La constatation et la prise de conscience des dangers de la pollution et des destructions dues à l’industrialisation date des années soixante, soit seulement deux siècles après le début de la Révolution Industrielle.
Cependant les mouvements qui dénoncent, n’annoncent rien. Ils disparaissent comme une mode après avoir été récupérés et transformés en marchandise.
La crise économique de ce début de 21ème siècle montre à quel point l’absence de repères et de vision du temps conduit à la faillite du système admis.
Parmi les vices majeurs qui sont un défi au bon sens et une hypothèque sur l’avenir figure en bonne place le problème des dettes qui, à lui seul, devrait nous convaincre qu’une modification radicale de notre système socio-économique doit être réalisée.
L’escroquerie qui consista à titriser les dettes des plus pauvres et les revendre plusieurs fois augmentées à chaque culbute du montant indécent des commissions que les «génies de la finance » se prenaient, apparaît avec le recul comme un épiphénomène à côté de la dette créée par le système lui-même appliqué dans sa logique.
La crise économique de 2008-2010 aura fait éclater la bulle spéculative du monde financier et environ 5000 milliards de dollars de pertes ont dû être constatées et réparties. Les chefs d’États ont vite prêté notre argent à leurs amis banquiers, souvent sans aucune véritable contrepartie, afin de « sauver le système financier ». En réalité il aurait été plus honnête de dire « sauver le système » . En effet, lorsque l’on examine où sont les bulles, les spéculations et les dettes, celles de nos banquiers sont de la rigolade à côté de celles des États. Alors à quand la véritable crise ? Celle qui surviendra lorsque les populations n’auront plus d’autre choix que de se révolter contre les banquiers et les États qui gèrent si mal le patrimoine qui leur a été confié et étranglent la population avec des intérêts bancaires privés (via l’impôt) tandis que la dette publique ne profite qu’à une minorité de ploutocrates.
La dette des États de la planète peut être estimée à 40.000 milliards de dollars ! Et ces dettes sont devenues indispensables à la continuation du système économique basé sur la croissance perpétuelle de la production et de la consommation... en enrichissant le petit nombre de ploutocrates qui contrôlent et perpétuent un système où la valeur de l’argent repose sur la seule incantation que cela ne doit pas s’effondrer. C’est un peu la continuation de la dissuasion nucléaire appliquée à la finance.
Est-ce le culte du quantitatif qui a créé la domination des banques et des ploutocrates ou bien est-ce que ce sont les banquiers et les ploutocrates qui ont instauré le culte du quantitatif?
La réponse à la question est moins importante que le constat que le système est établi et a fini par asservir aussi les Chefs d’États qui ne contrôlent même plus leur propre dette qui est devenue le principal facteur de croissance lorsque l’économie est fondée sur le quantitatif.
Ici aussi nous sommes gouvernés selon un paradigme pervers entretenu par les dirigeants du système.
Lors des sommets du G20 de Londres et Pittsburgh en 2009, ils n’ont même pas parlé d’écologie et de la catastrophe à laquelle le paradigme de la croissance quantitative perpétuelle risquait de nous conduire. Copenhague a été une juxtaposition de monologues autour d’une prise de conscience passive derrière laquelle le business est déjà en train de poindre.
Le système économique fondé sur l’endettement et la croissance perpétuelle ne peut être pérenne car il sera toujours une fuite en avant.
Il est temps que les dirigeants de la planète arrêtent cette fuite en avant dans la logique des ploutocrates et reprennent enfin le pouvoir. Le pouvoir de changer le cours des choses.
Sont-ils assez sots pour croire que la fermeture de quelques paradis fiscaux mettra fin au pouvoir de l’argent? Ou bien est-ce encore une déclaration purement démagogique pour donner un os à ronger aux altermondialistes?
Le changement auquel un nombre encore trop faible aspire est beaucoup plus profond que les techniques de rustinage auxquelles ces sommets semblent se consacrer. Le sujet n’est pas uniquement l’économie, c’est l’homme sur terre.
Hélas, c’est plus facile de rester dans le familier et se battre pour deux points de dépenses en plus ou un point de taux d’intérêt en moins.
Quel intérêt cela a t’il lorsque nous savons que ces combats s’inscrivent dans la logique d’un système qui mène à la ruine de la planète?
Quelle attitude devons-nous dès lors adopter?
Les solutions violentes sont certes possibles. Mais la contestation ou la confrontation à elles seules ne sont pas la solution.
Dans un de ses ouvrages, Georges Sorel, parlant de révolution dit en substance que celle-ci ne saurait exister que s’il existe un « couple moteur ». Le couple moteur, c’est comme les deux pédales de la bicyclette. Il faut que l’une descende et que l’autre monte pour que le véhicule avance. Toute révolution faite sans réunir ces deux conditions est vouée à l’échec.
