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Billet de blog 7 septembre 2010

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"Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du C N de la Résistance" Denis Kessler

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"Face à l'inacceptable, résister"

par Salim Abdelmadjid : Membre du Parti socialiste et de la Fondation Jean-Jaurès
Née en 1982. Agrégé de philosophie. Ses travaux de recherche et d'enseignement (à Paris-I et Paris-IV) portent sur le "concept d'Afrique" :

"Depuis le soir du 6 mai 2007, nous sommes un peu plus de quelques-uns à nous considérer comme des résistants. Jusque-là, nous avons tenu : nous avons encaissé le coup et nous l'endurons depuis avec constance. Mais nous n'avons pas encore produit l'impulsion nécessaire au renversement des forces.

L'une des expressions les plus communes et les plus fréquentes de cette latence est une certaine gêne que nous sommes nombreux à avoir ressentie ces dernières années. C'est celle que nous éprouvons, par exemple, quand confrontés à un nouvel acte odieux, nous nous raidissons, nous élevons la voix, parfois même nous crions, et que nous trouvons à côté de nous quelqu'un pour nous dire à peu près ceci : "Du calme, tout de même, nous ne sommes pas en situation de fascisme."

(...)

Résister, ce ne peut pas être seulement intervenir au moment du débordement, ce ne peut être que résister continuellement à la sédimentation de l'inacceptable puis, s'il déborde, continuer encore. A ce point de vue, il est logique que, symétriquement, Denis Kessler, ex-numéro deux du Medef, par exemple, s'enthousiasmant des premiers mois de présidence de M. Sarkozy, ait pu écrire, dans une tribune (Challenges, 4 octobre 2007) ceci : "Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !"

(...)

Ces quelques exemples le montrent assez : l'opérateur de la sédimentation de l'inacceptable...

(...)

Ainsi le programme du Conseil national de la Résistance : "La Résistance n'a pas d'autre raison d'être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée" pour "instaurer, dès la libération du territoire, un ordre social plus juste". C'est que, résister, fondamentalement, c'est faire sens. Cela signifie par exemple que, pour les organisations de résistance existantes - partis, syndicats, associations, collectifs -, il serait absurde de croire pouvoir élaborer un programme politique selon l'ordre des thèmes retenus par les médias dans "l'actualité", ou selon l'ordre du calendrier de l'UMP, ou selon quelque ordre que ce soit qui n'ait pas d'abord été fondé en raison.

C'est ici, sans doute, que nos résistances auront le plus conscience de leur diversité. Solitaires ou collectives, anonymes ou publiques, scientifiques, artistiques ou directement militantes, à la lampe d'un bureau, dans les rues des villes, en réseaux, en collectifs, en associations, en syndicats, en partis, en livres, en articles, en discours, en grèves, en votes, silencieuses ou tapageuses, pour une cause singulière ou pour toutes les causes à la fois, de l'extrême gauche au centre et même à la droite où des citoyens encore se conçoivent comme des résistants, un refus nous unit pourtant : non pas celui de la personne de M. Sarkozy, qui a peu d'importance, mais de ce dont Sarkozy est le nom (...), cette certaine alliance du capitalisme, du nationalisme, du sécuritarisme, de l'autoritarisme et de la vulgarité. Unis par un même refus, pouvons-nous maintenant nous unir en une même affirmation ? C'est nécessaire : face à un bloc, si le harcèlement est indispensable, il n'est pas suffisant ; il y faut à la fin opposer une union et une unité d'action. La situation, qui est notre repère commun, peut être le vecteur de notre unité.

(...) "

http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/09/04/face-a-l-inacceptable-resister_1406711_3232.html

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