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Billet de blog 12 janvier 2010

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Ecolonomie : Jeunesse et jeunisme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Notre société cultive le jeunisme sans aider ses jeunes ! Ce constat plein de contradiction se voit dans le nombre de plans d’aides, de concours et récompenses réservées «aux mois de X ans », alors que dans la réalité le taux de chômage des jeunes est proche de 23% (contre une moyenne nationale d’environ 9%).

Une petite élite de jeunes reçoit des médailles, des prix, des honneurs, tandis que la grande majorité des jeunes se voit refuser l’accès au travail, sans parler évidemment, de l’accès aux rênes des entreprises et du pouvoir auquel les vieilles traditions s’accrochent. Le quota de boursiers ne change rien à la donne.

En réalité, nos élites économiques, politiques et intel­lectuelles passent leur temps à faire la charité à notre jeunesse sans jamais l’émanciper...au point que cette jeunesse semble enfermée dans un long purgatoire d’études théoriques, de chômage et de désoeuvrement. L’âge moyen des dirigeants (grandes et petites entreprises) en France est de 49 ans ( source : Mémoire de Isabelle Allemand, École Supérieure de Commerce de Dijon) alors qu’il est d’environ 39 ans en Chine ! Cette différence modifie totalement la dynamique de l’économie; dans un cas le regard est sur la position acquise et développe des stratégies de défense ; dans l’autre sur les positions à conquérir et la création.

Nos dirigeants devraient se souvenir que les récentes grandes entreprises ont pour noms Microsoft, Apple, Google, Skype, Facebook ou eBay. et ont toutes été créées par des jeunes parfois encore à l’université ou opérant d’un garage ou d’un local précaire animés d’abord et avant tout par la passion et l’imagination de l’irrévérencieuse jeunesse qui ose tout... et trouve des solutions.

Combien de nouvelles entreprises de dimension mondiale la France as t’elle créé au cours des 30 dernières années? Nos talents sont autres. Ils semblent plutôt être ceux de la gestion jacobine qui permet d’agréger et de faire croître des entités existantes. au détriment des créations de nouvelles PME qui sont la force réelle d’une économie.

L’économie Française ne semble pas aimer les nouveaux entrants. et les jeunes en font par essence partie.

Comment en sommes nous arrivés à cette situation paradoxale où nous parlons beaucoup du chômage des jeunes, de l’aide aux jeunes, de réduction des charges, d’allocations spéciales, et autres bonnes idées, mais sans que les choses ne changent réellement sur le terrain. Il semble que ce qui manque le plus c’est l’existence d’un consensus qui dépasse les postures de parti et qu’émerge une volonté qui privilégie l’action sur le slogan. L’expé­rience désastreuse du CPE est illustrative d’une initiative qui s’est heurtée à une opposition clientéliste qui avait intérêt, à la veille d’élections importantes, à faire échouer tout projet ambitieux. Du coup, le débat n’a même pas eu lieu car en vérité, l’avenir des jeunes y était moins important que l’avenir des candidats aux présidentielles. Et lorsqu’il ne s’agit pas d’élections, il s’agit de ‘principes’ qui interdisent d’examiner de nouvelles voies.

Nos politiques souffriraient-ils d’hémiplégie politique en considérant que tout ce qui vient d’un autre bord est forcément à rejeter en totalité, le bébé avec l’eau du bain!

Et pendant ce temps, les jeunes sont toujours désoeuvrés. Il doit pourtant y avoir des solutions. Il suffit de regarder autour de nous de l’autre coté des frontières pour consta­ter que ce n’est pas une fatalité. Ce qui manque le plus, c’est le courage.

Certains se souviendront peut-être du dissident russe et prix Nobel de littérature Alexandre Soljenitsyne. Lorsque, après de nombreuses années de goulag et l’acquisition d’une renommée internationale, il parvient à l’Ouest, il fit un de ses premiers discours en 1978 à l’université de Harvard (USA). Tout le monde l’attendait sur le terrain de la condamnation du système soviétique. Au lieu de cela, il a accusé, toujours avec son extrême clairvoyance, l’Occident de manquer de courage. Le manque de courage d’apprécier, le manque de courage de condamner, le manque de courage de dire, le manque de courage d’oser. Plus de trente ans plus tard, ce même courage nous fait toujours défaut et manque cruellement à la caste dirigeante.

Alors quelle solution pour la jeunesse?

