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Billet de blog 17 janvier 2010

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Ecolonomie : Mon syndicat me protège !

J’ai été un jour chargé de réaliser une étude sur une industrie de service à travers l’Europe. Mon client pensait qu’il maîtrisait des méthodes novatrices qui pourraient trouver un marché sur le continent Européen. Lorsque je me suis penché sur la France, j’ai –comme ailleurs– pris rendez-vous avec le Syndicat Professionnel de la Branche. Le dialogue qui s’en suivit fut exemplaire:

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J’ai été un jour chargé de réaliser une étude sur une industrie de service à travers l’Europe. Mon client pensait qu’il maîtrisait des méthodes novatrices qui pourraient trouver un marché sur le continent Européen. Lorsque je me suis penché sur la France, j’ai –comme ailleurs– pris rendez-vous avec le Syndicat Professionnel de la Branche. Le dialogue qui s’en suivit fut exemplaire:

Conseil : Je viens vous voir pour me renseigner sur votre secteur. Pouvez vous me fournir quelques données de base, des publications, le nom des entreprises adhérentes.

Syndicat: Est-ce que vous faites partie du Syndicat?

Conseil: Non, pas encore...

Syndicat:Si vous ne faites pas partie du Syndicat, nous ne pouvons vous communiquer aucune information. Celles­-ci sont réservées aux membres du Syndicat.

Conseil: Pas de problème, je vais m’inscrire à votre syndicat

Syndicat: Désolé, vous ne pouvez pas, parce que vous n’avez pas d’entreprise dans notre branche en France...

Et voilà comment, au lieu de promouvoir leur industrie, activité ou branche, les syndicats ne font que protéger leurs membres de toute contamination avec des idées neuves, des apports extérieurs ou de nouveaux entrepreneurs.

Qu’il s’agisse de syndicats ouvriers, professionnels, commerçants ou artisans, les réactions sont toujours aussi protectionnistes et corporatistes selon un principe parfai­tement rétrograde : tout étranger est une menace!

La France apparaît donc à nos voisins comme un pays excessivement conservateur, théoricien et inutilement compliqué, manquant singulièrement de pragmatisme. Le déficit d’assimilation en France n’est pas uniquement racial, il existe dans tous les domaines car nous sommes ancrés sur nos acquis et nous nous méfions de toute nouveauté qui ne viendrait pas d’un ‘membre’ déjà connu. Les syndicats et partis de tous bords sont donc objective­ment solidaires, puisqu’ils ont tous le même mot d’ordre: que rien ne change! ... sauf à avoir toujours plus, jusqu’à l’indécence!

Ainsi, récemment encore et face à la « crise », alors que nous avons besoin de soutenir l’emploi par le lancement de vrais chantiers d’équipement ou de recherche qui préparent l’avenir, notre gouvernement s’est fourvoyé dans le corporatisme. Avec le Syndicat des Restaurateurs il a négocié la baisse de leur TVA à 5,5% qui ne fera en fait qu’augmenter les marges des exploitants (sauf pour les franchises et quelques exceptions qui dureront certaine­ment moins longtemps que la baisse de TVA)...et cela coûte environ 3 milliards d’Euro par an.

Voilà encore un exemple où le petit corporatisme et ses lobbies occulte la grande vision et détourne en perma­nence l’attention loin des véritables enjeux et menaces que nous devons affronter. Vous trouverez vous-même d’autres exemples très facilement.

Et pendant ce temps, il n’y a pas de crédit pour la recherche ou l’emploi des jeunes. Ainsi, la dictature du quantitatif et de ses lobbies amène, malgré eux, les politiques à se fourvoyer dans des actions qui ne concernent pas les priorités Qualitatives auxquelles les ‘gens d’en bas’ voudraient les voir s’atteler.

La culture quantitative est en permanence sur ses gardes, arc-boutée sur ses positions. Elle ne voit et n’entend que ses semblables alors que ce sont précisément les différences qui sont l’essence même des évolutions.

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