
Ceci est ou devient un "Esperpento"
lorsque un ministre en fonction d'une démocratie occidentale, à la tête du ministère de l'Intérieur, octroie la plus haute décoration honorifique au mérite policier à une idole en stuc!
ou alors...,
respectons l'image et les croyances anachroniques et déclarons que c'est le ministre, lui-même qui est ou devient "Esperpéntico"!
L'image bucolique quant à elle, la pauvre innocente... elle n'a rien fait ni essayé par exemple pour venir en aide à ces quinze personnes que bien vivantes à encore quelques kilomètres des côtes espagnoles en sont mortes (certaines tuées(?)) au moment de les atteindre...
Cette distinction est accordée à cette image en stuc parce que, selon les propres paroles du ministre, membre de l'Opus Dei: "les valeurs de solidarité, dévouement, sacrifice qu'"elle" partage avec les policiers qui forment ce corps institutionnel dédié à l'aide et au secours des citoyens..."
Tiens! La dévotion ou évocation abstraite d'une spiritualité personnelle, de foi et croyances respectables lorsqu'elles ne sont pas utilisées comme délire "esperpéntico" d'Etat, cette icône vénérée au Pérou (qui a son histoire délirante, elle aussi) fut introduite en Espagne, comme par hasard, par Don(Saint) José María Escrivá de Balaguer, fondateur de l'Opus Dei, pour demander à la vierge "...vertu, Sainte Purification, amour chaste et propre que le filles et fils de Marie, célibataires ou mariés se doivent de tenir..."
Mais qu'est-ce que c'est donc que "El esperpento"?
Si l'étymologie et origine du mot "esperpento" ne sont pas encore bien définies, le dictionnaire espagnol précise ses acceptions :
m. Fait grotesque ou disparate, discordant.
m. Style littéraire crée par Ramón del Valle-Inclán, écrivain espagnol de la "génération du 98" qui déforme la réalité, mettant en relief les traits grotesques, poussant l'élaboration très personnelle du langage familier, des expressions cyniques et/ou de l'argot.
m. Personne ou chose remarquable par sa laideur, mauvaise tenue ou présentation.
C'est, donc, del Valle-Inclán dans son œuvre littéraire qu'introduit la métaphore des miroirs concaves ou convexes (Luces de Bohemia, Martes de Carnaval, par exemple) pour satiriser l'image de la société espagnole de l'époque, notion du grotesque tragi-comique qui continue d'être valable à travers l'histoire de XXème et, hélas, de son XXIème siècle à l'évidence.
C'est une manière de voir et d'analyser le monde, une déformation grotesque, une photographie qui reflété une réalité dont l'on détourne le regard, l'on essaie d'ignorer l'absurde; les personnages littéraires sont présentés comme des marionnettes de tragi-comédies. L'écrivain humanise les animaux et animalise les humains. Il tente aussi de désacraliser les valeurs littéraires et artistiques que durant siècles sont presque imposées par le(s) pouvoir(s) dominant(s), à savoir, Eglise et Monarchie.