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Billet de blog 28 février 2010

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De la ploutocratie à la quatrième dimension

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Tous les riches ne sont pas des ploutocrates, mais tous les ploutocrates sont riches. Il ne faut pas mettre riches et ploutocrates dans le même sac, car ce qui différencie le ploutocrate est l’attrait du pouvoir, la farouche volonté de gouverner un empire, la démesure de l’ego et l’absence de scrupules. Ils dirigent avec l’argent qui achète tout: médias et opinions, énergie et industrie, présidents et matières premières. Car le pouvoir est fascinant.

Nous avons tous eu un jour à nous plaindre d’un préposé en uniforme et avons subi le plaisir quasi pervers qu’il tirait de son maigre pouvoir de « petit chef ». Alors maintenant, imaginez un « grand chef » et son immense orgasme de pouvoir.

Bref, les ploutocrates ont, aiment et gardent le pouvoir. Ils sont ceux qui décident et orientent les milliards versés par nos impôts et ceux imprimés pour nos dettes futures ; qui décident du prix du pétrole ou du coton; du niveau tolérable de pollution; de la valeur d’une vie en Afrique par rapport à son prix chez nous.

Ils n’arrivent pas à toutes leurs fins, mais ils tirent encore et toujours toutes les ficelles.

Combien de présidents ou de dirigeants de tous bords sont les pantins des ploutocrates qui les « conseillent »? Spontanément ou sous la menace de l’état de la planète ou pressés bientôt par l’exaspération des peuples, il est urgent que leur manière de se satisfaire change d’objectifs.

Suggérer un tel changement est le rôle des contre-pouvoirs. Les ploutocrates nous gouvernent dans l’ombre. Soit, ils sont au pouvoir officiellement comme Poutine ou Berlus­coni, soit ils ont leurs éminences grises comme le fût le servile W. Bush.

Les partis ou hommes politiques qui gouvernent impor­tent finalement moins que l’adoubement de celui qui défendra leurs intérêts.

Ainsi, même le Socialisme apparaît comme une tolérance bienveillante des ploutocrates dans la mesure où, mettant tout son entêtement dans l’Egalité, ce parti sert les intérêts d’une uniformisation des individus. Uniformisation qui est elle ­même propice aux intérêts mercantiles des ploutocrates car des consommateurs bien calibrés sont plus profitables, faciles à satisfaire et à diriger.

Le parti socialiste français n’ayant pas de nouveau projet de société ne constitue donc pas une menace pour le système en place. Et pourtant il serait bien opportun qu’il se rajeunisse au contact de la génération Internet et formule les aspirations d’une nouvelle donne. Plutôt que de poursuivre le désir stérile d’avoir une plus grande part d’un gâteau rassis, il serait mieux inspiré de rejoindre et conduire ceux qui veulent tout bonnement une nouvelle recette pour un nouveau festin plus frais et convivial.

A défaut de savoir se renouveler, ce n’est plus qu’un parti d’« opposition » qui ne se définit que par rapport à ce qui existe et est incapable d’imaginer ce que pourrait être un véritable contre-pouvoir au système actuel et aux ploutocrates.

C’est donc un nouveau parti qui devra exprimer les nouvelles aspirations Qualitatives qui sont nécessaires pour réorienter nos comportements, nos attitudes et finalement nos économies.

En attendant, le vide politique et l’absence de contre­pouvoir laisse le champ libre à toutes les expressions du capitalisme, y compris les pires.

Le Capitalisme quant à lui, se décrit lui-même. C’est le pouvoir de l’argent illustré par le Capital. Le capital n’est que la partie visible de l’iceberg de l’argent. Ainsi les soi­-disant contre-pouvoirs qui se focalisent sur leur opposi­tion au capital appartiennent au passé et sont tous voués à l’échec car ils visent seulement une partie nécessaire, visible et technique du système; ils négligent le système lui-même en partant de l’erreur qui consiste à considérer le Capital comme étant le système. Les partis anti-capitalistes ne s’intéressent qu’à la partie et non au tout.

Le ‘tout’ actuel se réduit à une civilisation matérialiste et quantitative qui, à travers ses médias, ses slogans et ses dirigeants, entretient, valorise et exalte un système de gouvernement et de vie basé sur le couple ‘produire­-consommer’. Le capital ne serait en fin de compte qu’une composante du système dont l’objectif et la légitimité sont ‘produire-consommer’.

Ce qui est en cause, ne peut être le capital lui-même car il n’est qu’instrument et outil dans les mains des plouto­crates. Par contre, les abus du capital ont donné naissance au capitalisme qui a inventé le système permettant leur enrichissement perpétuel. C’est le couple ‘produire­consommer’ avec son paradigme quantitatif qui est en cause car c’est l’obligation de la production et de la consommation contrôlée, gérée et encouragée par les ploutocrates qui pollue nos vies.

En résumant très grossièrement, nous pourrions dire que les premières communautés humaines apparues il y a quelques dizaines de milliers d’années étaient constituées d’individus qui agissaient pour leur survie. Ces chasseurs sont les premiers entrepreneurs, prenant l’initiative de leur chasse et en assumant les risques.

Puis les familles se regroupent en tribus, villages, villes, états, et ces communautés toujours plus nombreuses s’organisent entre maîtres et esclaves, patrons et serviteurs, rois et soldats et en fin de compte et pour résumer, entre entrepreneurs et travailleurs. Ainsi s’institutionnalise la composante des travailleurs comme composante de la marche du progrès.

