La mort du préfet Erignac est l'aboutissement d'une spirale de la violence qui , en 1975, fut à l'initiative du gouvernement d'alors et de son ministre, l'illustre Poniatowski...
Rappelons nous que l'ARC est alors l'Action Régionaliste Corse, que les revendications des acteurs de ce mouvement se limitent à dénoncer les multiples scandales qui accompagnent l'installation en Corse de grandes fortunes rapatriées, dans le domaine viticole entre autres: chaptalisation éhontée, magouilles diverses, faillites frauduleuses à répétition...
Devant le refus du gouvernement central de prendre en compte ces légitimes revendications, l'ARC occupe , le 21 août 1975 la cave d'un de ces rapatriés, particulièrement connu pour des fraudes à répétition: la famille Depeil. Une douzaine de militants sont sur place, armés de fusils de chasse...
Que demandaient ils? La transformation de la cave en coopérative et le partage des terres entre les petits paysans du coin...
En lieu et place d'une négociation qui avait de bonnes chances d'aboutir, Poniatowski envoie sur place une véritable armée: 1200 gendarmes mobiles, des bataillons de CRS, une frégate de la marine nationale et même des blindés... L'incroyable arrogance du gouvernement à l'égard de la Corse va ouvrir un sinistre chapitre...
Le 22 août, l'assaut est donné, un jeune militant a le pied arraché par une grenade..
Cette "armée d'occupation" va alerter les corses des environs, qui, rassemblés dans les vignes alentour, réagiront à l'assaut en tirant dans le tas...
Les militants sur place sont prêt à résister jusqu'à la mort. C'est alors qu'un grand homme, un homme immense, Edmond Siméoni, propose de se livrer en échange de la liberté pour les autres occupants, évitant un véritable "bain de sang". Il sera condamné , en mai 1976, à cinq ans de prisons..
La nuit suivante, des jeunes manifestent, à Bastia, contre la dissolution de l'ARC... Les forces de police, en grand nombre, envahissent les rues, tapant sur quiconque se trouve là, tirant dans les bars des grenades lacrymogènes. Une véritable ambiance de "guerre civile" s'empare de la ville, des habitants tirent, depuis les fenêtres sur les CRS et gendarmes mobiles, c'est le chaos....
En quelques jours de violence, les corses vont obtenir plus qu'en 15 ans de luttes pacifiques. La famille Depeille sera condamnée pour banqueroute frauduleuse et diverses infractions...
En 1976 aussi, nait le FNLC, début d'une errance émaillée de divers glissements vers des motivations crapuleuses...
Il est clair que la spirale de la violence a été amorcée par le gouvernement d'alors... Il serait utile que notre président rétablisse la vérité sur cette période...