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Billet de blog 7 décembre 2009

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ECOLONOMIE : Solitude et multitude

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Solitude et multitude

L’individu noyé dans le nombre est devenu solitaire et cherche son identité en s’agrégeant à une communauté, voire à plusieurs communautés ou « tribus ».

L’obsession française de l’Egalité ne fait que renforcer les clivages et les différences.

Parce que l’égalité totale n’existe pas, mais que la pression égalitaire demeure insistante, il n’y a qu’à travers la créa­tion de ‘mini-groupes d’égalités’ que l’individu peut être assuré de son identité et de son appartenance à une communauté. Ainsi chacun adhère à des regroupements, des clubs, des bandes, des races. Ces groupes (de pression ou communautaires) permettent de recréer des mini-sociétés cohérentes au niveau d’une communauté. Qui se ressemble s’assemble pour le fun ou le business, pour revendiquer ou pour casser, pour se distinguer ou pour s’affirmer. Les gens du même monde, de la même corporation, pratiquant le même loisir ou du même quartier s’assemblent pour affirmer leur identité propre ou pour défendre leurs intérêts... éventuellement contre les autres.

Ce besoin est d’autant plus vif et violent que cette multitude de communautés aux intérêts corporatistes ou contradictoires est très mal gérée par l’État centralisateur et égalitaire.

Du centre, il ne voit plus les spécificités locales et est incapable d’y répondre. Il a du mal à admettre la diversité et ne sait plus gérer l’assimilation des différences. Il est dès lors évident que l’absence de la primauté du Qualitatif empêche de décentraliser et de déléguer, même ce qui révèle du quotidien et de la proximité.

Ce handicap constitue un des principaux obstacles à la possibilité de résoudre l’intégration des différentes communautés et l’introduction d’un meilleur dialogue entre groupes.

Similairement, le manque global de liberté et d’imagina­tion engendré par l’obsession égalitaire interdit la mise en œuvre de solutions originales ou différentes de celles qui viennent de l’Élysée ou de l’Administration. Cette restric­tion j acobine est parfaitement stérile et stérilisante. En effet, comment offrir une solution à des problématiques multiples et différentes.

La force de certaines réactions populaires, échappant à toute organisation officielle et à tout contrôle, que ce soit dans certains quartiers ou certaines usines sont précisé­ment l’expression désespérée de groupes qui n’ont pas été vus, écoutés ou considérés par le centre, et auxquels aucune proposition adaptée n’a été faite.

Dès lors, les moyens d’action des groupes défavorisés ou simplement frustrés de considération, se doivent de devenir non-conventionnels pour indiquer l’originalité de la problématique. Les actions revendicatrices deviendront aussi non-conventionelles afin d’avoir un impact plus grand dans les médias et d’interdire aux pouvoirs ou à leurs ‘représentants’ d’utiliser une solution toute faite pour reprendre la main.

La montée des menaces écologiques verra probablement surgir des révoltes spontanées menées par des groupes informels réunis par l’urgence.

L’accroissement de la population et de la taille des communautés ne fera que crisper les rapports entre groupes rivaux si nos sociétés sont incapables d’offrir plus d’espace de vie. L’espace dont il est question ne saurait être matériel et quantitatif puisque les surfaces disponibles diminuent et renchérissent. Par contre l’espace Qualitatif peut et doit être élargi pour diminuer les zones de friction entre communautés et permettre l’épanouissement du dialogue entre groupes. C’est en prônant et en appliquant de nouvelles Valeurs que les problèmes issus du quantitatif pourront être résolus.

Ce qui transpire à travers la formation, rendue de plus en plus facile, de petits groupes, c’est le désir de reconnais­sance, le désir d’existence en marge du système dominant. Cette revendication de ">le quantitatif qui ne répond plus aux aspirations, ou bien, est tout simplement inaccessible.

La promotion du Qualitatif, quant à elle, permet d’apporter des satisfactions nouvelles qui compensent les frustrations matérielles. Ainsi les groupes communautaires pourront trouver de nouveaux territoires de convergence et entrer dans un nouveau rapport qui ne soit pas un rapport de force (entretenu par le Force Publique) en déplaçant les aspirations du quantitatif vers le Qualitatif et permettre d’évoluer de la divergence vers la convergence.

Le Qualitatif, à la différence du quantitatif, a pour princi­pale vertu d’être une denrée inépuisable que chacun peut cultiver librement et à sa guise.

L’émergence de groupes communautaires comme conséquence du tout quantitatif et rendue facile par les nouveaux médias pose un second défi au système en place et conduit à un divorce.

Grâce à l’Internet, chacun peut désormais librement, facilement, efficacement et gratuitement rejoindre un groupe. Le moyen donné à tout un chacun de pouvoir s’exprimer et d’être vu ou lu par sa communauté rend les systèmes de « représentation » de plus en plus obsolètes. La multiplication des communautés, permises par l’Inter­net, va en outre permettre l’émergence d’une véritable diversité d’opinions qui échappe aux partis, aux clivages sociaux et aux frontières, ainsi que la sortie de ‘la pensée unique’ qui n’est que celle des ‘représentants’ qui ont tous les mêmes ambitions et le même parcours pour accéder au poste de représentant. A terme c’est l’utilité, et donc la légitimité même des « représentants » qui pourraient être remis en cause.

Cependant, pour l’instant, ces nouvelles communautés, qui s’agrègent autour d’affinités ou de préoccupations communes, ne sont pas organisées autour d’une action politique au sens traditionnel du terme.

Les communautés fédérées par l’Internet ne s’inscrivent pas dans une organisation pyramidale classique, et les « leaders » sont plus la communauté elle-même qu’une personne en particulier, puisque chacun à son tour et à sa façon vient apporter sa contribution qui pendant quelques instants se trouve en tête des communications.

Ainsi le modèle de fonctionnement permis par l’Internet est sur le point de réviser les moyens d’influencer, voire, de faire de la politique.

Nous revenons plus près de la démocratie participative et réinventons ‘l’agora’, le ‘forum’.

Très vite, un nouveau stade de la démocratie deviendra possible. La représentation directe et instantanée fait partie des options qui sont désormais à notre portée. Le gouvernement des meilleurs peut alors exister.

Le 21ème siècle a les moyens technologiques d’accompagner la modification de l’ensemble de nos paradigmes, tant au niveau de nos objectifs, que de nos modes de vie, de travail et d’enseignement ou de nos systèmes de gouvernement.

Nous aurons enfin franchi un stade d’évolution politique et serons entré dans une nouvelle ère lorsque les propositions, demandes ou objections viendront aussi du peuple; que le gouvernement sera transformé en un « comité des sages» opérant de manière transparente et ayant pour but l’éva­luation et la détermination des priorités et des faisabilités; tandis que les administrations retrouveront leur vocation de mise en œuvre aux meilleurs coûts et efficacité.

L’émergence d’un contre-pouvoir guidé par la Qualité peut rendre l’initiative aux peuples, replacer le gouvernement en position d’arbitrer et conduire de vrais choix, et cantonner l’administration à son rôle d’efficacité.

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