Chypre: la gestion de la dette européenne à un tournant ??
J. Koenig le 28 mars 2013.
Je ne suis pas économiste, mais depuis que l’on nous parle de la Dette, la vilaine Dette europénne, La Dette, la Dette, la Dette, j’essaie de comprendre ce que les medias et les hommes politiques nous racontent…
D’ou vient cette dette dont nous n’avions jamais entendu parler avant la crise financière de 2008 ?
j’ai appris, par exemple en lisant le New Yorker du 25 février 2013 que des banques avaient prêté de l’argent aux constructeurs espagnols, de l’argent souvent emprunté à d’ autres banques étrangères. En particulier, la Bankia a prêté de l’argent à l’un des plus gros constructeurs Martinsa-Fades. L’Espagne a construit en 10 ans, plus que la France, l’Allemagne et le Royaume Uni, réunis !! Il y a, par exemple, à côté de Madrid, un village : Pioz, avec plus 600 maisons vides. Evidemment la Bankia a fait faillite. Il a fallu un enorme plan de renflouement par l’Union Europénne… et puis, réduire les crédits pour l’éducation, la recherche, la santé…. De l’argent emprunté, de la dette, pour construire des maisons vides, donc. Et aussi des aéroports inutilisés, envahis par l’herbe…
Auparavant, ll y avait eu la Grèce. Ensuite, l’Italie, renflouées par l’UE , et maintenant Chypre. Les banques chypriotes ont prété aux grecs, évidement à perte. Résultat : Chypre a eu, elle aussi besoin d’un plan de renflouement, d’un bailing out, dit-on en anglais.
C’est là que les choses ont commencé à se gâter. L’UE, brisant un tabou, dit le Wall Street Journal du 22 mars, a décidé de faire un bailing out en payant 10 milliards d’euros, soit la moitié du PIB de Chypre, et en faisant payer 5,8 milliards d’euros par les déposants (page A10). Le parlement chypriote a voté contre le fait de faire payer les petits déposants.
La solution retenue a été un prélèvement sur les dépots bancaires supérieurs à 100 millions d’euros. Il va leur en côuter, si j’ai bien compris 40% de leur dépôt bancaire. Ce ne sont donc plus les petits qui paient pour les gros. Les russes avaient, à Chypre, plus de 20 milliards d’euros, mais une grande partie a quitté Chypre….
Là où les choses deviennent, de mon point de vue, intéressantes, c’est qu íl y avait hier une double page dans le Wall Street Journal du 27 mars, un article : Dutch Official Defends Bailout Stance ( un responsable hollandais défend la position prise pour le bailout).
Monsieur Jeroen Dijsselbloem, 46 ans, hollandais, vient d’être nommé président des ministres des finances de l’ëuro groupe. C’est l’une des tâches les plus importantes dans la gestion de la crise de l’euro- zone. Avec l’appui de l’Allemagne et de tous les autres membres des états de l’euro-zone, sauf l’Espagne.
Il vient de déclarer que les banques devraient être sauvées principalement en imposant des pertes aux actionnaires, aux titulaires de titres, et si nécessaire aux déposants non assurés.
Les risques, a-t-il dit, doivent retomber sur ceux qui ont pris les risques, et pas sur les contribuables.
Son style tranche avec celui de son prédecesseur, le luxembourgeois Jean Claude Junker, qui avait pour habitude d’éviter les questions gênantes, et qui disait en Avril 2011: quand les choses deviennent sérieuses, il faut mentir pour calmer les marchés .
Evidemment, il a essuyé, des critiques, dit le Wall Street Journal . certains ont dit qu ‘il manquait d’expérience. Le français Benoit Coeuré, membre de l’exécutif de la BCE, en particulier, a dit mardi sur Europe 1 : la situation à Chypre est très particulière. Ils n’ont pas les mêmes problèmes que dans les autres pays de la zone euro.
Monsieur Dijsselbloem a dit qu íl ne regrettait pas ses commentaires. Il a bel et bien dit que les risques pris devaient retomber sur ceux qui les ont pris.
Un nouveau genre de dirigeants européens est elle en train d’acceder à la direction de l’UE qui ne serait plus un soutien inconditionnel des banques et des marchés. Ce serait une bonne nouvelle.