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Billet de blog 30 juin 2013

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Pour en finir avec l'argument moral contre le FN

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On a souvent tendance à se battre contre le Front national comme il y a 20 ans. A l'époque, des mouvements comme SOS Racisme ou Ras l'Front développaient un discours d'opposition au parti de Jean-Marie Le Pen essentiellement axé autour de la critique de son racisme, de son homophobie, de sa vision rétrograde de la femme ou de sa conception autoritaire du pouvoir. Il s'agissait alors de tenter de désamorcer une bombe à retardement, dont le discours incohérent et réactionnaire sur les mœurs et l'immigration était le principal moteur.

Les temps ont aujourd'hui beaucoup changé. Le FN s'est considérablement développé, a connu certaines évolutions organisationnelles et à multiplié le nombre de ses électeurs. Insister, dans la propagande pour le contrer, sur le racisme du Front national ou sur ses liens avec des groupes ou des individus de l’extrême droite fasciste semble clairement inefficace. La nature des militants et sympathisants du FN a beaucoup évolué. Il serait ainsi erroné de considérer que le FN n'attire désormais que des lourdeaux racistes, incultes, nostalgiques de leurs années de service militaire et du temps où le soleil ne se couchait jamais sur l'Empire français. Le public a évolué, même si le discours reste en grande partie le même. Aidé par la crise économique et politique autant que par la complaisance des médias à son endroit, l'entreprise familiale des Le Pen a, en grande partie, réussi à se faire passer pour une force d'alternative, en dehors du clivage traditionnel gauche-droite, dont le programme, jamais mis en pratique, pourrait révolutionner la politique sclérosée de notre pays. Le Pen, dans sa stratégie de communication vers les classes populaires, ose même déclarer être la seule proposant des réformes sociales ambitieuses.

Bien évidemment, tout cela n'est que du baratin. Le Front national, qui se fait passer pour le premier opposant au système, est en réalité une création de celui-ci. Son programme n'a rien de social, s'oppose aux droits des travailleurs, ne remet pas en cause le pouvoir de l'argent ni la propriété privée des moyens de production. Il prévoit, lui aussi, la mise en place d'une politique d'austérité budgétaire dont les plus pauvres seraient les premières victimes.

Les électeurs du FN connaissent déjà les critiques que l'on peut faire sur le racisme de l’extrême droite. Ils entendent cela depuis maintenant 30 ans ! Qu'ils soient eux-mêmes profondément xénophobes ou non, ces critiques ne semblent pas en mesure de les éloigner du vote Le Pen. Cela n'a jamais fonctionné, ça ne marche toujours pas. Pire, la communication du FN a réussi à détourner les attaques contre lui des mouvements antiracistes qu'il fait désormais passer pour les défenseurs d'une soi-disant « bien-pensance » qui persécuteraient les Le Pen depuis des décennies...

Si l'argument moral ne fonctionne pas c'est qu'il ne touche pas profondément aux préoccupations quotidiennes des populations tentées par le vote FN, ni à l'image qu'ils se font de ce parti.

Le pseudo discours social de Marine Le Pen est un élément sur lequel on peut plus facilement, et plus efficacement, attaquer le FN. S'ils veulent jouer au super-héros de la classe ouvrière, prenons les à leur jeu ! Décortiquons méthodiquement leur programme, examinons leurs propositions, et mettons en lumière cette supercherie grotesque. Insistons sur le fait que ce parti n'est en rien une alternative qui pourrait être utile au plus grand nombre et, surtout, faisons en sorte que le discours des progressistes ait, lui, un réel impact au sein de la population, en développant de nouvelles méthodes de communication plus efficaces.

Ce n'est qu'en attaquant le FN sur la nature antisociale de son programme, et en développant leurs positions propres que les organisations politique progressistes, les syndicats, les structures associatives, et l'ensemble des citoyens attachés à la défense d'un progrès social dans notre pays, pourront progresser politiquement et, cette fois, faire en sorte que la barbarie soit vaincue.

 Johann Elbory

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