Il est temps de déranger ceux qui restent ‘stables’ face à la destruction de la planète et remplacer ceux qui empêchent la réforme nécessaire de nos paradigmes.
2 - Vive la crise !
C’est sur les ruines que l’on reconstruit les nouveaux bâtiments. C’est en mettant le nez dans son caca que l’on éduque les chiens.
Vive la crise car elle va peut-être faire comprendre aux populations et aux dirigeants que quelque chose se passe, que quelque chose est passé, que quelque chose fait partie du passé et que nous voulons avoir un nouvel avenir.
Vive la crise qui nous remet en question. Ou plutôt, vive les crises car pour ma part, j’en compte plusieurs qui s’accumulent, se développent simultanément, traînent depuis plus ou moins longtemps, nous affectent de manière plus ou moins cruelle, nous menacent peut-être mortellement.
Parce que nous avons le moyen de détruire la planète militairement, économiquement ou écologiquement, nous pourrions rejoindre les Sumériens, les Aztèques, la Haute Egypte et les 30 civilisations qui ont déjà brillé et disparu sur notre planète. Pourquoi notre civilisation dite « occidentale » survivrait-elle alors qu’elle accumule danger sur erreur, injustice sur cupidité, inaction sur alerte.
Vive donc les crises qui nous obligent à arrêter de faire les singes se voilant les yeux, les oreilles et la bouche et nous obligent à nous poser quelques questions de base comme « où allons nous ? » ou « ne pourrions nous continuer mieux ? ».
La question est légitime lorsqu’il est possible d’identifier une crise économique, une crise financière, une crise morale, une crise écologique, une crise sociale, une crise des pouvoirs.
Notre civilisation est malade. Elle peut encore continuer cahin-caha, faite de rustinages, mais elle n’enthousiasme plus, ne fait plus rêver. C’est une vieille laie bréhaigne qui n’a plus qu’une seule ambition : survivre le plus longtemps possible… et « après moi le déluge ».
Cette attitude fataliste et passive, qui consiste à refuser de s’attaquer aux fondements des problèmes de notre « terre-patrie », est même devenu un sigle : B.A.U. (Business As Usual), c'est-à-dire l’expression de la volonté de continuer comme si de rien était.
Les crises sont pourtant là comme des poussées de fièvre pour nous rappeler que nous devons réformer un certain nombre de choses fondamentales pour que notre civilisation puisse devenir plus saine.
Vive la crise qui fait tomber les masques avec la faillite de certaines entreprises emblématiques comme Lehman Brothers ou General Motors, et révèle la construction dangereuse, voire viciée ou aveugle sur laquelle une partie de l’économie est construite.
Vive la crise qui ouvre la boite de Pandore et laisse échapper de nouvelles préoccupations qui se nomment nature, solidarité, planète, éthique, pollution, santé, faim, énergie, équité, liberté, harmonie, civilisations…
Vive la crise qui nous oblige à un sursaut !
Il nous faut exprimer et revendiquer de nouvelles valeurs ici et maintenant.
Il est nécessaire que le 21ème siècle invente une croissance propre, respectueuse de la nature et des hommes.
Pour cela il faut aussi dénoncer les pollueurs et les tricheurs avec véhémence. Ne plus permettre que les intérêts égoïstes et colossaux qu’ils défendent ne viennent fausser la justice, l’équité et le bon sens.
Il faut redonner un nouveau contenu et un nouvel objectif à notre croissance.
Il faut que cette urgence devienne l’objectif et le mot d’ordre de toute une génération, celle qui dès aujourd’hui, doit revendiquer le changement.
Qu’on le veuille ou non, nous allons vers la mondialisation des économies, c'est-à-dire vers leur interdépendance croissante accompagnée d’une relative spécialisation géographique. Dans cette re-distribution de de la hiérarchie des régions selon ce qu’elles ont à offrir et leur aptitude à l’auto suffisance, nous sommes à une croisée des chemins.
Comment s’en sortira l’Occident, et surtout la ‘vieille Europe’ si elle ne retrouve pas la seule vraie voie du progrès qui est celle qui passe par l’imagination ? Et d’abord l’imagination de proposer un nouveau système plus Qualitatif (et moins quantitatif) où l’utilité guide les choix et les découvertes.
Tous les domaines de nos sociétés, que ce soient les activités humaines, économiques ou scientifiques, ont besoin de trouver de trouver de nouveaux objectifs pour se renouveler et de nouvelles légitimités pour réussir.
Le développement de la part Qualitative des décisions et comportements humains semble être seul à même de guider une re-évolution durable.
3 – Être et Avoir
L’occident a mis des millénaires à maîtriser ses besoins primaires que sont le manger, l’habitat, le vêtement.
