc...etc..

Il n'échappe à personne aujourd'hui que l'économie des entreprises de presse au sens large est dépendante de financeurs qui entendent se servir des médias pour promouvoir sans partage l'économie de marché.

L'indépendance des salles de rédaction que certains osent encore mettre en avant est une vaste blague. Demandez à feu ''i télé ''. Il s'agit avec la multiplication des hauts parleurs sous influence de reduire le bastion ''gaulois'' qui dérange (avec sa protection sociale a typique, ses syndicats, son contrat social), le nouvel ordre économique mondial qui n'a que faire de l'humain, de l'environnement, de la culture.

Une autre fonction ideologique des médias asservis consiste à entretenir au quotidien un certain nombre de concepts à la signification erronée mais qui répétés des millions de fois finissent par atteindre leur cible.

Par exemple, dans les années 90, les partisans de la taxe Tobin etaient systématiquement qualifiés d'anti mondialiste. Plus récemment vouloir une autre europe  vaut également à celles et ceux qui expriment ce souhait le qualificatif bien lourd d'anti européens. Les Français n'ont jamais oublié l'incroyable partialité du monde médiatique en 2005 et la trahison du monde poltico-médiatique face au vote des Français. Une véritable forfaiture doublé d'un mépris pour la république cette derniere (on l'a bien compris depuis) gênant la finance toute puissante.

Une autre critique qui peut être adressée aux médias est l'incroyable arrogance développée à l'égard des candidats qualifiés de petits quant ils ne sont pas carrément moqués et/ou ridiculisés. Vive la république!!. A cela, il faut ajouter et c'est très grave l'immense responsabilité qu'ils portent dans la montée du front national. Ces'' pères la morale'', très urbains, très parisiens dès qu'il y a une caméra se font fort de condamner  le FN et pire ses électeurs. Ce manque d'objectivité dans le traitement s'est avéré au fil des années très contre productif encourageant la tendance naturelle à  la victimisation du FN; et ceci d'autant plus que dans le même temps ces ''grands journalistes'' se sont avérés incapables de questionner convenablement ce parti d'extrême droite sur les contradictions et les invraisemblances de son programme, ce qui en soit est un comble et même une sorte d'exploit à montrer dans tous les centres de formation du métier. Ces médias qui n'ont que le mot populisme à la bouche ignorent, méconnaissent, ne connaissent pas le peuple.

Par contre pour inventer et populariser de nouvelles catégories dans le champ politique, là ils savent faire.

Sous l'injonction  de Nicolas Berlusconi, ils n'ont pas hésité par exemple à faire passer la gauche de Mélanchon à l'extrême gauche; pire encore à etablir des parallèles entre Mélanchon et Marine Le Pen. Peut-on imaginer pire abjection!!!

C'est pourquoi j'invite toutes celles et tous ceux qui y sont sensibles à porter un regard critique sur le fonctionnement  des médias et si possible à s'en détacher progressivement. Mieux vaut lire Edgar Morin, Rosanvallon, Marcel Gauchet ou même Ionesco, Shakespeare, Beckett. ..là au moins on est sûr de toujours apprendre quelque chose. Ce sont des auteurs éminemment politique et qui de plus font preuve de pédagogie.

Jean Jacques Vaudé 

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