Dans le désert du péché,
Je dois dépasser le consentement pour être accueilli. Je l’accepte.
L’atmosphère, exempte de commerce humain, embrasse le pays.
Le sang coule de mon crayon en mots libres que je ne possède pas.
Eux me tiennent.
Chaque ravine à coyote réduit les limites permises.
L’envol de Carrie de mon lit en flamme
purgea le chagrin par lequel j’accable le monde.
Dans une insouciante danse d’abandon universel,
les créosotiers* célèbrent un soir de miel doré.
Sous l’angle d’une lune fantôme, le crépuscule m’envahi
et rafraîchit mes yeux asséchés par le sable.
Cette ruine est-elle hantée après le déclin du jour ?
C’est bien ça !
Pourquoi questionné-je la nuit en ce Cinco de Mayo** ?
Rodriguez Ramirez et sa bande ne traverseront pas
mon camp cette nuit.
Que les bandits brûlent en enfer et la rouille enraye leurs revolvers.
Je suis né trop tard pour protéger ce monde déserté.
Mais non trop tard pour qu’il me sauve.
*Buisson à fleurs jaunes qui diffuse l’odeur caractéristique de la créosote.
** Victoire des républicains mexicains sur le corps expéditionnaire français de Napoléon III, dont 1000 soldats belges expédiés par l’incurable lèche-botte Léopold Ier.
+++
In sin brown waste,
I must walk farther than acceptance to be accepted. I accept
that. The atmosphere, unmarred by man’s commerce, hugs the land.
Blood runs through my pencil into words I don’t own. They own
me. Every coyote-fading gulch assures poverty of passport.
Carrie’s flight from my burning bed refined grief through which I strain the world. In a reckless dance of universal
abandonment, creosote bushes celebrate a honey-blond evening. Beneath the angle of a phantom moon, dusk gathers within me and cools my dry-as-sand eyes. Is this demolition haunted
after sundown? It is. Why do I question
darkness on
Cinco de Mayo? Rodriguez Ramirez and his gang won’t ride through my camp tonight. The bandidos fry in hell, and their guns
are stopped with rust. I was born too late to save the Despoblado.
But not too late for the Despoblado to save me.