
Par la publicité « qui se rapporte, de façon presque raciste, au seul mode de vie petit-bourgeois » , la société élabore le « nouveau modèle humain du consommateur » . Tout est modifié, le comportement, le langage, les gestes et les vêtements. Mais seuls ceux qui en ont les moyens peuvent s’y conformer. Les autres, les paysans, les gosses du peuple, ne peuvent réaliser leur « assimilation ». Ils prennent dès lors conscience de leur infériorité sociale, et voyant venir la frustration, finissent par abandonner leurs valeurs et leur culture. Souvenons-nous à ce propos de Mamma Roma, son second film réalisé en 1962, dans lequel Pasolini développe la migration de la campagne vers la ville par une mère et son fils, seule solution selon elle pour qu’il « devienne quelqu’un », et la déchéance de ce dernier, opprimé par notre société. Comme Accattone, Ettore n’accepte pas son destin et en mourra. C’est ainsi que la société de consommation détruit les différentes portions en marge de la société et opère son uniformisation. Et Pasolini de penser que le « fascisme » d’aujourd’hui est plus trouble et violent que le fascisme de 1922, dans la mesure où il est capable de transformer les mentalités de l’intérieur. « Ce monde noir engendre sa propre destruction. Ne pouvant s’alimenter que par lui-même - à ce sujet, rappelons, dans Salò, l’excrément qui devient nourriture - il ne peut que peu à peu s’autodétruire » (Joël MAGNY, « Une liturgie du néant et de l’horreur », in Michel ESTEVE, « Pier Paolo Pasolini, un cinéma de poésie », Ed. Lettres modernes M.J.Minard, Paris, 1977, p. 194).
A suivre...