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Billet de blog 4 mars 2017

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MaJ - Cannabis : Réponse à Stéphane Gatignon et à quelques autres par R. Delanne

Il s'agit de la mise à jour d'un article de Robert Delanne "Cannabis: Réponse à Stéphane Gatignon et à quelques autres" visant à faire prendre conscience des enjeux et objectifs de la prohibition. Cet article, publié en 2011 pour la 1ère fois, prend d’autant plus de pertinence dans le contexte actuel de 2017 mais également en mémoire du Procureur de la République du Tribunal de Valence...

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Mise à jour - Cannabis : Réponse à Stéphane Gatignon et à quelques autres

par Robert Delanne

Cet article, publié en 2011 pour la 1ère fois, prend d’autant plus de pertinence dans le contexte actuel de 2017 mais également en mémoire du Procureur de la République du Tribunal de Valence,  Georges APAP. Georges APAP « qui osa, lors de son discours de rentrée solennelle en 1987, prendre une position claire en faveur de la dépénalisation du cannabis : une position qu’il maintiendra jusqu’à la fin de ses jours, avec la même rigueur argumentative, à l’opposé de la passion que suscitèrent pourtant les actes et les écrits de cet homme d’une discrétion remarquable. Le garde des Sceaux d’alors, Albin Chalandon, ne le lui pardonna pas, et c’est une véritable bataille qui s’engagea, dont G. Apap sortit reconnu dans son droit par ses pairs, la tête droite et haute comme elle n’avait jamais cessé d’être. » (sources Mediapart blog de Hélène FARGIER https://blogs.mediapart.fr/helene-fargier/blog/251113/hommage-georges-apap-1926-2013 )

De­puis 1970, la guerre to­tale de BUSH père contre la drogue a gagné l’Eu­rope, et, en France, les pou­voirs pu­blics se sont dé­chaî­nés pour créer au­tour de la drogue et des dro­gués un cli­mat de peur qui s’est tra­duit par une vé­ri­table chasse aux sor­cières. Il fal­lait convaincre les opi­nions pu­bliques que la pro­hi­bi­tion, as­sor­tie d’une ré­pres­sion mus­clée, était la seule so­lu­tion au pro­blème de la toxi­co­ma­nie et du tra­fic ; les dé­tour­ner de toute cu­rio­sité mal venue et en faire des com­plices puisque c’était pour leur bien !

Sui­vit une for­mi­dable cam­pagne de dés­in­for­ma­tion.

Mit­ter­rand, à l’oc­ca­sion des fêtes du bi­cen­te­naire, don­nait le ton : « …(de­vant)la puis­sance meur­trière des tra­fi­quants de drogue (qui) s’ins­tallent en pou­voir concur­rent des états et prennent rang dans les or­ga­ni­sa­tions in­ter­na­tio­nales du crime, il faut oser pen­ser et dire qu’au­cun com­pro­mis n’est pos­sible avec cette chaîne de cor­rup­tion, avec ces agents de la mort … » ……rou­le­ments de tam­bours……

Et dans la presse, quelques titres pris au ha­sard des man­chettes de pre­mières pages : « L’en­fer de la drogue », « Piège mor­tel », « au bout de l’en­fer », « La drogue tueuse ! », « les mar­chands de mort », « dans les griffes de la mort ! »….

Et les dé­cla­ra­tions of­fi­cielles, les média et une lit­té­ra­ture ra­co­leuse (plus c’est hor­rible plus ça fait vendre de pa­pier et d’heures d’an­tenne, Gé­rard Borg, Louis Sapin….qui furent mes amis) qui dé­crivent à l’envi le cal­vaire des dro­gués, les ter­ri­fiantes crises de manques…Pas une émis­sion, pas un texte of­fi­ciel n’y échappe.

Le ci­néma et les sé­ries té­lé­vi­sées amé­ri­caines de l’époque (1970/1990) ont battu tous les re­cords (même en­core au­jour­d’hui).

Et le ci­néma fran­çais n’était pas en reste. Cet ex­trait du film L’Union sa­crée de Alex Ar­cady, dans la bouche du com­mis­saire (Bruno Cré­mer) à ses ins­pec­teurs : « vous devez vous com­por­ter comme des croi­sés char­gés de dé­fendre le monde oc­ci­den­tal ! » (pour quand les bû­chers de l’in­qui­si­tion ?)

