PERSONNE
….Après qu’ils auront si vite massacrés la vie
La vie si lente
D’ autres auront regardé longtemps le temps se diluer
La mort jamais autant délectée
Terrible saveur de nos cerveaux défaits
L’ interminable dilatation du temps
Dévalerait jusqu’en bas
A la hauteur de la tuerie
Le présent boursouflé gonflé comme une bulle
Résonnerait réfracté
Dans ces regards de libellules emportées par le vent
Et les autres n’ oseraient faire quoi que ce soit
De peur que ça ne revienne
De peur
Tous englués de haine et de peur
Un cri
Commanderait pourtant le signal de la paix retrouvée
D’autres tueries fuseraient pour qu’ils deviennent vivants
Un cri
A faire reluire les ailes fatiguées du temps
Un seul cri
Restaurant l’antique ménagerie des mots
Rien serait présent lui-même en Personne
Arbitre aux ailes collées
Mais pour personne
Dans la volière du calendrier somnolent la mort serait redevenue normale
Pour un moment…
ENFANTS DE PERSONNE
Enfants du siècle traumatique
Nous restons comme agglomérés
Et l'oeil-pivot qui nous mâchouille,
Sur l’écran de nos nerfs obèses
Plante l' aveugle flèche
Fabrique de fripouille.
Insensibles au fer rouge
qui glace jusqu’aux flammes de l’espoir
Nous nous déguisons de nos ombres
Les mots nous ont quitté.
La tache coule sous le fard
Et revient comme une charogne,
Le Bien, le Mal s’entrevergognent
Sous le manteau de satiété.
Nous que le poids de lâcheté
Courbe vers nos pieds palmés
Nous avançons hallu-cinés
Allons-nous nous devenir blatte
Ou cafard?
Sous taire nous mouvoir?
Issus du gouffre, héritiers de la faille,
Devant la nouveauté sans visage
Nous regardons sans plus les voir
Les fantômes de nos vestiges,
Témoins sans parole, même de désespoir.
Eux nous regardent en miroir
Bien au-delà du trou légué,
D’un frissonnant souffle d’haleine.
Seul le Silence les habille,
Lui qui jamais rien n’interprète.
Les précipices que nous côtoyons sont bien gardés.
S’envoler
Loin d’eux
En bandes rieuses
Jean-Louis Brunati