Puis l’occident a mis 500 ans à satisfaire des besoins secondaires et tertiaires comme la santé, la culture, les communications... (et encore, pas complètement puisque selon les chiffres d’Eurostat 46/2009, l’UE considère que 79 millions d’hommes souffrent de ‘privations matérielles’ actuellement en Europe dont 32 millions qui sont dans le dénuement).
La Révolution Industrielle, alimentée au charbon, au milieu du 19ème siècle est le point de départ de l’accélération de l’augmentation des productions, des populations et des pollutions.
Puis 50 ans ont suffit pour transformer la terre en « Village Planétaire » grâce à des avancées technologiques et scientifiques prodigieuses.
Cette accélération et amplification des moyens depuis le siècle des lumières est revêtue du beau slogan de « progrès », et consacre surtout la victoire du quantitatif comme valeur et comme mesure.
Notre mesure du bonheur s’appelle donc toujours PIB et ne tient compte ni du taux de chômage, ni du taux de pollution, ni de l’espérance de vie dans un pays.
Devant l’ensemble des crises qui nous cernent, le rétablissement du Qualitatif est devenu indispensable si nous voulons éviter une catastrophe économique, humaine et écologique majeure.
La mesure du seul quantitatif conduit à la récompense du seul quantitatif et dévalorise les actes non marchands.
Les aspirations comme les revendications de notre société sont faussées par la dictature du « toujours plus » qui a fini par s’imposer comme une évidence.
Et cette évidence devient revendication lorsqu’elle exige « toujours plus pour tout le monde » ou « toujours plus pour moi ! », alors que moins peut être plus et autrement peut être meilleur.
Ne ferions-nous pas mieux de réfléchir à nos priorités actuelles et définir les objectifs de demain ?
L’ensemble des économies dites ‘développées’ sont fondées sur la dynamique du couple ‘Production + Consommation’ et ont admis que ce couple ‘produire-consommer’ était le garant du progrès perpétuel.
Nous créons donc sans cesse de nouveaux besoins en y ajoutant des critères hiérarchisant comme la rapidité pour la mobilité, la variété pour la nourriture, la superposition pour les communications, l’évidence pour la santé, l’abondance pour les loisirs, etc. Et tout cela à une vitesse accélérée et sans jamais se poser la question de l’utilité ou des conséquences de ces « progrès » car nos élites, la mode, la publicité, l’école et les médias sont d’accord pour nous dire que nous devons adhérer et consommer.
Ceux qui peuvent consommer tout de tout font partie des élites. Ceux qui ne peuvent pas tout consommer sont frustrés et déconsidérés. Ainsi les « gens d’en bas » conditionnés par le système, auront comme principale revendication d’accéder à plus de consommation.
Les partis se déterminent par rapport aux moyens d’y parvenir. Aucun ne questionne notre société de consommation elle-même, ni ses conséquences désastreuses.
L’Avoir est l’ambition dominante, mais cette ambition aide-t’elle au bonheur de l’humanité ou bien est-elle la clé de sa faillite ?
En réalité, il ne faut pas poser la question en terme d’alternative car, même si l’Avoir a pris le dessus sur l’Être, c’est en terme d’équilibre que nous devons penser et agir.
Les partis politiques dominants se déterminent essentiellement par rapport au système économico-politique actuel pour vouloir le soutenir ou l’infléchir, mais jamais pour le contester. Nos révolutions politiques ne semblent jamais vouloir changer le système, mais seulement en changer les titulaires.
Les partis dits ‘d’opposition’, ne s’opposent qu’au parti en place ; leurs discours ne contiennent ni rêve ni projet novateur ; leurs réflexions sont tournées vers le passé et non vers l’avenir car elles sont dans la contestation et non dans la proposition.
La France, pas plus que le reste de l’Europe, n’a su faire émerger de véritable contre-pouvoir. Pourtant c’est bien de l’avenir de notre bien être et de notre civilisation dont il est question.
Nous avons déjà dépassé le problème de la répartition des richesses pour nous intéresser à la nature même des richesses et à la manière de les créer. Et c’est cette évolution de nos préoccupations qui offre le plus de chances d’inventer une plus saine répartition du bien-être.
La dictature du quantitatif impose des mesures et des choix inadéquats pour l’avenir. La mesure du seul quantitatif pervertit tous les aspects de la vie et ce, dès l’enfance. Les orientations, les aspirations et donc les revendications de nos sociétés sont faussées par les paradigmes qui gouvernent notre civilisation (Wikipedia : Un paradigme est une représentation du monde , une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie : matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée).
Il paraît dès lors évident que le rétablissement du Qualitatif dans notre société est l’ultime voie pour dépasser nos crises actuelles.