Ou en­core cet ex­trait d’un film de Georges Laut­ner, Pré­sumé dan­ge­reux : « C’est de l’hé­roïne, mon­sieur Lepsky (Mi­chael Bran­don) , elle aura une pi­qûre toutes les 4 heures ; dans deux jours elle sera to­ta­le­ment dé­pen­dante de la drogue ; et si on ar­rête, elle nous dira tout ce qu’on veut sa­voir » (j’ai eu l’oc­ca­sion d’in­ter­ro­ger de nom­breux toxi­cos, ce genre de ré­pliques les fai­sait plu­tôt rire. L’un d’eux, po­li­toxico de­puis plus de 20 ans m’a même dit : « oh oui, j’ai vrai­ment connu le manque quand j’avais pas dix balles pour m’ache­ter un pa­quet de clopes ! »)

Le dro­gué, épave ha­garde, l’ab­ject tra­fi­quant cy­nique as­sas­sin, les flics hé­roïques, se re­trouvent dans tous les thril­lers. Ou presque.

Les ‘bons gang­sters’ eux-mêmes s’en dé­marquent. Voir Le Par­rain. Le meurtre, le vol, l’al­cool de bois, le ra­cket, le viol, oui. Mais le dro­gué ? Ah non ! Pas se salir les mains. « On a beau être voyou , on a sa mo­rale !! … pas vrai, Aldo ? » _ « Sûr ! Morty » (de pierre Dac dans Mal­heur aux bar­bus.

Sans ou­blier les confes­sions de dro­gués ré­pon­dant aux cri­tères of­fi­ciels.

En quelques dé­cen­nies, c’est un vé­ri­table ter­ro­risme qui s’est mis en place et qui ferma la porte à toute ten­ta­tive de re­cherche d’une autre so­lu­tion.

Et cette ma­ni­pu­la­tion du pu­blic a at­teint son but : créer la peur et ou­vrir la voie au « tout sé­cu­ri­taire ». Et au ren­for­ce­ment des pou­voirs po­li­ciers qu’on dé­plore au­jour­d’hui.

Goe­bels a dit un jour : « un men­songe ré­pété mille fois de­vient une vé­rité ». Et quand on aborde le sujet, les gens vous res­sortent comme évi­dents des cli­chés mé­dia­ti­que­ment ré­pé­tés des mil­liers de fois. Et quand Da­niel Vaillant ex­plique que le 15 juin il pré­sen­tera sur le can­na­bis un rap­port qui est le fruit du tra­vail d’une di­zaine de par­le­men­taires qui ont au­di­tionné des po­li­ciers, des ma­gis­trats, des so­cio­logues, des ad­dic­to­logues et des…’ma­la­des’… Pour­quoi des ma­lades ? Ça me rap­pelle les dis­cours d’il y a 30 ans. ’Des usa­gers’ eut mieux convenu. Mais un fu­meur de can­na­bis est obli­ga­toi­re­ment « un ma­lade » dans l’es­prit d’un an­cien pro­hi­bi­tion­niste. Les cli­chés ont la vie dure et j’ai par­fois l’im­pres­sion que ces mes­sieurs ne pensent pas. Ils ré­pètent. (dans une in­ter­view à l’Hu­ma­nité, J.E. Hal­lier a dit in jour : « la pire des cen­sures est celle qui ré­sulte d’un ac­cord avec soi-même du jour­na­liste dé­cer­velé qui de­vance les ordres qu’on n’a même plus be­soin de lui don­ner »)

Mais cette faute de vo­ca­bu­laire laisse mal au­gu­rer de dé­bats à venir. Il y a dans les têtes trop de pré­ju­gés et de fan­tasmes mal­sains sur les drogues.

Si j’ai com­mencé par un aperçu de ce que fut la mé­dia­ti­sa­tion anti drogue des vingt pre­mières an­nées de la pro­hi­bi­tion, c’est qu’elle fait peser une lourde hy­po­thèque sur tous les dé­bats à venir (s’il y en a). Car les es­prits res­tent pro­fon­dé­ment pol­lués. Et je ne crois pas qu’il puisse y avoir un réel chan­ge­ment dans la po­li­tique des drogues sans une réelle pres­sion po­pu­laire. Mais cette pres­sion po­pu­laire n’exis­tera ja­mais sans que la po­pu­la­tion soit in­for­mée sur ce qu’est vé­ri­ta­ble­ment la pro­hi­bi­tion, ses en­jeux, qui en pro­fite, les in­té­rêts in­avouables qu’elle masque, et que la po­pu­la­tion soit aussi in­for­mée de ce que sont les drogues, leur rôle dans l’his­toire de l’hu­ma­nité, leurs dan­gers et aussi leurs bien­faits. ( mais oui !)

