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Billet de blog 29 juillet 2018

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Cashless : une machine à cash pour les organisateurs de festivals.

Le système Cashless utilisé est assurément une machine à faire les poches des festivaliers. Au festival les Escales de Saint-Nazaire, la combine est assumée et revendiquée. On peut ainsi estimer que ce système rapporte plusieurs dizaines de milliers d'euros par an aux organisateurs. Décryptage.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Depuis quelques années, comme un grand nombre de festivals en France, le festival Les  Escales à Saint-Nazaire  utilise le système Cashless, littéralement "sans monnaie". Il s'agit de l'utilisation d'une carte de paiement sans contact pour toutes les transactions dans le festival. Il faut donc pour pouvoir manger une frite ou boire une bière préalablement charger sa carte du montant souhaité aux différents kiosques Cashless sur le site du festival ou bien sur internet. Il est impossible de régler ses achats autrement qu'à travers ce système.  Jusqu'ici rien d’incroyable. Ce qui l'est plus,  c'est au moment du remboursement des sommes restantes sur sa carte.

En effet, il est impossible de se faire rembourser des sommes restantes dans l'enceinte du festival. Lorsqu'on s’adresse aux kiosques, on est systématiquement orienté vers un site internet. Qui veut se faire rembourser, doit se connecter  à internet, posséder une carte bancaire.... Les économistes réfléchissent les échanges au travers de la notion de couts de transactions c'est-à-dire ce que coute comme démarches la réalisation d'une transaction. Plus les couts de transactions baissent plus les échanges sont facilités et nombreux, plus les couts augmentent, plus les échanges se réduisent. Ainsi on peut estimer que pour des petites sommes de deux, trois euros, les festivaliers ne feront pas les démarches pour se faire rembourser, estimant le coût trop important en temps, en démarches... Il s'agit donc de faire augmenter les couts de transactions dans le but de diminuer le nombre de personnes se faisant rembourser. Cette conséquence est d'ailleurs clairement anticipée  par les organisateurs car on peut lire sur leur site que :

  • "Il est possible de récupérer l’argent restant sur votre carte après l’événement si le solde de celle-ci est supérieur à 0,50€".
  • "Les demandes de remboursement seront ouvertes du 31/07/2018 à 08h00 jusqu’au 21/09/2018 à 23h59. Aucune demande de remboursement ne sera possible après le 21 septembre 2018."
  • "Les crédits n’ayant pas fait l’objet d’une demande de remboursement constitueront un don à l’association Les Escales pour la réalisation de ses projets artistiques et culturels."
  • Les cartes ne sont pas valables pour le festival l'année suivante
  • le remboursement de votre solde [...]  ne sont disponibles que si vous avez créé un compte en ligne.

L'obligation de s’enregistrer sur internet, la possibilité de se faire rembourser deux jours après la fin du festival, la réduction de la validité dans le temps de la carte Cashless, le temps réduit pour se faire rembourser, l'existence d'une somme minimum sont autant de critères visant à augmenter les couts de transactions. Ils sont alors mis en place pour récupérer les crédits restants sur les cartes de paiement et donc faire en quelque sorte les poches des festivaliers.

On peut donc, à partir de là, faire quelques estimations. Il y a environ 40 000 personnes qui viennent aux Escales, si  50 centimes  sont récupérés par festivaliers, cela fait déjà 20 000 € de recettes supplémentaires pour les organisateurs. Cette estimation est sans doute basse.

Le système Cashless est alors  une machine à Cash pour les organisateurs. Compte tenu du nombre de festivals ayant mis en place ce système, les sommes ainsi récupérées doivent se chiffrer en million(s)

Enfin, on peut se demander si ce système ne ressemblerait pas, en partie, à une escroquerie au sens pénal du terme puisque les festivaliers remettent des fonds aux organisateurs en ayant été trompé sur l'usage. Dans l'exemple du festival des Escales de Saint-Nazaire, les festivaliers ont remis des fonds pour obtenir un moyen de paiement et ce dernier a été transformé, pour les sommes restantes,  en "don pour l'association les Escales".

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