Il y a une bonne quinzaine d'années, un ami m'a dit : "aïo , Jo, ponds nous un conte du solstice , yan a marre des contes de Noël.".. Ce fut fait avec la petite couillonnade qui suit.
La nuit la plus longue(1)
Moi, on m'appelle 'le petit", bien que je soit l'aîné des 7 enfants de la famille et, qu'à douze ans, je sois presqu'aussi grand que mon père.
Cette soirée là avait commencé de façon peu ordinaire: mon père m'avait tenu le plus long discours qu'il ait prononcé depuis une dizaine d'années, il avait dit:"Petit, ce soir, tu viens avec moi". Et, deuxième fait remarquable, ma mère n'avait rien dit. C'était un 21 décembre. Après le repas, pris en silence autour de la table en chêne de la cuisine, mes frères et soeurs étaient allés se coucher, sans un mot de protestation, c'est vous dire s'il régnait sur cette soirée une atmosphère étrange...
Puis, chaudement vétus, nous sortimes, mon père et moi, affronter le froid glacial d'un mistral déchaîné qui venait, par rafales , nous mordre les oreilles. J'avais un instant pensé que nous allions à la bergerie, assister quelque agnelage tardif. Je compris mon erreur à la vue de l'énorme biasse ventrue et du bâton dont s'était muni mon père. D'ailleurs, nous nous éloignâmes assez vite du parc à mouton pour plonger dans une nuit sans lune, avec pour éclairage, le faible lumignon des étoiles...
Combien de temps nous avons marché? Je ne saurais le dire. Je n'osais pas poser à mon père des questions auxquelles il n'aurait de toute façon pas répondu.
Enfin, nous arrivâmes devant une de ces bâtisses construites en pierres sèches, on ne sait plus très bien par qui et qui sont là depuis "un brave moment"comme disait toinou, le facteur philosophe.
Je ne les ai pas vus tout de suite, ébloui par la clarté chaleureuse du feu de cheminée, un peu sonné par l'arrêt des sifflements du mistral dans mes oreilles.
Ils étaient deux,silhouettes à contre mur émergeant de la pénombre. Ils échangèrent avec mon père une accolade silencieuse. Puis, ce dernier fit les présentation: "c'est le petit". Chacun d'entre eux me posa une main sur l'épaule et me sourit, puis on me désigna un coin, près du feu où je m'acagnardais de mon mieux..;
A la lumière des trois bougies qu'ils venaient d'installer, j'observais mes deux inconnus. le plus spectaculaire était ce géant, véritable colosse aux yeux d'un bleu pâle et dont la tignasse coulait en flots d'argent d'un feutre qui avait du avoir une forme et une couleur, un jour, il y a très longtemps....
à suivre.....