La courte, et déjà oubliée, visite du directeur du FMI, Dominique Strauss Khan en Amérique du Sud, entre le 25 et le 28 mai 2010, a donné lieu à des interprétations presque diamétralement opposées qui reflètent autant les intentions des politiques régionales que le double discours de l’institution financière.
En Argentine, le quotidien Pagina 12 s’est félicité de quelques morceaux choisis des déclarations de DSK, par exemple :
"La stratégie appliquée par les pays de cette région était justifiée par la crise. Vous avez agis correctement, les autres se sont trompés". Pagina 12 du 29 mai 10.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/subnotas/146581-47072-2010-05-29.html
Alors que, dans le même temps, pour les Echos qui se contente d’une dépêche AFP :
« Strauss-Kahn avertit d'un risque de "surchauffe" dans les pays émergents » http://www.lesechos.fr/info/inter/afp_00255710-strauss-kahn-avertit-d-un-risque-de-surchauffe-dans-les-pays-emergents.htm
Etrange différence d’appréciation sur les communiqués du patron du FMI, qui en disent peut-être plus long sur la manière dont certains journaux préfèrent présenter les perspectives économiques que ce qu’a effectivement dit DSK. En l’occurrence, Pagina 12, journal argentin de centre-gauche et proche des Kirchner (au pouvoir depuis 2003), fait son miel d’une déclaration qui vient conforter la politique de l’Argentine –souvent critiquée par la droite proche des milieux d’affaire pour sa supposée “incompétence”. Quand aux Echos, il n’est pas aberrant d’imaginer que le journal économique préfère ne pas trop insister sur la bonne santé d’une région qui a résolument tournée le dos aux recettes du FMI, en particulier à la rigueur qui plait tant aux fameux « marchés ».
Car, et c’est là que le FMI semble nager en pleine schizophrénie, les bulletins du FMI confirment plutôt une appréciation optimiste de la conjoncture économique sud-américaine. « La crise économique internationale démontre comment l’Amérique Latine a levé la tête », déclare son directeur après avoir souligné que « les pays ont destiné des fonds aux politiques sociales et les filets de protection sociale ont joué un rôle fondamental ». http://www.imf.org/external/spanish/region/whd/0510/index.htm
Curieux discours de la part d’une institution qui insiste sur les « nécessaires » coupes drastiques dans les dépenses sociales en Europe. L’Economie est définitivement une science occulte, dont les sorciers n’ont pas fini de nous surprendre. Ou peut-être que le FMI n’a plus grand chose à dire dans une région qu’elle a largement contribué à mettre à genoux durant de longues décennies ? Bienvenue en Europe, donc.