Le véhicule, ce sont les civilisations de la planète. La pédale qui descend est celle de ce système ‘production-consommation’ basé sur l’argent roi, sur la croissance perpétuelle et polluante, sur la domination indécente des ploutocrates sur la majorité des habitants du monde grâce à la mondialisation, etc.
Et la pédale qui monte?
Quelle est la politique, la philosophie, la croyance, le système à placer au plus haut et qui puisse prendre la place de celui qui pourrit en pourrissant notre mère planète?
Cette question se pose avec de plus en plus d’acuité et il devient flagrant que les simples citoyens sont très en avance sur la plupart des dirigeants qui sont inaptes ou traînent des pieds ou regardent ailleurs de peur de devoir réviser le système qui les a mis en place.
La pédale qui monte est la revendication de la Qualité afin d’aboutir à une ‘écolonomie’ harmonieuse pour la planète et les hommes.
Nous devons remplacer l’aliénation du couple ‘production + consommation’ par l’épanouissement du couple ‘matériel + immatériel’
C’est la prééminence de la Qualité qui pourra guider cette re-évolution de nos sociétés vers un meilleur équilibre.
<<Where there is a will, there is a way> (là où il y a une volonté, il y a une voie) dit le dicton.
Il faut donc promouvoir la volonté de changement vers plus de Qualitatif afin qu’un consensus, le plus large possible, non seulement participe à l’élaboration des solutions, mais aussi et surtout adhère à celles qui s’imposeront. Car il faudra bien qu’elles s’imposent et le consentement et la participation de tous seraient infiniment plus constructifs que l’opposition.
Les médias sont de ce point de vue les instruments de propagande par excellence et ont atteint une puissance inconnue jusqu’à notre siècle. Ils semblent être le relais tout indiqué du changement, à commencer par le plus puissant d’entre eux, la Télévision.
De ce point de vue, les télévisions d’Etat semblent plus à même de mener l’évolution des mentalités que les télévisions contrôlées directement par les ploutocrates. Encore faudrait-il que les gouvernants ne soient pas inféodés aux ploutocrates.
Cependant ne serait-ce que dans leur intérêt, les télévisions finiront par emboîter le pas car, si elles ne le font pas, elles deviendront rapidement obsolètes grâce à la pénétration de l’Internet et à la multiplication des systèmes « à la carte » librement choisis et non plus imposés. Et puis, il est à parier que dès que le « Qualitatif » pourra se vendre, les chaînes privées rivaliseront d’imagination pour créer des programmes répondant aux préoccupations des citoyens.
Ainsi une des exigences de ce qui sera une « révolution douce » est l’adhésion du plus grand nombre à la volonté de faire évoluer notre système de fonctionnement vers plus d’harmonie et de pérennité.
Il faut commencer par rééduquer les élites car au contraire des plantes, les organisations humaines croissent ou pourrissent par la tête et non par les racines!
Il est important de rester positifs et d’expliquer, expliquer encore, à chacun qu’il ne s’agit pas de perdre quelque confort mais bien au contraire de conquérir une nouvelle qualité de vie.
Nos priorités peuvent changer sans que cela soit vécu comme un échec. Pour cela il faut que les médias changent et commencent à « vendre » le changement au lieu de l’immobilité.
Il est évident que les ploutocrates et pollueurs en chef vont mettre tous les moyens en œuvre pour faire pression sur l’opinion en valorisant, en déifiant << la stabilité >> (pas de changement), << la croissance >> (toujours plus), <<l’emploi>> (servez et vous aurez accès à la consommation).
Est-ce vraiment « travailler plus pour gagner plus » que veulent les gens ? Ou bien « travailler mieux pour être plus »?
Il est grand temps de sortir d’un système dont la seule logique est l’augmentation quantitative (profits, audimat, taille, vitesse, etc.) et d’instaurer une exigence Qualitative qui enfin respecte tous les hommes et toute la planète. Alors, nous découvrirons que mieux peut signifier moins et que plus lent peut être mener plus loin.
Nous sommes dominés par une ploutocratie qui influence tout, y compris les politiques. Le nouveau président Obama a commencé à l’aube de son élection par permettre la distribution de centaines de milliards de dollars aux hommes de l’argent. Espérons qu’il saura considérer ces sommes comme une indemnité de reconversion afin que nous puissions, avec les USA, prendre une autre direction moins quantitative, acceptant et investissant dans de nouvelles valeurs et techniques. Hélas, cela ne semble pas prendre cette direction.
Les rois de l’univers ne sont plus les politiques. Ce sont les ploutocrates avec leurs technocrates qui nous gouvernent illégitimement. Ce sont quelques centaines de capitaines de l’industrie et de la finance. Leurs noms n’a pas d’importance car ils sont les produits d’un système de gouvernement du monde plus encore que des personnalités, des ambitions ou des orgueils.
