Comme orateur il est nul, mais sa stratégie de manipulation de l'opinion n'est pas idiote... Va-t-elle marcher longtemps? Réussira-t-il à faire voter pour lui non pas POUR son projet (sur lequel on se questionne pour savoir ce qui est ferme et déterminé, et ce qui vogue au gré des jours et des opportunités) mais CONTRE un pouvoir en place dont beaucoup ont vu les corruptions et les lacunes.
... je trouve que ça s'apparente - vaguement tt de même - à la stratégie du choc (Naomi Klein) :
1 François Hollande fait , ou dit , un truc énorme (ex Royal et 2007 gommés au Bourget ... la formule "Israël est une grande démocratie" lorsqu'il a reçu le CRIF... ou "mon principal ennemi c'est la finance")
2 puis après il va édulcorer : oui, les mérites de SRoyal... certes la Palestine... mais je n'ai rien contre les banquiers et les privatisations.
Bref, j'ai l'impression qu'il cherche à se rendre insaisissable, incernable, à rendre son projet illisible parceque perpétuellement fluctuant (certains penseront bien sûr "en mouvement", puisqu'il modifie régulièrement ce qu'il a dit avant...). Vous avez noté bien sûr que ds les moments de "coup de vent" il n'est jamais là (G20, épisode des bouches du Nord, Reims) mais le plus souvent dans son petit hâvre de Corrèze.
Plusieurs avantages à cette stratégie:
- C'est une manière de détourner l'attention de ses projets et affirmations pour qu'elles ne puissent servir de point d'appui à d'éventuels contradicteurs
- ça déboussole le citoyen qui n'a pas le temps de suivre ses dires et voltes face et qui finira - si le truc n'est pas éventé - par se reposer sur l'image que la presse amie en donnera: un homme de gauche (ben voui les copains! ... puisqu'il a sa carte au PS!!! la preuve par DSK ), et qui est le mieux placé ds les sondages: il y en a qui croient que c'est une preuve qu'on est de gauche ...)
- et ça prépare le terrain à l'image qu'en donnera la presse amie,
- ça fait ressortit le SEUL argument qu'il a pour lui et que ses amis ne cessent d'agiter: éjecter SKZ. Ce serait le seul objectif du bon citoyen!!! J'irai même jusqu'à dire que cette conception du vote citoyen est profondément anti démocratique et anti "citoyenneté éclairée" puisqu'il incite à VOTER CONTRE au lieu de voter POUR un PROJET DE SOCIETE..
En fait toute son action est concentrée sur la manipulation des esprits... fort habile.
Pour ce qui est du dernier "fait d'armes" de ce candidat, @si dit son mot:
Hollande, les communistes, et les citations
Par Daniel Schneidermann le 15/02/2012
De l'art de la citation entre guillemets ! Ayant déclaré au Guardian qu'il n'y avait "'plus de communistes en France", Hollande s'est donc attiré de légitimes représailles des mélencho-communistes, soucieux de manifester qu'ils existent encore. Or surprise: se reportant au texte original du Guardian, qu'y découvre le matinaute ? Cette phrase: "il n'y a plus de communistes en France. Ou plus beaucoup (or not many)". Ce qui, évidemment, rapporté à 1981, est exact. Tout le monde (y compris nous) aurait-il mal lu la citation ? Non. Mais la correspondante en France du Guardian, Angelique Chrisafis, l'a complétée (comme elle l'indique au bas de son article, en se gardant toutefois pudiquement de préciser la nature exacte des rajouts opérés).
Aucun rajout, en revanche, ni démenti, sur l'autre phrase-choc de Hollande, elle aussi, comme la précédente, destinée à rassurer la City: "La gauche a gouverné pendant 15 ans, durant lesquelles nous avons libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations." Magnifique synthèse, historiquement exacte. On imagine le triomphe, si elle avait été prononcée à la tribune du Bourget, entre deux envolées, "l'ennemi, c'est la finance".
O malédiction de cette tenaille, que forment la presse étrangère et les nouveaux médias réunis. Si on ne peut plus jouer tranquillement, en virtuose, du double discours ! Dans la seconde de sa publication, la phrase du Guardian était tweetée et re-tweetée, obligeant Hollande à proclamer (troisième temps de la "valse", comme dit la nouvelle porte-parole adverse, NKM) son "respect" pour le Parti Communiste (qui en doutait ? Mitterrand lui-même proclamait le même!) Il est vrai qu'il n'est pas forcément besoin de lire le Guardian. Il suffit parfois d'assister à quelques réunions bien choisies, comme notre éconaute Anne-Sophie Jacques, jeudi dernier, à l'Assemblée, où un hollandais pur sucre, Dominique Villemot, expliqua doctement à Thomas Piketty pourquoi la grande réforme fiscale un temps envisagée ne se ferait pas. Cymbales et mélodie rouge vif, paroles rose pâle: on n'en est pas sortis.