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Billet de blog 15 mars 2024

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Que faire des connards de droite ?

Quelques jours de carnet, quelques rêveries, notations et interrogations politiques.

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Illustration 1
© JS

12 mars 2024

15 jours sans avoir utilisé Evernote, ce bloc-notes synchronisé entre mes appareils connectés, qui me coûte quand même 10 € par mois, et peut-être même plus, je n’ai pas vérifié, tout augmente. J’ai arrêté de payer Spotify. J’ai emprunté trois albums de Belle & Sebastian à la médiathèque (le vert, le rouge, le jaune).

Evernote, la dernière entrée était : « Je me rends compte qu’être édité par une grande maison suppose trop de compromis. Est-il possible d’utiliser une structure et de n’avoir rien à voir avec elle si ce n’est la volonté de diffuser ? En effet : que faire des connards ? »

Et quelques jours plus tard on apprenait le licenciement d’Isabelle Saporta, directrice de Fayard, que Bolloré remplace par l’éditrice d’Eric Zemmour, Lise Boëll. Et des ami·es publié·es (exemple) par la première se retrouvaient brutalement sous la direction de la seconde.

13 mars 2024

Je retrouve ce blog sur Mediapart, je pensais m’en servir pour des sujets politiques, mais je constate que j’ai abandonné à deux reprises. J’ignore pourquoi, comment. Il y a un paradoxe entre vouloir écrire tranquillement mes petites réflexions, et les exposer tout en ne voulant pas subir les conséquences de commentaires (là, il n’y a rien dans les deux précédentes entrées qu’un commentaire incompréhensible, sorte de spam). Écrire pour être lu, et après ? Répondre à qui, à quoi ? Et pourquoi répondre ? J’ai signé la tribune contre le parrainage du Printemps des Poètes par le réactionnaire Tesson, et j’ai eu mon lot de commentaires et réponses, cependant très minimes par rapport à ce qu’ont pu recevoir des cafards et poètes maudit·es un peu plus connu·es que moi. Rien que les réponses générales visant les signataires m’ont parfois touché, voire blessé. Dans ces cas-là, je dors mal. Alors, se dire qu’écrire sur Mediapart aura plus de visibilité, et pour quelle raison ? Quelle est ma cause ? Qu’est-ce que je vais, non pas « apporter au débat », ce qui est bien prétentieux, mais « apporter au monde », ce qui aussi prétentieux mais a une volonté au moins « améliorer le monde" ? Pour faire simple, c’est plus politique d’écrire sur ce blog à fort page rank, que sur mon site, « dans mon coin ».

Il y a longtemps, j’avais esquissé le projet de rapporter toute grève en France ou dans le monde, en tout cas un certain nombre, le plus possible, d’écrire quelque chose dessus, de relayer, de faire savoir que la grève existe, est un outil, parfois le seul, pour rester digne, s’émanciper, lutter contre l’exploitation, l’injustice, un outil primordial qui a tendance à être effacé par certains traitements médiatiques au profit des empêchements pour l’économique que ces grèves provoquent, oubliant leurs motivations, leurs revendications.

Pourquoi pas. Mais je voudrais être payé pour ça, en pige par exemple. Mais qui a de l’argent pour ça ?

14 mars 2024

Je marche deux heures le long de la Marne. Je vois voleter le premier Citron de l’année. A Chelles, je traverse la rivière. Ensuite, il y a un canal aux renforts métalliques gaufrés, contre lequel, à plusieurs mètres derrière un petit bateau de plaisance passant là, les vagues de sa traînée s’éclatent en clapotis. Les bruits de la ville permettent de les entendre, ici, on semble loin de tout, sauf quelquefois une sirène, un moteur.

Aussi, et peut-être surtout : je suis sorti sans téléphone. C’est assez étrange. Pas d’heure, je n’ai pas pensé à regarder en partant, mais je peux la lire sur mon appareil photo, ce qui est étrange aussi. Je prends des photos, c’est déconnecté, donc ça va. Au retour, je voudrais prendre un bus, mais je ne sais pas où sont les arrêts ni quel bus peut me ramener. Un chien aboie, des oiseaux chantent, avec ce que transportent ces verbes. C’est chanter pour l’oiseau, et on n’aboie pas une chanson ; si, on le peut, mais je n’ai jamais entendu aboyer un colibri.

L’après-midi, dans un café, un monsieur un peu âgé, retraité assurément, lit Rivarol. Il est bien sûr difficile de penser qu’il le lit autrement qu’en étant d’accord avec la ligne éditoriale. Il est appliqué, il lit absolument tout, en pliant, repliant, dépliant le journal. Quand il sort, il porte un petit sac de courses rouge, de la main droite, sa main gauche est gantée d’un gant de laine vert. Ça me fait penser à un détail qu’on observerait chez un tueur en série. Il a le dos courbé, la tête inclinée par une sorte de rhumatisme des vertèbres hautes. Je ne peux m’empêcher de lui souhaiter d’en souffrir, ce qui est puéril. Ce n’est pas ça qui agira politiquement. Si j’étais médecin par exemple, je le devrais le soigner. N’empêche, les “idées”, les “mots” imprimés, on sait depuis le procès Brasillach, qu’après les mots, il y a les actes.

J’ai écouté une émission sur l’élection américaine, Trump passe dans le camp Républicain, et affrontera un autre vieillard, Biden. Seul l’un des deux fait rêver son camp, seul l’un des deux a des fans transcendés par l’idée qu’il revienne au pouvoir. Seul l’un des deux déplacera son camp en masse et remportera l’élection en novembre. En France, j’ai l’impression que personne ne croit à la possibilité d’élection du RN en 2027. Que personne n’envisage une vague fasciste et violente en Europe. Que se passe-t-il en Italie et en Hongrie ? Je m’informe mal. Que dire de la politique en France, à part qu’elle amène ça sur un tapis rouge ? Le RN, après s’être dédiabolisé, puis banalisé, désormais s’institutionalise. Demain, il gouvernera, si l’on ne fait rien. Je ne sais pas quoi faire. Il manque, à gauche, un parti politique, ce qu’on appelait un parti ouvrier, avant, un parti qui sache voir clair dans toutes les circonstances y compris celles, nouvelles, modernes, qui n’existaient pas dans les grilles marxistes : écologie, féminisme, anti-racisme.

D’ailleurs, je lis Le Capitalisme patriarcal, de Silva Federici (trad. Étienne Dobenesque), chez La FabriqueAux États-Unis, la plupart des demandes de divorce venaient d’elles. Le divorce n’était pas la seule manière dont elles exprimaient leur refus de la discipline familiale. À la même période, aux États-Unis comme en Angleterre, le taux de fertilité a commencé à chuter. Entre 1850 et 1900, la famille américaine a perdu un membre. Dans le même temps, un mouvement féministe s’est développé dans les deux pays, sous l’inspiration du mouvement abolitionniste, qui prenait pour cible « l’esclavage domestique ».

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