Matahi Drollet, surfeur et spécialiste de la vague de Teahuppo, n’a de cesse de nous alerter sur l’impact négatif de cette construction sur l’écosystème marin de la zone : « les risques sont simples et désastreux : destruction du récif et impact très néfaste sur l’écosystème marin qui pourrait stresser toute la vie marine et propager ce qu’on appelle la ciguatera […], une maladie qui empoisonne tous les poissons. Teahupo’o est un village de pêcheurs, qui mangent leurs poissons et vivent de leur vente ». La mobilisation ne cesse d'ailleurs de croître depuis maintenant trois semaines. Si, aux dires d’Anne Hidalgo, ces JO sont censés accélérer la transition écologique de Paris - ce qui reste encore à prouver - ils risquent très certainement d’accélérer la destruction de la faune et de la flore à l’autre bout du monde. Tout l’inverse d’une démarche environnementale responsable.
Mais nous n’en sommes plus à un scandale près !
Les scandales s’enchaînent. Quand ce n’est pas la rémunération de certains membres du comité qui est en cause, c’est le déménagement forcé de certains étudiants de leur logement, la destruction des jardins ouvriers d’Aubervilliers, la bétonisation de l'Aire des vents à Dugny ou encore la construction à Saint-Denis d’un échangeur autoroutier à proximité d’un groupe scolaire qui marquent l’actualité et donnent parfois lieu à des mobilisations.
L’argument selon lequel ces Jeux olympiques auront un bon bilan carbone est discutable. 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2 c’est certes deux fois moins que les Jeux de Londres et de Rio, mais il s’agit surtout 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2 de plus et donc de trop. En outre, cette estimation faite par les organisateurs et non par une agence indépendante est caution discutable.
La vraie question que posent ces Jeux est : est-il possible d’imaginer des Jeux Olympiques écologiquement soutenables ? Est-ce qu’il n’y a pas une contradiction entre la logique même des JO, toujours plus grands, avec toujours plus de sponsors, de spectateurs et de sportifs et les exigences de la transition écologique ? Est-ce qu’il est possible avec les Jeux Olympique d’éviter l’accélération de la spéculation immobilière, de la bétonisation, l’augmentation de la pollution ?
La Cour des Comptes estime que ces Jeux Olympique pourraient coûter en termes de dépenses publiques à l’État et aux collectivités locales autour de 3 milliards d’euros. Est-ce que ces 3 milliards d’euros n’auraient pas été mieux utilisés s’ils avaient été investis directement pour accélérer la transition écologique ? Combien de projets environnementaux auraient pu être financés avec ces trois milliards ? L’accélération de la rénovation bioclimatique du bâti, l’amélioration du transport du quotidien avec par exemple le doublement du tunnel du RER entre Châtelet et Gare du Nord… Les projets ne manquent pas, contrairement à leurs financements !
Quel gâchis ! L’urgence climatique est une chose trop sérieuse pour croire aux fausses promesses de JO verts. Aujourd’hui, nous en sommes réduits à simplement limiter les dégâts. Pour aller dans ce sens, nous demandons donc à Anne Hidalgo de signer la pétition lancée par l’association Vai Ara O TEAHUPO'O qui propose de renoncer à la nouvelle Tour d’arbitrage des JO 2024 et d’étudier toutes les alternatives possibles que ce soit le maintien de la tour en bois utilisée pour les compétitions internationales ou le changement de lieu comme le propose le président de la Polynésie française.
Madame la maire de Paris, le vrai scandale ici, c'est de laisser faire ce projet écocide ! Si cet aller-retour de 30 000 km avec votre délégation pouvait être « compensé » par une prise de conscience, cela permettrait au moins de limiter les dégâts sur le récif corallien de Teahup.
Signataires :
- Laurent Sorel, conseiller de Paris (LFI)
- Clément Sénéchal, militant écologiste
- Rodrigo Arenas, député de Paris (LFI)
- Mereana Reid Arbelot, députée de la Polynésie française, 3e circonscription (GDR)
- Sophia Chikirou, députée de Paris (LFI)
- Sarah Legrain, députée de Paris (LFI)
- Marion Beauvalet, ancienne tête de liste aux élections sénatoriales à Paris
- Aymeric Caron, député de Paris (REV)
- Danièle Obono, députée de Paris (LFI)
- Danielle Simonnet, députée de Paris, (LFI)
- Raphaël Qnouch, conseiller régional d’Île-de-France (LFI)
- Younous Omarjee, député européen