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Billet de blog 2 novembre 2009

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Ecolonomie

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

ECOLONOMIE est une proposition pour une révolution Qualitative de nos systèmes de gouvernement

Je ne suis ni un scientifique, ni un politique, ni un militant, mais un citoyen lambda, comme vous.

Je vis, j’entends, je vois, parfois même j’observe.

Et ce que je vois, entends ou vis me surprend souvent et me révolte parfois. Je me demande pourquoi est-ce comme cela ? Et pourquoi cela ne serait-il pas autrement ?

J’ai parfois l’impression que nous marchons sur la tête et que nous devons, pour échapper aux crises que nous subissons et aux menaces qui pèsent sur notre planète, revoir les fondements même du système dans lequel nous vivons.

C’est à cette réflexion, spontanée et parfois véhémente dans ses constats, que je vous invite. Elle m’a amené à formuler la proposition d’un monde plus Qualitatif dont l’aboutissement sera l’avènement d’une « écolonomie » plus respectueuse des autres et de la planète.

Je vous proposerai un nouveau chapitre chaque semaine.

1 – Le nouveau siècle

L’histoire n’a pas de calendrier. Elle s’y inscrit et marque le temps de ses rythmes. Pour moi, le troisième millénaire a commencé le 11 septembre 2001.

Ce jour là, tout le monde s’en souvient, deux tours, symboles de la puissance du capitalisme libéral, abritées par la démocratie la plus forte, s’effondraient sous les coups de quelques dizaines d’extrémistes déterminés.

Le monde consterné découvrait la vulnérabilité et la mort à notre porte, des faiblesses insoupçonnés , des rapports de forces nouveaux, l’intrusion de la technologie, la manipulation des médias, la menace de tout un édifice de certitudes et d’idées reçues, répétées, ressassées, usées.

Tout pouvait donc être ébranlé. Le Doute s’est installé avec le 21ème siècle.

Certains ont conclu qu’il fallait partir en guerre contre les extrémistes et ont même imaginé un « axe du mal » comme aux pires heures de l’inquisition.

Certains ont pensé que lancer à travers le monde la dynamique, forcément vertueuse, de la démocratie à l’occidentale permettrait de créer un tsunami politico-économique qui balayerait toute contestation.

À certains, la mémoire est revenue que nos dangereuses faiblesses (et celles de notre planète domicile) avaient déjà été exprimées mais pas réglées.

La plupart se sont dispensés de toute véritable réaction, laissant aux médias le soin de combler leur vide.

Quelques uns, enfin, ont commencé à exprimer des réflexions jusque là jugées iconoclastes.

Parmi ces réflexions iconoclastes ou simplement dérangeantes, le rappel de plus en plus fort de la dégradation de l’état de la planète, de l’épuisement des ressources, des difficultés de la jeunesse, de l’augmentation de la pollution des eaux, de l’air et du sol, des excès de la prééminence du financier, de la concentration des pouvoirs, de la faillite des éthiques, de la persistance de la misère, de la disparition des espèces, de l’isolement des gens, de la fonte des glaciers….

Nous savons que notre modèle de croissance infinie dans un monde fini est impossible.

Et pourtant, ceux qui dirigent et profitent de la croissance plus que les autres, regardent ailleurs et gouvernent la continuité.

Et pourtant, nous savons que les changement sont urgents et indispensables et qu’il faut une génération au moins pour que ces changements produisent leurs effets.

Le silence des dirigeants de la planète est assourdissant. Leurs actes sont lilliputiens à coté de leurs déclarations. Leur incapacité à s’extraire de l’horizon électoral leur interdit de regarder la réalité des catastrophes annoncées. Leur obsession à contrôler toutes les décisions les prive tout simplement du temps de réfléchir.

Nous avons trop souvent l’impression, trop souvent exacte, que nous sommes dirigés par des ambitieux, par une bande de copains et de coquins, par des clones d’un modèle unique, ou même, des individus compétents mais ligotés.

Les politiques ne se rendent pas compte de l’exaspération des « gens d’en bas ». D’ailleurs, quelle horrible appellation pour vous et moi que celle de « gens d’en bas ». Est-ce que vous vous sentez vraiment aussi inférieur que ce que rapportent les « gens d’en haut » ? Qu’est-ce qui justifie qu’ils se placent ‘en haut’ et nous situent ‘en bas’ ?

Qu’importe, la rue est en bas et, pour cela, elle est en avance sur les politiques en matière de perception des tendances, des aspirations ou des besoins. C’est donc à ‘ceux d’en bas’ à vous et moi de montrer la voie des changements nécessaires et, un jour, de les imposer.

Quels changements ?

Il s’agit certainement de changements bien plus fondamentaux que la modification du taux de base bancaire ou du niveau du SMIC. A trop parler de crise, toutes les énergies se mobilisent sur la ‘sortie de crise’ …en attendant la prochaine. Et pendant ce temps, les raisons structurelles du déséquilibre de notre monde ne sont même pas considérées.