Puis avec le développement du commerce, apparaît la nou­velle composante de l’argent qui vient très naturellement s’inscrire à côté des entrepreneurs et des travailleurs pour donner un coup d’accélérateur au progrès qui continue sa route de plus en plus sophistiquée menant de la chasse vers l’agriculture, puis vers la technique. A l’origine, le capital croit en développant la notion de lettre de crédit, puis celle d’investissement et de retour sur investissement. Les préteurs puis les banquiers ont progressivement augmenté leur profit jusqu’au point où le salaire de l’investissement ne suffisant plus et où ils ont commencé à carrément voler le travail et le salaire des autres en instaurant l’axiome ‘production + consommation’ et en contrôlant l’argent. Ainsi, le capitalisme montre sa limite avec ses excès. La prochaine étape serait-elle celle de la Connaissance?

Nous avons à peine aperçu le fait que cette évolution nous a progressivement, mais inéluctablement éloigné de la nature.

Nous sommes arrivés à ce stade de développement de nos civilisations, où la rupture de notre lien intime avec la nature, nous fait perdre la conscience de notre apparte­nance à un univers beaucoup plus vaste et sensible que la matérialité à laquelle la technique nous a permis d’accéder.

Toutes les économies modernes sont fondées sur la parti­cipation, voire l’union du capital, des entrepreneurs et des travailleurs.

C’est l’addition progressive de ces trois composantes qui a permis l’accélération des progrès que nous avons connu depuis l’origine de nos civilisations. Mais c’est aussi l’adjonction de la dernière composante de l’argent qui a permis l’accélération, voire l’exagération, des pollutions et déséquilibres écologiques, moraux, humains et sociaux.

Aujourd’hui, le bel équilibre entre entrepreneur, travailleur et capital est rompu, notamment par les exagérations du capital. Nous avons pris conscience que le rafistolage d’un équilibre meilleur ou plus juste ne fonctionne plus. En effet, ce moteur à trois temps est structurellement déséquilibré et ne peut que s’auto pervertir dans une alliance fatale et automatique de deux contre un. Ce mariage à trois (entre­preneur~travailleur~capital) apparaît désormais comme une étape perverse bien que nécessaire dans l’évolution de nos sociétés. Il mène inéluctablement à la destruction de la planète et à l’injustice.

Seul le dépassement de ce triumvirat malsain et son remplacement par un nouveau paradigme de gouvernement du monde permettra de dépasser les limites actuelles dans lesquelles nous sommes enfermés.

Ce que nous proposons c’est d’introduire une quatrième dimension dans le système en y introduisant une exigence Qualitative. Ainsi notre moteur de croissance s’améliore en passant d’un moteur à trois temps à un moteur à quatre temps plus efficace, plus équilibré, plus sobre et plus propre. Le nouveau moteur qui doit être annoncé, encouragé, guidé, promu, médiatisé est:

ENTREPRENEURS

+ TRAVAILLEURS

+ CAPITAL

+ QUALITE.

Comme nous l’avons vu, la Qualité est un vaste domaine qui va du Savoir au Bien-Être.

C’est la restauration de la valeur de l’immatériel. C’est l’ambition de vivre mieux et plus harmonieusement avec notre planète et ses habitants. C’est le développement de la Conscience et de satisfactions qui ne soient pas uniquement matérielles.

La Qualité est la composante essentielle pour que le paradigme qui nous gouverne évolue vers le remplacement de PRODUIRE + CONSOMMER par MATERIEL + IMMATERIEL.

Seule l’exigence de la Qualité alliée aux Travailleurs, au Capital et aux Entrepreneurs permettra une stratégie de croissance dont les objectifs soient durables et compatibles avec l’épanouissement des hommes et de la planète. Seule l’introduction de la Qualité permet de rétablir un équilibre sain des priorités de nos sociétés. Seule l’introduction de la Qualité permet d’offrir de nouveaux objectifs aux entrepre­neurs, de nouveaux territoires au capital et de nouveaux comportements aux travailleurs.

La Qualité est évidemment l’introduction de l’exigence Qualitative qui fait une place à l’immatériel dans tous les aspects de la vie. C’est l’acceptation qualitative des buts poursuivis, de la manière de vivre et de traiter la planète, de l’éthique des comportements, de la valorisation des savoirs et des différences, de la considé­ration des conséquences de nos décisions, du respect des autres, de la légitimité, etc.

Certains seront tentés de remplacer ‘qualité’ par écologie, par durabilité ou par d’autres slogans porteurs : qu’ils soient les bienvenus si nous ramons dans la même direction. En réalité, l’introduction d’une quatrième dimension n’est pas une utopie.

En effet, l’introduction de la troisième dimension, celle du capital, dans notre quotidien n’est vieille que de quelques siècles. Quelques siècles ont suffit pour intégrer et faire fonctionner cette troisième dimension financière qui a accéléré le ‘progrès’. Il est évident qu’en ce début de 21ème siècle, nous avons fait le tour des bienfaits que pouvait apporter le capitalisme. Nous avons aussi eu le temps de faire le tour du revers de la médaille et mesurer tous les inconvénients qui allaient de pair.

Il est temps de continuer notre chemin d’hommes sur terre. Nous pouvons désormais envisager d’intégrer une quatrième dimension pour modifier notre modèle et afin de faire un nouveau bond en avant. Une nouvelle ère de prospérité plus équitable peut se réaliser par l’introduction de critères Qualitatifs pour mieux guider le ‘progrès’ et satisfaire les citoyens.

La nouvelle économie qui en résultera est ce que j’appelle l ‘Ecolonomie.

Le capitalisme a déjà maintes fois montré sa capacité d’adaptation, et face aux défis et aux changements nécessaires, il est à parier qu’il saura à nouveau s’adapter –tout comme les entrepreneurs et les travailleurs.

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