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Billet de blog 15 février 2010

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Ecolonomie : Protection et Intégration

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Certains magasins font désormais payer les emballages 2 centime, mais pendant ce temps nous continuons à utiliser de l’eau potable pour nettoyer les rues, arroser le jardin ou faire fonctionner notre chasse d’eau! La planète trouve 900 milliards de dollars pour sauver les banques, mais pas 500 millions pour sauver des pays entiers de l’infection du SIDA alors que 33 millions de personnes sont contaminées dans le monde (dont 144.000 en France).

Nous vivons dans un monde où abondance et gâchis coexistent partout, où abondance et pénurie se côtoient sans cesse, et cela participe à la perte de repères.

La voiture japonaise que je conduis a été fabriquée à Valenciennes et le T-shirt de marque française que tu portes a été fabriqué en Asie. Peut-on encore parler en termes géographiques dans une économie mondialisée. Il semble que les frontières ne font plus que délimiter des territoires politiques, des territoires de pouvoir, alors que les territoires humains, culturels et économiques ne connaissent plus de frontières.

Protéger ses frontières contre le mouvement des produits et des personnes est à la fois illusoire et stérile. En effet ce ne sont pas les produits, ni les personnes qui menacent notre système mais les idéologies ou systèmes écono­miques qui sont à l’origine des produits ou qui migrent avec les personnes. Ce n’est pas le T-shirt ou la voiture asiatique qu’il faut contrôler sur notre territoire, mais plutôt s’attaquer au circuit économique du coton qui profite à une petite minorité et maintient des peuples entiers dans la misère. (Voir le Livre de Erik Orsenna « Voyage au Pays du Coton »).

L’absence de morale des principaux acteurs économiques est justifiée par le paradigme quantitatif allié au couple ‘production-consommation’.

Nos habitudes quantitatives font que nous saurions parfaitement compter le nombre de jeans ou de chaus­sures qui entrent sur le territoire et lancer une armée de fonctionnaires pour contrôler et sanctionner, mais nous avons perdu l’habitude de rappeler et d’appliquer des principes moraux ou de bon sens. Le protectionnisme qui tente les plus conservateurs de nos sociétés conservatrices constitue un réflexe corporatiste, qui ne peut plus avoir d’effet pratique depuis que l’Européanisation et mainte­nant la Mondialisation, ont occulté et souvent rendu impossible la lecture de la nationalité d’un produit.

La Chine par exemple, que j’aime utiliser comme point de comparaison parce qu’elle a une longue histoire de solutions originales et différentes des nôtres, a une vision totalement différente de la protection et de l’absorption. Lorsqu’un étranger Mongol envahit la Chine, les chinois lui cèdent la place d’Empereur, mais l’Empereur adopte les us et coutumes de la Chine. Ainsi naît la dynastie Yuan au 13ème siècle. La même chose se produira avec des Mandchous qui donneront à la Chine les empereurs Qing. De même, lorsque du 7ème au 9ème siècle une grande vague de juifs vient s’installer en Chine fuyant les invasions barbares et menace de créer un Etat dans l’Etat, l’empereur ZhenZong décide de leur faire

l’honneur de donner son propre nom à toute cette communauté... qui ne put refuser cet honneur et devint ainsi chinoise, et finira assimilée au point de perdre son identité. De même le jésuite qui prêcha à Xian au 18ème siècle devint très vite un Saint chinois qui bénéficie de sa pagode chinoise et de ses stèles de pierres couvertes d’idéogrammes pour perpétuer la sagesse de ses enseigne­ments. Le bon coté du Jésuite se perpétue donc sous la forme d’un Saint chinois.

Ainsi l’assimilation est infiniment plus efficace que la protection. Car l’assimilation désamorce toute possibilité de conflit en se plaçant au niveau du Qualitatif pour adopter et conserver comme un fertilisant le meilleur coté de la confrontation.

Notre protectionnisme occidental, parce que nous sommes calés sur le quantitatif se limite à ce qui peut être appréhendé (aussi au sens policier de terme) alors que le véritable enjeu est précisément dans l’immatériel.

Nous devons réapprendre l’assimilation.

L’essentiel est dans les méthodes, les motivations, les intentions, les horizons louables ou inavouables qui guident nos gestes. Pour l’instant la plupart des économies dites Capitalistes, ayant pour axiome la primauté du quan­titatif sont incompétentes dans la maîtrise des aspects Qualitatifs des entreprises humaines et ne savent que se protéger.

Ce qui compte en fin de compte, c’est le système de valeur et qui migre avec les personnes et le système économique qui est contenu dans les produits vendus.

Nous avons introduit la « traçabilité » de certains produits pour savoir s’ils sont issus d’une chaîne hygiénique. Mais cette préoccupation hygiénique n’a pas encore su s’étendre à la santé éthique du circuit économique. Nous ne parlons pas encore du contenu moral (Qualitatif) d’un produit. Tout au plus une fois de temps en temps, nous crions au scandale en découvrant que telle marque a sous-traité une partie de sa fabrication auprès d’un exploiteur qui fait travailler des enfants ou des victimes involontaires. Nous devrons donc revendiquer plus de transparence pour pouvoir faire les choix qui seuls peuvent influencer nos sociétés. En effet, c’est à chacun d’être vigilant, d’être militant, de refuser toute forme de ségrégation et vouloir l’intégration des valeurs humaines dans toutes les transactions..

Le rétablissement de la Qualité est la voie la plus universelle pour y parvenir.

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