Johan Sébastien

Abonné·e de Mediapart

32 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 août 2010

Johan Sébastien

Abonné·e de Mediapart

L'insurrection qui vient édité en Argentine

Johan Sébastien

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avec un peu de retard, il est vrai, l'Argentine découvre L'insurrection qui vient. Une édition locale vient de voir le jour, j'ai rencontré l'éditeur. Entretient.

http://feenlaerrata.wordpress.com/


Sais-tu qu'en France ce livre a fait beaucoup de bruit?
-Oui, bien sûr. J'ai suivi l'affaire autours de ce livre, mais ce n'est pas pour ça que nous l'avons édité. Cette affaire, même si elle est révélatrice de choses qui sont dites dans l'Insurrection, n'est pas une bonne raison pour le lire. Se serait faire beaucoup de cas aux flics. Mais je dois dire que nous avons quand même raconté l'histoire de Tarnac dans la préface, comme une phase dans l'histoire éditoriale du livre.
J'ai l'impression que cet essai, bien qu'il soit très français par bien des aspects, dit des choses au reste du monde. Il résonne avec beaucoup de choses ici, des analyses d'intellectuels mais aussi des situations très concrètes. Cette guerre sociale que mène l'Etat par exemple, beaucoup d'Argentins la vit au quotidien. La police se comporte comme une armée d'occupation, rapine comprise, dans bien des quartiers. Mais je pense qu'ici la résistance est plus forte. Des processus qui sont décrit dans le livre, on les voit, mais ils ne sont pas aussi achevé que là-bas. Il existe ici beaucoup de solidarité, ce qui explique aussi que la violence soit plus crue. Les flics assassinent tous les jours ici. Les camps me semblent plus tranchés, mais je ne connais pas la France, j'y suis allé une fois, en touriste . A l'époque je faisais ce genre de conneries, le tourisme je veux dire.
Comment as-tu obtenu les droits d'auteur?
-Les droits d'auteur ? Non, nous n'avons pas de droits d'auteur. En fait, c'est une entreprise collective l'édition que nous avons faite. D'habitude nous sommes plusieurs maisons d'édition très petites, et nous sortons des livres à très peu d'exemplaires, parfois 50. Là, on s'est réuni, parce que nous étions plusieurs à trouver le texte vraiment bien et n'étions pas contents de la traduction que nous avons récupéré sur Internet. Alors on retravaillé ça, doucement parce que nous sommes beaucoup, et nous nous renvoyons le fichier avec les corrections expliquées. Nous discutions, et c'est allé assez loin puisque nous avons aussi discuté avec un mexicain qui devrait sortir aussi une édition papier là-bas.
Mais tu me parlais de droit d'auteur. C'est une autre discussion qui anime notre petit monde d'éditeurs indépendants. Personnellement, je m'en fous un peu, j'estime qu'un vrai travail d'éditeur est une entreprise à perte. Nous bossons tous à côté, et nous dépensons notre argent en éditant. L'édition est une entreprise incompréhensible pour le capitalisme. Où alors il faut trouver un best-seller de temps en temps pour faire vivre financièrement la maison d'édition. Mais s'il fallait que j'édite un seul livre pour une raison économique, alors rien de ce que je fais n'aurait de sens. Pour moi, il faut trouver l'argent d'une part, et écrire, éditer, imprimer de l'autre.
J'aime bien ce qu'en dit Julien Coupat, un des emprisonné soupçonné d'avoir écrit ce livre. Il dit quelque chose comme quoi la fonction d'auteur est essentiellement policière. Je ne sais pas si ça a directement à voir avec ce que vous appelez les droits d'auteur; mais j'imagine.
Dans ce cas particulier, il faudrait surtout veiller à ce que les droits élémentaires des auteurs soient respectés, je veux dire leur liberté.
-Donc vous n'avez pris aucun contact avec la maison d'édition de Paris?
La Fabrique ?... non, pas vraiment. C'est-à-dire que nous leur avons envoyé un exemplaire, en espérant qu'ils le transmettent aux auteurs. On voulait en envoyer plus mais c'est cher la poste.
-Et vous ne craignez pas qu'ils viennent réclamer ...?
Oh, non, au contraire, qu'ils viennent. Chez moi ce n'est pas bien grand, mais trois personnes peuvent rester à la maison sans problème. Je ne sais pas combien ils sont, mais ils sont très bienvenus.
-Je voulais dire pour les droits.
Ha, oui, les droits. Et bien nous nous arrangerons avec les gains (rires). Tu ne penses tout de même pas que je vais leur demander qu'ils contribuent à l'édition? J'imagine que si ça se vend, on pourra sortir plus d'exemplaires. Là ce sont déjà 500 exemplaires, pour nous c'est énorme. On verra ensuite.
-Tu as l'aire de dire que vous n'empocherez pas un rond, pourtant vous avez même un code barre au dos de la couverture. C'est tout de même commercial.
(Rire). Non, c'est un truc qui nous a fait rire, on a mis un code barre, mais je ne sais pas si ça fonctionne. On a remplis des chiffres (ISBN) comme ça nous venait. Entre autre, 1789, en hommage à la Révolution Française qui a été une très bonne idée.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.