Je choisis de placer en position liminaire, et j’insisterai au long du billet tout en saluant la performance littéraire de son auteur qui réussit à faire célèbre en moins de vingt-quatre heures une phrase sortie de son imagination de non-romancier, ni philosophe, ni ethnologue (à ma connaissance) mais de journaliste spécialisé de la droite française, phrase reprise par tous les journaux, blogs et tout ce qui compte voulant se faire lire sur le web, comme fer de lance pour réussir le nouveau ségobashing, encore une fois.
Cette phrase, donc, mise en bouche de Ségolène Royal:
“Elle s’appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là. Elle doit assumer son identité et en être fière.”
n’est pas une phrase de Madame Royal
mais l’extrapolation perverse ou innocente (je penche par la première option même s’il n’avait pas imaginé son jour de gloire enfin arrivé) du journaliste, Saïd Mahrane, auteur de l'article sur Le Point. Pour les courageux et courageuses allez lire l’article à l’origine pour vérification de mes dires:
http://www.lepoint.fr/politique/le-defi-secret-de-najat-vallaud-belkacem-26-07-2012-1490251_20.php
Ce qui est curieux c’est que les journaux nationaux qui s’en sont emparés et empressés de diffuser la désinformation, et qui encore une fois montrent le peu de cas qu’ils font de ce qu'ils publient, origine des sources ou la vérifications des infos - si l'on peut appeler "ça" une info - une fois que le buzz a commencé ne soient pas pressés de rectifier le tir...
Ah, oui... c’est de Ségolène Royal qu’il s’agit! Les serviteurs soumis au néolibéralisme triomphant ne vont pas contrarier leurs donneurs d’ordres, n’est-ce pas? Et pour ces donneurs d'ordres, l'hérétique il faudrait qu'elle soit salie, enfoncée et écrasée maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles, amen.
- Un peu de tolérance est demandée à toutes les Claudines Dupont de France et de Navarre qui revendiquent cet honneur, oui, je sais qu'il y en a aussi des Claudes au masculin qui en sont touchés également, et nous les "Claudines" nous leur en sommes reconnaissantes de cette fraternité qui préconise d'un meilleur avenir, lointain, très lointain. -
L’extrapolation du journaliste est sa conclusion personnelle, élucubration donc, qu'il place savamment à la suite de plusieurs déclarations de Ségolène Royal parlant de Najat, sauf que ces déclarations ne sont pas présentées dans l’ordre dont elles ont été faites ni dans le contexte de l’entretien. Déclarations dont il s’en est servi avec une certaine maîtrise, perverse(?), c’est évident, pour arriver à la placer, sa conclusion, qui semble du coup être l'objet du paragraphe consacré à Royal au milieu de son article dédié à Najat.
Il dit ainsi:
“En clair : “Elle s’appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là. Elle doit assumer son identité et en être fière.”"
Mais, soyons justes, ce n'est pas lui qui a fait gonfler le buzz, ni fait d'une élucubration une vérité presque d'Etat.
Nos guides des temps modernes sont des "experts", polémistes, chroniqueurs, des "sachants" qui tout en ne sachant pas grand chose occupent l'espace médiatique pour le plus grand bonheur d'une grande partie des citoyens qui eux ne veulent rien savoir.
Et les médias dans tout ça? Ah, les médias, presse et antennes radio ou Télé... ils ont oublié ce qu'est la vérification des sources; dans ce cas précis, il suffisait d'un clic, bien planquées les fesses sur leur fauteuil, pour effectuer une lecture rapide, mais encore il faut le vouloir et puis après, savoir lire...
Cette affaire qui n'en est pas une confrontée à toutes les épées que la rapacité néo-libérale tient suspendues au dessus de nos têtes, mais qui à mes yeux en devient une, d'affaire, tout de même, parce que c'est la manifestation évidente de la déviance consentie de la Démocratie, consentie par nous tous.
Qu'il s'agisse de Madame Royal et de tout autre, c'est clair qu'en France tout celui ou celle qui osera nommer les choses, qui prétendra décliner à sa façon ce que sont devenus les enjeux du pouvoir et sa bascule du pouvoir citoyen, à savoir de l'Etat - l'Etat c'est nous - vers les cercles de l'argent et du profit rapide, de la corruption et du trafic des ressources de la planète, trouvera des chevaliers servants des temps modernes, des journalistes, dans son chemin. C'est le quatrième pouvoir, qui vient après Phynance, Marché, Spéculation...
Tout ceux et celles qui connaissent Ségolène Royal ne s'y laisseront pas prendre par cette malveillance, c'est vrai.
Parce que cette phrase, donc, mise en bouche de Ségolène Royal:
“Elle s’appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là. Elle doit assumer son identité et en être fière.”
non seulement n’est pas une phrase de Royal mais elle est tellement éloignée de sa réalité humaine que la confusion devient presque ridicule, oui.
Mais lorsque l'on voit l'ampleur et les vociférations, nous savons tous que cette phrase restera accrochée et ternira son image à long terme. Elle l'est déjà sur internet, nouveau historique de l'Humanité.
Et c'est le bout.
Encore une fois, une réussite.
Ne soyons pas naïfs. Encore un autre exemple:
La dame du Président du changement, journaliste de droite elle aussi, mais déléguée en son temps par le fleuron du journalisme français, Paris Match, pour suivre le parti socialiste, c'est au moins ce que l'on raconte, personnellement je n'avais jamais rien lu produit de sa plume, elle aussi a réussi son coup tordu: dorénavant les bonnes langues lorsqu'elles veulent parler de dame Tweetmachin, y associent Madame Royal à son méfait, tout comme si elle était à son origine.
Je rend hommage ici et je m'identifie, solidaire, à toutes les Claudines Dupont comme à toutes les Shéhérazades que patiemment vivent et parfois survivent, sans pousser de coudes ni se laisser pousser, comme des individus humains avec un destin à accomplir et un chemin de vie, poussière de poussière invisible dans l'espace temps, à parcourir, mais qui est leur chemin!