Bien qu’ayant commis un livre sur l’éducation des enfants, je ne suis pas un spécialiste de l’éducation. Je peux cepen­dant affirmer qu’au-delà de toutes les mesures de correc­tion ou de rattrapage, la solution de l’avenir, y compris l’avenir des jeunes, c’est à l’école que cela commence.

Le premier défi se situe au niveau de l’école et de l’édu­cation. Actuellement et malgré la qualité de nombreux enseignants, nous pouvons regretter que l’école ne joue plus son rôle d’intégration des diversités sociales, cultu­relles et ethniques pour apprendre à s’intégrer dans la société de manière personnelle, constructive, créative, courageuse. L’école ne semble plus former nos jeunes à la vie en société. Elle ne les prépare même plus à travailler et à entreprendre.

Notre société serait-elle devenue trop hostile ou bien l’enseignement serait-il devenu inadapté?

Pour masquer son incapacité à promouvoir un modèle de société plus tolérant, libre et épanouissant, l’école s’obs­tine dans le théorique et dans les maths qui formatent au mieux des êtres dépassés ou dépendants. En fin de compte, l’école semble se borner à sélectionner et former une élite ravie d’être choisie pour servir notre système économique sans le questionner et abandonne les autres. L’école omet d’introduire des notions plus Qualitatives et tolérantes qui fassent la promotion de l’innovation durable, du respect des autres et de l’environnement, qui sont les piliers de l’Ecolonomie de demain. Quel dommage que l’Ecolonomie ne fasse pas partie des disciplines enseignées dès le primaire !

Même les filières professionnelles sont déconsidérées tant par les étudiants que par les élites alors qu’elles pourraient former des artisans et des techniciens dont nos sociétés ont et auront toujours besoin. Mais l’enseignement et l’apprentissage centrés sur le quantitatif permettent de mieux appréhender un monde matérialiste et surtout, de mieux le perpétuer. L'immatériel est de plus en plus banni de l'enseignement alors que seul l'immatériel peut être intégrateur et offrir l'égalité des chances.

L’enseignement du Qualitatif obligerait à introduire le Qualitatif parmi les enseignants qui se révoltent à la simple évocation d’un changement ou d’une mesure non quantifiable, voire pire, inégalitaire. Et pourtant nous savons que dans notre monde matérialiste et quantitatif, imposer du Qualitatif est indispensable pour trouver et mettre en œuvre des solutions pérennes et efficaces.

De même, les relations entre l’enseignement et les entreprises sont trop distantes. Les entreprises n’investis­sent pas assez dans l’accueil des jeunes. Les enseignants, eux, ignorent tout du monde de l’entreprise et y seraient presque réfractaires. Aussi les jeunes, en quittant l’ensei­gnement, ignorent cruellement le mode d’emploi du monde en général, et de l’entreprise en particulier. Ils n’acquièrent trop souvent les connaissances nécessaires pour trouver un emploi stable qu’après une série de stages, de contrats temporaires et de rebuffades. Quant à monter leur propre entreprise au sortir –voire durant– les études, cela constitue en France un défi insurmontable ou une utopie surréaliste.

L’éducation est la clé du changement, la solution à l'intégration des diversités, à l'égalité des chances, à l'emploi des jeunes. L’éducation est l’accès à plus de connaissances, plus de compréhension, plus d’échanges humains, plus de libre arbitre, plus de conscience, et en fin de compte l’acquisition de plus de Liberté.

La raison pour laquelle les conservateurs aiment maintenir les citoyens dans le degré minimum de connaissance se comprend : notre système souhaite formater des consom­mateurs et des serviteurs. De ce point de vue, le combat archaïque des syndicats de l’éducation nationale pour conserver le confort de leurs avantages acquis et surannés apparaîtra bientôt comme un des crimes sociaux les plus graves de notre société et leur refus d’évoluer comme le venin le plus pernicieux administré au changement nécessaire.

Éduquer nos enfants, la force vive de demain, selon de nouveaux paradigmes plus solidaires et respectueux de la nature et des autres est aussi indispensable que savoir résoudre une simple équation.

L’Internet, la technologie et la vie moderne sont en train de déborder l’école et il est grand temps qu’un recollement ait lieu au niveau des fondamentaux qui font une société. Les Valeurs qui sont enseignées aujourd’hui sont celles qui guideront le monde de demain. Aussi l’éducation est-elle au cœur des solutions d’avenir. L’enseignement de la Qualité en tant que composante essentielle de la connais­sance constitue la manière la plus profonde de rétablir l’égalité des chances, l’intégration et l’épanouissement des jeunes dans la société.

«L’imagination est plus importante que le savoir.» (Albert Einstein)

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