Dans les années 90, le syndicat CGT éducation lançait un "Livre blanc des écoles marseillaises". Un questionnaire détaillé fut envoyé à tous les directeurs et directrices. Malgré le boycott du principal syndicat , le SNUIPP, toujours en très bons termes avec la municipalité (passe moi le beurre, je te passerai les radis), le nombre de réponses fut significatif de l'état de dégradation des locaux scolaires.
La liste serait longue des situations ubuesques dignes d'un pays "en voie de développement". Je n'en ai retenu qu'une, largement significative du fonctionnement municipal sous le règne Gaudin.
La directrice de l'école maternelle "Prado Plage", située, comme son nom l'indique à proximité de la mer dans un des beaux quartiers de la ville, eut la surprise de voir deux villas se construire dans la cour de son école. Après enquête, nous apprenons avec stupeur que Madame Lota, adjointe aux école, avait vendu une partie du terrain à un de ses amis promoteur pour un prix plus que symbolique. Nous étions prêt à communiquer le dossier à la presse quand la directrice en question nous rappela en nous demandant de n'en rien faire. Elle avait reçu des menaces téléphoniques aussi anonymes que précises...
Il est à noter qu'après publication et diffusion du Livre Blanc, les travaux les plus urgents furent diligentés.
Pour ma part, ayant participé activement à cette opération, je me vis expulsé de mon logement de fonction au prétexte de la construction d'une nouvelle classe, toujours pas construite à ma connaissance à ce jour...
Je ne peux résister au plaisir de vous livrer une anecdote qui illustrera assez bien le quotidien d'une directrice ou d'un directeur marseillais.
Lundi matin, c'est l'hiver, j'arrive dans une école glaciale... Le chauffage est en panne, faute d'électricité. Or, le disjoncteur a été placé dans une chambre forte dont la porte ne peut être ouverte , la serrure étant bloquée (fait signalé à de nombreuses reprises , sans effet). Je téléphone au service concerné, personne ( il est huit heures). Entrée des enfants et des enseignants , protestations véhémentes de ces derniers...
9h30: j'arrive à avoir une interlocutrice qui m'assure "m'envoyer quelqu'un"
10H: arrive un employé municipal, ouf! Sauf que celui ci, après examen du problème, me déclare: "je ne peux rien faire, je suis menuisier , pas serrurier" (les boules!!)
Je rappelle, un peu énervé le service. Ils me promettent de m'envoyer des serruriers.
10h45: arrivée des serruriers. "C'est une serrure spéciale, on ne peut rien y faire"
"Appelez le spécialiste!
-Il est en vacances"
Excédé, je retéléphone , menaçant de fermer l'école si solution n'était pas trouvée au plus tôt.
Les deux serruriers reçoivent alors l'ordre de casser la porte de la chambre forte, ce qu'ils font et l'électricité étant rétablie, le chauffage revient, il est midi trente cinq...