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Billet de blog 13 février 2011

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EGYPTE et TUNISIE : Le très grand risque d'aucun changement existe plus que celui du changement

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’Egypte comme la Tunisie sont des manifestations typiques du 21ème siècle !

En effet, elles sont alimentées par l’Internet et revendiquent plus d’équité et d’éthique dans la gestion des pays.

Chacune des revendications exprimée se cristallise sur la volonté de changer le régime en place .
A y regarder de près, nous voyons des différences fondamentales dans les situations, mais surtout des similitudes qui sont des aspirations à plus d’éthique, d’équité, de participation, d’efficacité, etc. Très normalement, ce sont les jeunes qui sont à la pointe du combat. C’est une génération qui n’a connu que la paix militaire, et la guerre économique. Ils ont grandi dans la matérialité et ses brutalités et revendiquent « autre chose ».
Nous retrouvons dans ces revendications de changements, l’application exacte de ce que j’appelais la « théorie de la bicyclette », à savoir qu’une révolution ne peut réussir que si nous avons une pédale qui descend et une autre qui monte pour réussir à avancer. Ici, la pédale qui descend est évidente : c’est un régime vieillissant à l’instar de ses dirigeants. Un régime usé, corrompu, éculé, qui a développé ses injustices partisanes, ses monopoles ploutocrates et ses exclusivités claniques .
Quand à la pédale qui monte, c’est la revendication du changement certes, mais cette force ascendante n’est pas encore suffisante. Elle se mesurera à sa capacité à inventer un nouveau projet de société et à le rendre populaire. L’Egypte, comme la Tunisie, ont cette envie, mais je ne vois pas encore émerger un discours alternatif suffisamment uni, compact et fort pour réussir pleinement le changement.
Cela peut encore émerger, mais si ce n’était pas le cas, nous verrons, soit un chaos que personne ne désire, soit un retour aux anciennes pratiques avec seulement de nouvelles têtes.
Bref, à ce jour, la seule chose dont nous pouvons être certain est que les têtes vont changer. Cependant c’est le reste qui est le plus important : quelles personnalités, pour quel objectif ?
Le principal problème des dictatures agonisantes est qu’elles n’ont pas permis à une alternative d’exister ou même de se formuler et laissent un vide angoissant. Quant aux élites en exil qui reviennent, il y trop longtemps qu’elles vivent de la charité occidentale pour être encore crédibles sur place. Et pour ce qui est des religieux souhaitant instaurer une théocratie à l’Iranienne, personne n’en voudrait, pas même un musulman ! Alors jeunes d’Egypte, de Tunisie ou de France quel est votre projet de société ? Pourront-ils refonder une société moins violemment matérialiste ? Ou bien devront-ils laisser le passé continuer sous d’autres vêtements et accepter d’être à nouveau cocus?

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