Ren­voyons le diable à la niche.

Et dans le même temps où le pou­voir pol­luait les es­prits, nous, anti-pro­hi­bi­tion­nistes, nous nous bat­tions contre cette pro­hi­bi­tion que la com­mis­saire eu­ro­péenne Emma Bo­nino nom­mait, preuves à l’ap­pui, « crime contre l’hu­ma­nité ».

Pen­dant plus de 20 ans il y en eut des dé­bats contra­dic­toires, des confé­rences où chaque fois nous dres­sions le même in­ven­taire sans cesse remis à jour des mé­faits de la pro­hi­bi­tion, dé­non­çant en vrac la cor­rup­tion des états, de cer­tains po­li­tiques, des ser­vices spé­ciaux, les in­com­pé­tences et les ab­sur­di­tés du sys­tème pro­hi­bi­tion­niste, l’idio­tie des lois de 1970, la ré­pres­sion fé­roce et in­utile, les lois li­ber­ti­cides, les vio­la­tions des règles des ju­ri­dic­tions cor­rec­tion­nelles, la du­pli­cité des U.S.A., l’échec an­noncé d’une guerre im­bé­cile et ses consé­quences dans la so­ciété.

A perte de vue nous avons dé­battu sur les dan­gers ou l’in­no­cence de cer­taines drogues, dé­noncé l’amal­game fait entre usage et abus.

Nous avons usé de l’iro­nie, du bon sens.

Mais en fin de compte nous nous sommes bat­tus sur leur ter­rain au cours de dé­bats tru­qués où, à notre bon sens, à nos ar­gu­ments avé­rés, ils op­po­saient l’émo­tion, la tra­gé­die des fa­milles de dro­gués, le FLEAU, nos en­fants me­na­cés. Nous avons joué leur jeu quand nous di­sions que pour abattre le fléau et la puis­sance des car­tels il fal­lait sup­pri­mer la pro­hi­bi­tion, ad­met­tant de facto l’exis­tence du fléau et des car­tels. Mais quel fléau ? quels car­tels ?

Nous avons tenu notre rôle dans le psy­cho­drame po­li­tique ha­bi­tuel de­vant un pu­blic anes­thé­sié par une hys­té­rie mé­dia­tique anti-drogue digne des chasses aux sor­cières du moyen âge .

Après quelques an­nées d’un si­lence re­la­tif le débat re­dé­marre sur fond de pro­blèmes sé­cu­ri­taires.

Alors que nous sommes à la veille d’élec­tions ca­pi­tales pour notre ave­nir, il me sem­blait que ces dé­bats sur drogue /pro­hi­bi­tion fai­saient un peu di­ver­sion et je ne vou­lais m’en mêler.

Mais à la longue, tout ce que je lis et en­tends sur le sujet me râpe le cuir, aussi bien la naï­veté et ap­pa­rem­ment l’in­cul­ture des anti-pro­hi­bi­tion­nistes que les men­songes des pro­hi­bi­tion­nistes. C’est le même psy­cho­drame de­puis 41 ans.

De plus, dans l’ac­cent mis au­jour­d’hui sur l’as­pect sé­cu­ri­taire du pro­blème, je sens venir les pires me­naces sur nos li­ber­tés, sur la dé­mo­cra­tie, et de plus, si j’en juge par cer­taines dé­cla­ra­tions de per­son­na­li­tés de gauche (je ne parle pas des so­cia­listes) avec notre com­pli­cité.

De­puis 40 ans, on nous fait croire que la drogue et la toxi­co­ma­nie posent un grave pro­blème de santé pu­blique, et qu’in­ter­dire les drogues est le de­voir im­pé­ra­tif des gou­ver­ne­ments res­pon­sables, de tout mettre en œuvre pour éra­di­quer le fléau. De­voir moral !! Au­jour­d’hui, c’est notre sé­cu­rité, nos vies, nos biens qui sont me­na­cés.

