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Billet de blog 30 avril 2022

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Mélenchon premier ministre ? Une hypothèse improbable à ce stade.

L’analyse et les projections des futures élections ne laissent guère de doute : l’Union populaire sera une force d’opposition, sans doute la première. Il manque encore un élargissement de sa base électorale pour obtenir une majorité. L’enjeu : les classes populaires.

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L’électorat manquant

Illustration 1

Nous pouvons construire ce genre de graphique à partir des données de IPSOS et en agrégeant les différents candidats selon leur proximité.

  • Bloc de gauche = Poutou, Arthaud, Mélenchon, Jadot, Roussel, Hidalgo
  • Bloc de droite = Macron, Pécresse, Lassalle
  • Bloc nationaliste = Marine le Pen, NDA, Zemmour

Le bloc le plus faible est l’Union populaire. Il faut donc avoir la victoire modeste et se poser la question du travail qui reste à fournir.

Profil du bloc de gauche :

  • Electorat jeune, féminin, classe moyenne (et classe sup), aux revenus inférieurs au revenu médian, diplômés et urbains
  • Les femmes étant surreprésentées chez les profs et les métiers de la santé et du social, cela pourrait expliquer la surreprésentation des cadres dans le vote pour l’UP
  •   Les marges de progression se situent alors plutôt dans les villes moyennes, et en direction des classes populaires.

Profil du bloc de droite :

  • Electorat âgé (fin de vie active) et surtout retraités (+ de 70 ans), classes supérieures, actifs occupés, fortement diplômés et fortunés, des villes moyennes et des grandes villes
  •   Il n’y a rien à attendre de ce bloc. Il s’agit du bloc bourgeois et conservateur de droite historique

Profil du bloc nationaliste

  • Salariés, des milieux populaires et des petites villes ainsi que des campagnes.

Si l'Union populaire veut devenir majoritaire elle doit donc conquérir cet électorat. C'est d'ailleurs le sens de l'interview de François Ruffin sur Mediapart. Il est cependant très difficile de détacher cet électorat du vote Marine Le Pen. En effet ce vote n'est plus un vote contestataire mais un vote culturel c'est à dire ancré dans les habitudes. Cela provient sans doute des mutations des milieux populaires analysées par Olivier Schwartz ou l’habituelle division du monde en 2 parties (« eux » et « nous ») s'est substituée une tripartition du monde : « eux »,  « nous »,  « les autres » ( les autres se situant donc en dessous du groupe : les « assistés », les « cas sociaux »…).

Illustration 2
CSP source INSEE 2021

Or à regarder la répartition de la population active, les milieux populaire (ouvriers + employés) forment 45% de la population active. 41% des femmes actives sont employées et 30% des hommes actifs sont ouvriers, et l’homogamie (la mise en couple avec des personnes proches socialement de soi) dans les milieux populaires demeure très élevée. C’est donc cet électorat que le bloc de gauche doit aller chercher s’il veut devenir majoritaire et gouverner le pays.

Je ne me penche pas sur le profil des abstentionnistes du premier tour qui forment quand même 26% de l’électorat. Mais on peut se dire que cet électorat, qui ne s’est pas déplacé au premier tour des présidentielles, ne le fera pas pour les législatives. Il faudra plus de temps que cela pour les mobiliser. Cependant, ce bloc, dans le futur, ne devra pas être négligé : plus de 42% des 18-24 ans ne sont pas allés aux urnes et 46% des 25-34 ans. Or c’est dans ces âges là que l’Union Populaire surperforme les autres blocs. De plus 1 ouvrier sur 3 ne s’est pas déplacé. Les retraités ont, comme à leur habitude, massivement voté. Le bloc de droite est donc sans doute au maximum de sa mobilisation, ce qui n’est pas le cas pour le bloc de l’union populaire.

Mélenchon premier ministre ? vraiment ?

Illustration 3

En prenant en compte l'ensemble des projections réalisée par Alessio Motta, et en admettant qu'elles soient vraies, quel que soit le scénario, nous pouvons conclure ceci :

  1. LREM obtient entre 160 et 330 députés
  2. Le Front national entre 100 et 270 députés
  3. L'Union populaire entre 50 et 215 députés

La majorité absolue se situe à 289 députés. L'Union populaire apparaît comme la force faible dans la tripartition de l'espace politique français. C'est d'ailleurs ce qui sortait du premier tour de la présidentielles nous sommes très loin d'être majoritaire et nous avons donc besoin d'élargir notre base et d'aller chercher d'autres électeurs.

Dans la moitié des scénarios, LREM obtient la majorité des sièges et peut gouverner tout seul. Dans les scénarios 4, 4 bis et 5 il faudrait que LREM fasse des alliances. Toute alliance avec l'Union populaire est impossible puisque les programmes sont diamétralement opposés. Par contre, les programmes économiques d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen sont, en partie, compatibles : poursuite de la politique de l'offre, plan de compétitivité, baisse des cotisations sociales, conditionnalité d'accès à la protection sociale…. Certains points, d'ailleurs, pouvant être l'objet de négociations, notamment la politique migratoire.

Conclusion

En résumé, si nous souhaitons que le bloc de l’union populaire devienne majoritaire, il reste du travail de conviction en direction des classes populaires et des abstentionnistes. Ne nous trompons pas, néanmoins, les performances électorales ne sont pas seulement affaire de diagnostic mais de dynamique. La dynamique de la campagne peut modifier la situation et faire mentir ces constats. Ce qui serait la meilleur nouvelle.  Bref, faisons mieux.

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