La Nature a des pouvoirs incroyables pour fertiliser la terre.
Nous avons des alliés sous nos pieds et parfois nous ne les voyons pas. Des êtres minuscules travaillent pour nous. Des champignons à peine visibles communiquent à l'aide d'hormone pour aider les arbres fruitiers ou les plantes cultivées. Des plantes s'associent et s'entraident. Petit panorama :
Le ver de terre : un caca en or
- Nous savons qu'il enrichit la surface du sol en nutriments remontés des profondeurs dans des tortillons. Ces déjections contiennent 7 fois plus de phosphore, 11 fois plus de potassium, 3 fois plus de magnésium, 2 fois plus de calcium, 47% des fixateurs d'azote du sol : un caca en or !
- Ce n'est pas tout, c'est un bon petit laboureur qui assouplit la terre. En effet, il peut déplacer une quantité de terre égale à une fois et demi la masse de son corps en un jour. S'il y a 25 ver de terre par mètre carré, sur un hectare, ils fertilisent et brassent jusqu'à 400 ou 600 tonnes de terre par an. Un labourage gratuit, un engrais gratuit !
- Encore mieux, sur un hectare les vers de terre creusent des kilomètres de galeries qui assurent la porosité et l'infiltration de l'eau. Ils facilitent la circulation de l'air et favorisent les micro-organismes. Ils aident la progression des racines de arbres. En fin de compte le "Ver-de-Terre" est un précieux petit auxiliaire. Il n'aime pas qu'on le coupe en deux; ça ne fait pas deux vers contrairement à la légende. Christophe Gatineau explique mieux que moi le rôle du Ver-de-Terre dans son livre plein d'humour "L'éloge du Ver de Terre".
Des fourmis peuvent être "utiles" !
- Elles aèrent la terre en creusant des galeries, dispersent les graines, ameublissent le sol. Plus intéressant, des scientifiques ont découvert l'utilité prodigieuse des fourmis pour régénérer une terre polluée par des hydrocarbures après un accident d'un oléoduc comme le montre l'étude intitulée : "Le rôle des fourmis en tant qu'ingénieur écologique" (1)
- Cela dit, Les fourmis ne sont pas toujours formidables. Surtout quant elles entrent dans les maisons pour manger notre sucre. Elles entretiennent les pucerons, les élèvent, les déplacent quand ils sont coincés, lèchent leur miellat. Les pucerons abiment les jeunes pousses et affaiblissent les plantes. Il faut un bon coup de ballai, un barrage de glu, une douche de lécithine avec le renfort des prédateurs (scolopendre, pic vert).
Et beaucoup d'autres....
Des champignons sont amis et alliés des plantes. Certains sont parasites mais la majorité sont utiles et bons à manger. Les Hyphes, (racines des champignons mycorhiziens) entourent l'extrémité des racines et améliorent l'accès à l'eau et aux élément nutritifs essentiels. Les végétaux échangent leurs besoins (sucres, protéines, eau, potassium, phosphates) ; ils font du troc ! Les bactéries pullulent dans le sol. Certaines sont néfastes mais presque toutes ont bénéfiques en particulier pour la fixation de l'azote et la décomposition des matières organiques rejetées par les plantes. Elles recyclent mieux que nous. Il doit y avoir beaucoup d'autres amis que nous ne connaissons pas. Les scientifiques pensent que sur 3000 nématodes (2) connus il en existent certainement dix fois plus. Beaucoup d'organismes utiles sont inconnus. Pourquoi? Les scientifiques sont capables de les étudier mais nous leur donnons pas le temps. nous sommes trop pressé, avides de profits sonnants et trébuchants. Ils n'ont pas besoin de pognon de dingues ; ils se débrouillent à près tout, c'est leur passion. Ils auront une médaille et c'est largement assez Certaines plantes s'associent. des herbes qui poussent toutes seules sont bénéfiques pour l'agriculture (l'inule visqueuse, la bourrache, l'ortie, etc). encore faut-il savoir lesquelles. Ce n'est pas simple, il faut apprendre, il faut du temps.
