Le sexe en France : point de vue d’une femme. Joelle Koenig, le 20/05/2011
La question du sexe avait disparu des débats depuis les années 70, mais elle resurgit brutalement au cœur de la campagne pour 2012. Le sexe, en effet, n’est pas une question secondaire. Il se trouve au cœur de la vérité de chacun d’entre nous. Dans tous les cafés, restaurants, magasins, les conversations, ces jour derniers, portaient sur « l’affaire DSK ».
A priori rien n’est absolument bien ou mal en matière de sexualité. L’erreur est humaine. Le tâtonnement est normal. Nous ne sommes pas nécessairement fiers de tout ce que nous faisons. Mais, une chose est sûre, l’agression sexuelle doit être tabou. La pédophilie aussi. Tout n’est pas permis, notamment quand on aspire à des responsabilités présidentielles. Il y a des limites que personne n’a le droit de dépasser, pas même le président de la République.
Ce qui importe, dans l’affaire DSK, ce n’est pas de savoir qui est victime absolue ou coupable absolu. Je poserai quand même la question initialement posée par le Parti Socialiste de la présomption d’innocence. Peut-on présumer que Strauss Kahn est innocent ?
Un article dans le Monde du 17 mai, intitulé Aux Etats Unis, les affaires de mœurs sont prises très au sérieux, on apprend que la journaliste Elaine Sciolino, qui a dirigé le bureau du New York Times à Paris, met en cause le caractère de séducteur-parfois brutal- qui est prêté depuis longtemps à Dominique Strauss Kahn. Elle affirme que la question n’est pas qu íl ait eu une liaison (il n’est pas le seul dans ce cas..), mais un mode de comportement qui, dit-elle, se répète depuis des années. Elle s’étonne que ses collègues journalistes n’aient jamais enquêté sur les rumeurs de harcèlement sexuel le concernnant. Elle publie d’ailleurs, début juin, un ouvrage : La séduction, aux éditions Henri Holt.
Dominique Strauss Kahn ne serait jamais parvenu à la tête du FMI, s’íl avait été américain, dit –elle. En toutcas, il fait figure, auprès des mouvements féministes, de prédateur sexuel. L’irrespect, pour moi, est scandaleux. En tant que prof, j’ai toujours respecté les élèves et je n’ai jamais toléré le moindre irrespect. Cela marche. Je ne me suis jamais fait insulter. A l’évidence, Strauss Kahn, d’après cette journaliste, a souvent traité les femmes, certaines femmes, avec irrespect. D’autres faits le confirment et je ne donnerai mon vote qu ‘à un président qui respecte les femmes, y compris les femmes du peuple
Strauss Kahn photographié menotté, a certes été traité avec humiliation par la justice américaine. Après tout, pourquoi certains pourraient-ils être humiliés et d’autres non ?
Ce dont il s’agit, c’est du respect de la dignité de tous, ceux d’en haut et ceux d’en bas.
L’avocate Gisèle Halimi qui a joué un rôle déterminant dans le mouvement des femmes des années 70, se dit déçue par la gauche. Je partage son point de vue. Qu’est ce que ce socialisme qui s’asseoit sur le respect des femmes ? Si le socialisme s’asseoit sur le respect des femmes, que l’on cesse de nous parler de socialisme.
Dans le monde.fr du 21 mai, Caroline Fourest, oppose machisme et puritanisme. Les américains seraient puritains et les français machistes ? Il y a toujours, en France, et les USA sont loin d’être blancs comme neige sur cette question, une culture de la domination masculine. Un commentateur du monde.fr disait le 21 mai, que nous sommes dans une société marquée par des siècles de domination masculine. L’affaire DSK en est une illustration.
Le fait d’avoir laissé un homme incarner notre horizon politique sans s’inquièter de récits qui commencent à émerger est tout à fait révélateur à cet égard.
Mais après tout, de quoi se plaignent les femmes en France ? De se faire « trousser »sans avoir leur mot à dire? Dans de nombreux pays, elles n’ont d’autres alternative que rester à la maison. Elles n’ont donc pas l’indécence de tenter les hommes….