Et comme le pro­blème est posé à l’en­vers, le pu­blic risque de mar­cher.

De­puis 40 ans, le pos­tu­lat de dé­part est que la drogue, la toxi­co­ma­nie sont une me­nace pour nos so­cié­tés. Or, l’his­toire prouve que les drogues et la toxi­co­ma­nie ne sont de­ve­nues pro­blèmes qu’avec la pro­hi­bi­tion.

(Qui sait par exemple qu’en 1970, date des lois pro­hi­bi­tion­nistes, il y avait moins de toxi­co­manes qu’en 1930. cf les ar­chives de la po­lice)

En 2003, deux études pa­rues dans « COM­BAT » ex­pliquent avec une grande ri­gueur his­to­rique com­ment les choses se sont pas­sées pour en ar­ri­ver à la si­tua­tion ac­tuelle.

Comme je suis pa­res­seux (avec dé­lice), je ne vais pas re­dé­ployer l’ex­pli­ca­tion, je vous joins les textes en PJ .

Pour les pa­res­seux (et j’es­père qu’il y en a), voici un bref ré­sumé de ce qu’on y trouve :

- outre l’his­toire des drogues et de la pro­hi­bi­tion, com­ment les USA ont uti­lisé la pro­hi­bi­tion de l’opium pour af­fai­blir la GB en Asie, prendre sa place dans l’Océan Pa­ci­fique, pour af­fai­blir les la­bo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques eu­ro­péens et dé­ve­lop­per leur propre in­dus­trie phar­ma­ceu­tique, com­ment ils ont uti­lisé les drogues et la pro­hi­bi­tion dans leur lutte contre le com­mu­nisme…et bien d’autres joyeu­se­tés to­ta­le­ment im­mo­rales et tel­le­ment ren­tables…

Il y est dé­mon­tré pour­quoi la pro­hi­bi­tion n’a ja­mais eu pour but de pro­té­ger les po­pu­la­tions mais a au contraire dy­na­misé les tra­fics et les toxi­co­ma­nies. Com­ment la pro­hi­bi­tion pousse les usa­gers à des conduites à risques par peur de la po­lice (sida, hé­pa­thite C) ?...

Les over­doses par les cou­pages in­con­trô­lables …l’ex­plo­sion des drogues de syn­thèse qu’on peut même fa­bri­quer dans sa cui­sine (une bro­chure « com­ment les fa­bri­quer chez soi » était en­core il n’y a pas long­temps ven­due en kiosque aux USA (au­jour­d’hui ??). Et qui sont cent fois plus dan­ge­reuses que les drogues clas­siques par leurs ef­fets ir­ré­ver­sibles sur le sys­tème ner­veux et les pou­mons.

Il y a quelques jours à la télé, un im­bé­cile pon­ti­fiant di­sait sans rire : « la pro­hi­bi­tion et la ré­pres­sion, ça marche. La preuve, en An­gle­terre, il y a de­puis quelques temps une baisse de la consom­ma­tion de drogues » (après 40 ans de pro­hi­bi­tion !!!). Il ou­bliait de dire que l’al­coo­lisme des jeunes y aug­mente de façon in­quié­tante. Car la toxi­co­ma­nie n’est pas af­faire d’un pro­duit mais re­lève de pro­blèmes re­le­vant des dys­fonc­tion­ne­ments de la so­ciété. J’en ai connu des poli-toxi­cos qui, quand ils ne trou­vaient pas leur hé­roïne, se dé­fon­çaient à l’al­cool, ou à l’éther, ou à la colle…(ah, j’ou­bliais : l’im­bé­cile pon­ti­fiant était un cri­mi­no­logue ‘dis­tin­gué’ !...)

Mais sur­tout, il ne faut ja­mais l’ou­blier, de­puis 1970, la pro­hi­bi­tion a été uti­li­sée pour mul­ti­plier les lois li­ber­ti­cides sé­cu­ri­taires avec l’ac­cord de la po­pu­la­tion qu’ils ont convaincu que c’était pour son bien ! Le pou­voir fait la même chose avec le ter­ro­risme. Même com­bat contre la dé­mo­cra­tie.