Les pesticides perturbent tout le vivant
Les pesticides ne détruisent pas que les nuisibles qui (en principe) sont leurs cibles. Ils perturbent nos petits amis : "Ver-de-Terres", coccinelles, perce-oreilles (3), gendarmes, syrphes, hérissons, oiseaux, etc. c'est ce petit monde de lilliputiens qui fertilise la terre. Nous pulvérisons généreusement insecticides, fongicides, herbicides pour "soigner" les plantes sans savoir ce qui se passe dans le sol. Les fabricants de pesticides s'en moquent. Depuis le début les biologistes dénoncent les dangers. mais les insectes disparaissent : 80 % de la masse des insectes en moins en 30 ans (4). Que deviennent les insectivores? bilan (provisoire...) : aujourd'hui 83 % des sols agricoles européens contiennent des résidus de pesticides. En 2018, le rapport de l'IPBES sur la dégradation des sols indiquait que les rendements avaient diminué de 10 % en moyenne. Et en 2050 dans le monde "les sols auront perdu en moyenne 50 % de leur fertilité d'après Hélène Soubelet directrice de la Fondation sur la Biodiversité.
Je termine par un extrait de la revue "L'Age de Faire" N° 161
:
"L'agriculture sans pesticides c'est un ensemble de techniques susceptibles d'augmenter la fertilité d'un sol agricole de façon durable. Il s'agit d'éviter la dégradation biologique, chimique et physique des sols inhérente à l'agriculture intensive sur le long terme. C'est une agronomie qui s'appuie sur la connaissance des auxiliaires de culture - comme les insectes - de leurs rythmes, de la dynamique des sols, de leur diversité, autrement dit, sur la biologie".
NOTES :
(1) Dans la plaine de la Crau, dans les Bouches du Rhône, l'action des fourmis a pu rétablir la bio diversité d'un écosystème dégradé par la rupture d'un oléoduc au cœur d'une réserve naturelle. "L'étude montre que ces invertébrés accélèrent la résilience des communautés végétales... " "... sur une période de 5 à 10 ans, la fourmi a en effet amélioré la fertilité des sols, assuré le transport, la redistribution et le stockage de graines et aussi augmenté de manière significative la biomasse végétale à coté de ses nids". https://blogs.mediapart.fr/jm-siffre/blog/140321/agriculture-sans-pesticides-possible-ou-impossible
(2) Nématodes très petits vers : ils représentent une part très importante de la diversité biologique sur terre et constituent, en nombre d'individus, les 4/5 du règne animal.
(3) Le perce-oreille ou forficule, bien que peu populaire, est en fait un précieux allié du jardinier car il se nourrit de petits insectes ravageurs comme les pucerons. il nettoie également le sol en consomment les débrits végétaux et constitue une proie pour les oiseaux. il est parfaitement inoffensif. voir les "Jardins de Noé" ( Jardinsdenoe.org)
(4) Stéphane Foucart (Le monde 2017 d'après l'article paru dans la revue Plos One)
commentaire personnel:
Tout ces petits êtres vivent sous terre sans nous l'avoir demandé. Ce monde de minuscules, c'est la base de la biodiversité. Au dessus il y a les plantes et les animaux de toutes sortes de plus en plus grands y compris les hommes parfois inconscients, en tout cas, pas toujours les plus intelligents. Si la base se dégrade tout ce qui est au dessus risque gros. Le monde des micro-organismes du sol je ne l'ai pas découvert. Il y a longtemps les biologistes le savaient et dés le début de l'aire "moderne" des phytosanitaires et des engrais ils percevaient déjà les risques. Albert Howard et beaucoup d'autres disaient STOP aux produits chimiques dans la terre. La seule chose qu'il faut faire c'est préserver l'humus. Ce qui est advenu ..c'est que les gouvernements et les profiteurs ont fait le contraire. Maintenant que l'on sait, arrêtons les frais. Je ne suis pas particulièrement spécialiste J'ai voulu lire pour m'informer et j'ai vérifier au tant que possible en remontant aux sources ce que tout le monde peut faire.
