En Argentine, les crimes de la dernière dictature sont depuis quelques années enfin jugés, mais la "gâchette facile" de la police sévit encore.
Depuis l'ascension des Kirchner à la présidence, l'Argentine apparaît comme un des pays les plus en pointe au monde sur la question des droits de l'Homme. Grâce à l'abrogation des lois qui assuraient l'impunité aux tortionnaires de la dernière dictature (76-83), de nombreux procès ont été ouverts. Des militaires et certains de leurs collaborateurs, magistrats et policiers, sont déjà derrière les barreaux. Ces procès ont longtemps été attendus dans le pays et sont souvent médiatisés à l'extérieur. On ne peut qu'applaudir à ce que ces assassins ne coulent plus des jours tranquilles dans leurs villas des quartiers huppés. Ce traitement des crimes du passé est juste.
Mais il en va tout autrement pour les crimes perpétrés actuellement par la police. Le 17 juin dernier, un adolescent de 15 ans est abattu dans le dos à Bariloche (Province de Rio Negro). Simple contrôle d'identité. Suite à quoi, le quartier s'enflamme contre le commissariat. Les flics tirent dans le tas : deux morts de plus.
S'il s'agissait d'un cas isolé, on pourrait espérer que les criminels soient jugés et pleurer les trois morts. Mais, depuis 2003, ce sont pas moins de 2800 personnes qui ont été tués, sans affrontement, par la police en Argentine. Maître Maria del Carmen Verdu du CORREPI (Coordination Contre la Répression Policière et Institutionnelle) calcule une moyenne d'une personne toute les 36h assassinée par la police depuis l'ascension des Kirchner, le "gouvernement des Droits de l'Homme". Malgré les difficultés, le CORREPI mène très sérieusement cette macabre et nécessaire comptabilité
http://correpidifusion.blogspot.com/
Néanmoins, dans le cas relativement médiatisé de Bariloche -la grande majorité de ces cas n'apparaissent tout simplement pas dans les journaux -, le gouvernement fédéral semble vouloir mener une enquête, pour juger les policiers criminels et leurs responsables hiérarchiques. Reste que le gouvernement de la Province de Rio Negro risque de ne pas beaucoup collaborer. Et c'est un euphémisme, car le ministre (provincial) de la police a défendu l'ensemble de la répression. Devant les photos des agents pointant avec des armes à feu, il a assuré sans sourciller qu'"elles ne menacent personne, parce que le doigt n'est pas dans la gâchette" (Pagina 12 du 9 juillet).
Autrement dit, même si le gouvernement fédéral aurait une véritable volonté d'enquêter, il n'est pas certain qu'il en est les moyens. Pour l'instant, la seule chose de sûre est que Diego Bonefoi (15 ans), Matias Carrasco (16 ans) et Sergio Cardenas (29 ans) ont rejoint la triste liste du CORREPI.
Billet de blog 12 juillet 2010
Ici aussi, la police assassine impunément
En Argentine, les crimes de la dernière dictature sont depuis quelques années enfin jugés, mais la "gâchette facile" de la police sévit encore.
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