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Billet de blog 12 mars 2011

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Vagabondages d'Eduardo Galeano, au nom des pauvres: "Le monde ne sera plus en guerre contre les pauvres mais contre la pauvreté"

Par l'auteur des "Veines Ouvertes de l'Amérique Latine" .« Publier Eduardo Galeano, c’est publier l’ennemi, l’ennemi du mensonge, de l’indifférence, et surtout l’ennemi de l’oubli. Grâce à lui, on se souviendra de nos crimes. Sa tendresse est dévastatrice et sa sincérité est furieuse. »- John Berger

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Par l'auteur des "Veines Ouvertes de l'Amérique Latine" .

« Publier Eduardo Galeano, c’est publier l’ennemi, l’ennemi du mensonge, de l’indifférence, et surtout l’ennemi de l’oubli. Grâce à lui, on se souviendra de nos crimes. Sa tendresse est dévastatrice et sa sincérité est furieuse. »

- John Berger

Essayiste, journaliste, chroniqueur, historien, poète et conteur, Eduardo Galeano, né en 1940 à Montevideo, est un clairvoyant analyste de l’histoire de l’Amérique latine. Exilé des dictatures uruguayenne et argentine, il a vécu en Espagne avant de retourner en Uruguay en 1985 où il vit aujourd’hui. Son oeuvre franchit les frontières entre les genres comme elle traverse celles des pays qu’il évoque. Dans ses écrits, la poésie, l’histoire, la politique se relaient pour donner vie à un style unique et hybride, reflet de l’inouïe richesse du monde.

D'autres vagabondages de Galeano, qui prend ici la parole pour répondre, au nom des pauvres, à la politique du FMI:

"Les Nations Unies ont proclamé de longues liste de Droits Humains, mais l'immense majorité de l'humanité n'a d'autre droit que celui de voir, écouter et se taire. Et si nous utilisons l'un des droits humains: le droit au rêve, le droit au délire, au de-là de l'infamie, l'espace d'un instant, pour deviner un autre monde possible?:

"L'air sera propre de tout poison autre que celui venant des peurs humaines"

"La TV ne sera plus le membre le plus important de la famille"

"Le gens travailleront pour vivre au lieu de vivre pour travailler"

"Les économistes n'appelèront plus niveau de vie au niveau de consommation"

"Le politicien ne croira plus que les pauvres aiment manger de promesses"

"Le monde ne sera plus en guerre contre les pauvres mais contre la pauvreté"

"Personne ne mourra plus de faim, parce que personne ne mourra plus d'indigestion"

"Les enfants de rue ne seront plus traités comme de déchets parce qu'il n'y aura plus d'enfants de rue"

"L'Education ne sera plus le privilège de ceux qui peuvent l'acheter et la police ne sera pas la malédiction de ceux qui ne peuvent pas l'acheter"

"La Sainte Eglise Catholique rectifiera les erreurs de ses Tables et le sixième commandement ordonnera de fêter le corps"

"Elle ajoutera aussi un commandement que Dieu avait oublié: "Tu aimeras la Nature parce que toi, tu fais partie de la Nature"

"La perfection continuera d'être l'ennuyeux privilège des dieux mais dans ce monde, ici bas, chaque nuit sera vécue comme si elle était la dernière et chaque jour comme s'il était le premier"

Encore d'autres vagabondages, quelques réponses (sorties de son contexte) à Ana Delicado lors d'un entretien:

"Un de mes enseignants, don Carlos Quijano, avait l’habitude de dire : « Tous les péchés ont une rédemption. Tous sauf un. Il est impardonnable de pécher contre l’espoir ». Avec le temps j’ai appris combien il avait raison."

" Il est nécessaire de récupérer la diversité pour célébrer le fait que nous sommes plus que ce qu’ils nous ont dit."

"Toute unité fondée sur l’unanimité est une fausse unité qui n’a pas d’avenir. La seule unité digne de foi est l’unité qui existe dans la diversité et dans la contradiction de ses différentes parties. Il y a un triste héritage du stalinisme qu’on a appelé "socialisme réel" tout au long du 20eme siècle, cela a trahi l’espoir de millions de personnes justement parce qu’on a imposé ce critère selon lequel l’unité c’est l’unanimité. On a confondu ainsi la politique avec la religion. On a appliqué des critères qui étaient habituels dans les temps de la Sainte Inquisition, quand toute divergence était une hérésie digne de punition. Ceci est une négation de la vie. C’est une sorte de cécité qui t’empêche de te mouvoir parce que le moteur de l’histoire humaine est la contradiction."

"En tout cas, il ne faut pas avoir peur de la vérité de la vie. Il faut la célébrer, parce que le meilleur de la vie c’est sa diversité. Le système qui domine la planète nous propose une option très claire. Il te faut choisir : mourir de faim ou d’ennui. Moi, je ne veux mourir d’aucun des deux. Le système dominant d’aujourd’hui nous impose une vérité unique, une voix unique, la dictature de la pensée unique qui nie la diversité de la vie et qui par conséquent la rétrécit et la réduit à presque rien. Le meilleur dans ce monde c’est la quantité de mondes qu’il contient(...)"


"L’art de raconter est né de la peur de mourir. C’est dans les mille et une nuits. Chaque nuit, Sherazade racontait une nouvelle histoire pour un nouveau jour de vie. Mais je crois aussi que la peur de vivre est pire que la peur de mourir. Et il me semble que la question, dans ce monde-ci et à cette époque-ci, est celle-là : la peur de se souvenir, la peur d’être, la peur de changer. C’est-à-dire la peur de vivre."

"Les assassins de la planète versent de temps à autre une larme pour que l’on sache qu’ils ont un petit coeur, eux aussi. Mais c’est du pur théâtre. Ils savent bien que les modèles de vie d’aujourd’hui, qu’ils imposent, sont des modèles de mort. Je me demande vers quelle planète iront ceux choisis par le Seigneur quand ils auront fini d’exploiter la Terre jusqu’à la dernière goutte."

Entretien complet ici: http://www.legrandsoir.info/L-Amerique-Latine-exorcise-la-culture-de-l-impuissance.html

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