Nos médias -comme la publicité- vantent l’angoisse pour mieux vendre leurs ‘produits-solutions’. Alors ils déclinent le mot ‘crise’ pour offrir en guise de lessive pour taches récalcitrantes une plateforme aux élites qui vont pouvoir nous sauver…en rustinant le système qu’ils perpétuent et qui a déjà montré ses limites, ses aberrations, ses injustices et ses dangers.

Maintenant les projecteurs seront tournés vers la ‘sortie de crise’ pour que chacun oublie ce qu’elle avait à nous apprendre et oublie que le changement est nécessaire.

Évidemment la tentation est grande d’appeler à la Révolte, au Devoir de Désobéissance, à la Contestation Permanente, à la Ridiculisation des Pouvoirs, mais à quoi bon lorsque l’on sait d’avance que ces solutions ne pourront pas résoudre un problème qui dépasse largement la sphère politique.

Nous revenons donc à notre point de départ. Celui du constat de base de la nécessité d’un changement profond et tenter de le définir pour qu’il puisse se diffuser.

(Photo : T) Photo du sommet de Londres

Allemagne, Afrique du sud, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Russie, Turquie, Union Européenne.

Voilà donc les dirigeants de la planète. Ceux qui sont sensés nous guider. Ceux qui ont accès à tous les moyens. Ceux qui peuvent déterminer notre avenir.

Les voilà qui posent sous leur bannière. Et que lit on sur cette bannière ?

Le slogan du G20 de Londres :

« STABILITÉ- CROISSANCE- EMPLOI »

Le premier terme « stabilité » selon le dictionnaire Petit Robert est le « caractère de ce qui tend à rester dans le même état ». Bref, c’est le désir que rien ne change, que le système actuel perdure dans son immuable stabilité. C’est l’aveu du maintien militant et conservateur du système en place avec ses acquis et ses défauts. « Stabilité » renvoie à la perpétuation d’un système dont la logique est d’augmenter sans arrêt les profits de quelques uns, en créant un maximum de besoins orientés vers un maximum de produits et services, qui tournent de plus en plus vite, au mépris des conséquences sur l’environnement et la satisfaction réelle des peuples.

Le divorce entre le quantitatif et le Qualitatif aboutit à une logique suicidaire qui repose sur l’adhésion de la majorité au principe admis de la vertu du couple ‘production-consommation’ comme modèle de société.

Puis, cette mise en exergue de la « croissance » est aussi suspecte car, qui nous dit qu’elle représente la chose la plus désirable au monde, alors que la répartition de ses bienfaits est très loin d’être équitable et que ses conséquences sont dévastatrices pour la planète.

Le mythe de la croissance a prouvé qu’il ne pouvait être prolongé linéairement à l’infini. Il a aussi prouvé qu’il ne diminuait pas les inégalités ou les injustices, il ne fait que déplacer le seuil de pauvreté sans se pencher sur la vraie misère.

Sachant que la croissance, réalisée par l’invention constante de nouveaux besoins, détruit très structurellement notre environnement naturel et humain, est-il vraiment raisonnable de continuer obstinément dans cette logique purement quantitative ?

Lorsque la croissance devient plus destructrice que productrice, notre idéal ne peut plus être la croissance au sens purement capitaliste du terme.

Seule l’émergence de nouvelles valeurs immatérielles permettra de diminuer la croissance matérielle sans créer un « trou d’air » pour l’ensemble des économies.

Et enfin, le troisième thème de ce G20 : « l’emploi », c'est-à-dire l’attachement au système ‘production-consommation’ qui a besoin des masses, à la fois pour fabriquer et pour consommer, et qui, pour cela, asservit le plus grand nombre à un plein emploi afin que chacun puisse acheter toujours plus …et, ce faisant, enrichir ceux qui veulent perpétuer le modèle économique malgré les alertes, les frustrations et les révoltes.

Comment osent-ils poser si fièrement sous un slogan dont ils ne se rendent même pas compte à quel point il est dépassé alors que nous savons que la destruction de la planète reste liée à la dite croissance, et continue à un rythme mortel. Est-ce que l’un d’entre eux s’est posé la question du bien fondé de cet objectif conservateur et éculé ?

Quelle eut été la teneur de leurs préoccupations s’ils s’étaient réunis sous une bannière disant :

« ÉTHIQUE – INNOVATION – HARMONIE » ou « NOURRITURES – CULTURES – NATURES » ?

Il est temps de mettre violemment en cause et en question les dirigeants de la planète et les intérêts qu’ils défendent. L’instauration de la concertation à 20 est en soi une bonne chose, mais encore faut-il qu’elle s’attache aux vrais problèmes pour s’engager dans de vrais solutions.

Il est temps de déranger ceux qui restent ‘stables’ face à la destruction de la planète et remplacer ceux qui empêchent la réforme nécessaire de nos paradigmes.

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