Notre système est basé sur le couple ‘production + consommation’. Tout se passe donc bien lorsque la volonté de consommation est assez forte pour que le travail génère à la fois la production et les moyens de consommer.
La volonté de consommation a été forte tant que l’occident reconstruisait les Après-Guerre et s’équipait pour sortir de la pauvreté et aspirait à goûter aux nouvelles technologies comme la voiture, la télévision, le téléphone, le réfrigérateur, l’eau courante, ou lorsque nous avons pu gagner en hygiène et santé.
Puis le dernier quart du 20ème siècle, craignant que la demande ne ralentisse, a sophistiqué son marketing, amplifié la publicité et est parvenu à nous convaincre qu’il était indispensable d’acheter le dernier modèle, de changer de tenue à chaque mode, de vouloir plus grand et plus plat et plus petit et plus rapide, plus bleu, plus blanc.
Que se passe t’il lorsque les individus se rendent compte qu’ils n’ont pas vraiment besoin de changer de voiture, de lunettes, de table basse?
Il se passe que nous devons revoir les fondements de nos économies, redonner de la Valeur à d’autres activités, éventuellement non marchandes, et créer de nouveaux produits et services plus conformes au bien être général et à la préservation de notre environnement.
De plus, il est parfaitement réaliste, je dirai même souhaitable, de vouloir étendre le progrès au reste de la planète plutôt que de gaver seulement un quart de celle-ci. Il y a sur terre quelque deux milliards « d’oubliés » qui sont dans le dénuement le plus total et seraient enchantés de participer à l’économie mondiale et pouvoir manger à leur faim. Il y a là un immense terrain de croissance.
Hélas, le système actuel demande des victimes qui demeurent dans le « tiers monde » pour que les ploutocrates s’enrichissent des marges qu’ils ne distribuent pas à ceux qui n’ont pas été invités au banquet alors même que ces derniers leur fournissent une grande partie des matières consommées.
Mais la cupidité n’a pas de limite lorsque l’accumulation est le seul critère de réussite, et même la rémunération du travail dans notre bel occident a eu tendance à diminuer. L’équilibre précaire peut alors se dérégler et les « nouveaux pauvres » ne peuvent plus acheter la production.
Que se passe t’il alors ? Appelle t’on cela une crise?
Il semble en effet, que la création d’inégalités dans la répartition du bien être soit aussi une cause de dérèglement, voire de déraillement du système et peut-être même une occasion de prise de conscience.
Donc, si la production augmente mais que le salaire moyen reste stable, il se crée un « manque à consommer ». Afin de maintenir le système, les banques centrales incapables d’admettre un autre modèle vont créer de l’argent en endettant les Etats et en donnant cet argent aux ploutocrates via les banques. L’excédent de production est dès lors transformé en excédent de liquidités par la création de monnaie qui ira se placer en augmentation des prêts aux travailleurs pour qu’ils puissent continuer à acheter... ou, plus souvent, pour que les ploutocrates continuent à spéculer.
Mais l’augmentation de la dette des ménages constitue aussi une bombe à retardement. Et lorsque, comme aux USA, il devient évident qu’ils ne rembourseront pas, que fait-on? Eh bien c’est tout simple, les Etats impriment encore de l’argent pour rembourser les ploutocrates des mauvaises affaires qu’ils ont faites...pour qu’ils puissent recommencer autrement. Entre-temps, il y a moins de consommation. La décision douloureuse de réduire la production doit donc être prise. Cela engendre plus de licenciements et moins d’investissements qui eux même provoquent moins de dépenses et moins de consommation, ce qui en conséquence justifie une diminution de la production, etc, etc. Oui, c’est bel et bien une crise avec moins de consommation et moins de production, soit, un appauvrissement général selon nos critères actuels basés sur le paradigme de ‘production-consommation’.
Les dirigeants de la planète et leurs « conseillers » les serviteurs et maîtres du système en place, conçoivent la ‘sortie de crise’ uniquement comme la reconduction du système et négligent les cause de la crise.
Il est nécessaire de penser à une sortie de crise qui ne soit pas la relance du couple ‘production-consommation’ tel que nous vivons quotidiennement.
Ayons la générosité d’aider les ploutocrates à imaginer où placer leur argent. Aidons nos politiques à avoir des idées neuves. Trouvons de nouveaux terrains d’investissements. Créons de nouveaux territoires et de nouvelles aspirations. Elles seules auront la dimension nécessaire pour mobiliser les énergies et les capitaux à la dérive.
Finalement cette crise tombe assez bien, car dans leur aveuglante avidité, les ploutocrates n’avaient pas voulu voir qu’ils détruisaient la planète, qu’ils entretenaient des inégalités scandaleuses et proposaient des produits ou des politiques qui ne sont plus adaptés aux aspirations émergeantes.
«Seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer la face du monde y parviennent» (Henry Dunant – Fondateur de la Croix Rouge)