Et, dans L’Hu­ma­nité du pre­mier juillet, dans la ru­brique « so­ciété » je lis :

« SIX PRO­PO­SI­TIONS POUR SE­VRAN.

(Elles viennent de Fran­çois Asensi dé­puté et maire com­mu­niste de Trem­blay-en-France)

Créer au sein du mi­nis­tère de l’in­té­rieur une cel­lule de ren­sei­gne­ment et d’in­ter­ven­tion dé­diée au tra­fic de drogue à Se­vran. Ainsi que le ren­for­ce­ment des ef­fec­tifs de la bri­gade spé­ciale de ter­rain. Il pré­co­nise la pré­sence per­ma­nente des forces de po­lice et la mise en place d’un dis­po­si­tif de vi­déo-sur­veillance. »

Ah ! au­rait pu dire Co­luche, que voilà une so­lu­tion qu’elle est bonne et qui fera va­che­ment plai­sir à Sar­kozy : tou­jours plus de fli­cage, tou­jours plus de ré­pres­sion !...​Alors qu’on ne fait que ça de­puis 41 ans et qu’on sait que ça ne marche pas. Le tra­fic cher­chera une zone plus calme et conti­nuera de plus belle.

Bien sur, Asensi dit aussi, et il a rai­son, que la ques­tion so­ciale est au centre des pro­blèmes de sé­cu­rité et qu’il faut s’at­ta­cher à la lutte contre le chô­mage, contre les in­jus­tices fis­cales, au ren­for­ce­ment des ser­vices pu­blics…mais la po­pu­la­tion re­tien­dra sur­tout la pre­mière pro­po­si­tion (flics/vi­déo-sur­veillance) pro­messe im­mé­diate de plus de sé­cu­rité. Et j’y vois un dan­ger pour l’ave­nir.

En s’at­ta­quant à la dé­lin­quance liée au tra­fic, on s’at­taque aux ef­fets, non à la cause du pro­blème : la pro­hi­bi­tion. Et ainsi on fait le jeu des pro­hi­bi­tion­nistes. C’est d’ailleurs ce qu’on fait de­puis 40 ans en dé­non­çant la pro­hi­bi­tion pour ses consé­quences, et ja­mais pour ce qu’elle est : l’un des ou­tils que les do­mi­nants uti­lisent pour pé­ren­ni­ser leur do­mi­na­tion. Et un outil ter­ri­ble­ment ef­fi­cace puis­qu’il agit avec l’ac­cord-com­plice-in­cons­cient de la po­pu­la­tion qu’ils ont convaincu que c’était pour son bien .

De­puis 40 ans, leurs men­songes ont pol­lué les es­prits et le pu­blic ne voit qu’une chose : les drogues et les tra­fics sont res­pon­sables de leur in­sé­cu­rité, et ils ré­clament da­van­tage de ré­pres­sion. Et même si de plus en plus de Fran­çais re­con­naissent que la pro­hi­bi­tion est un échec, ils l’at­tri­buent da­van­tage à l’in­suf­fi­sance des moyens mis en œuvre qu’au fait que c’est la pro­hi­bi­tion elle-même qui nour­rit l’in­sé­cu­rité ; le chô­mage et la mi­sère n’ap­pa­rais­sant qu’au se­cond plan comme ag­gra­va­tion du pro­blème.

Et si, au point où on en est ar­rivé au­jour­d’hui, je peux com­prendre que Asensi ré­clame plus de flics et plus de vi­déo-sur­veillance, je pense qu’il trompe sa po­pu­la­tion en pro­po­sant des so­lu­tions qui ne ré­sou­dront rien (c’est ce qui se fait de­puis 40 ans avec les ré­sul­tats que l’on sait) s’il n’ex­plique en même temps le rôle de la pro­hi­bi­tion dans ses mal­heurs et le rôle qu’elle joue entre les mains du pou­voir.

Le pu­blic a le droit de sa­voir, de com­prendre les ‘pour­quoi’ de ce qui lui ar­rive, et nous le de­voir de lui don­ner tous les élé­ments du pro­blème et, en ne le fai­sant pas, on le main­tient dans le sta­tut d’as­sisté . Et en plus, dans le cas pré­sent, on pé­ren­nise une arme uti­li­sée contre lui.

Ro­bert De­lanne (robert.delanne@laposte.net) , le 4/3/2017

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