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Billet de blog 12 septembre 2021

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Aux plus petits d'entre nous — 8

Dans les pas de Colomb (Christophe, pas le ramier de Lyon)

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Dans les pas de Colomb

traverser une vallée sans merci demande de l’imagination.
Le désert ne me lâchera pas.
La chaleur concentrée sur le pays raisonne au-delà du tranchant de l’indifférence.
J’imagine le sang et la blessure.
Que signifie cette interruption du calme qui glace
ma colonne vertébrale ? 
Les bruits environnants rendent la survie claire.
Une marche de détails.
Attaque totale de jour et nuits scintillantes.
Les pommes qui manquent à cet infernal verger de cactus le rendent agréable aux démons.
Une obsession stupide contrôle chacun de mes pas, car l’obstacle se présente parfois sans avertissement.
En matière d’hésitation, les Grapevine Hills* réservent une progression difficile.
Une odeur obsédante, aussi dure que la solitude, marchande un déluge.
La solitude peut être une amie.
C'est mieux que d'être seul.
Où je vais presque tout est d’un blanc quasi indicible, cartographié « qui sait ? »
L'insistante pulsion de la dignité mène à la persévérance.
Je voyage sans arme.
Aucun animal ne meurt à ma porte.
Mort, la mort sera sans importance.
Face au fait, je réfléchis.
Richard Nixon a donné un nouveau sens à la tromperie.
Aussi froid qu’un collecteur d'impôts, je ne pousse personne à prier plus longtemps.

* 29°24’16.33’’ N — 103°12’16.36’’ O — Source Google Earth Pro. Voir photographies GEP.

My Columbus tracks

across a flinty valley reckon abstractions. Desert
        won’t turn me loose. Heat mustering over land reasons
beyond the edge of indifference. I picture blood and
harm. What means this cessation of calm that ices

my backbone? Space noises make survival explicit.
A march of particulars. Broadside days and flickering
nights. What this un-Eden cactus orchard lacks in 
        apples it makes up for (in)* devils. With an idiot’s
obsession, I watch each footstep, for sometimes
no warning precedes a strike. In favor of reticence,
the Grapevine Hills squat along complexity. Heavy
aroma, hard as loneliness, bargains a rainstorm.

        Loneliness can be a friend. It’s better than being
alone. Where I go is mostly wordless whiteness, the
mapmaker’s code for “who knows?” Dignity’s insistent
impulse strides into singleness. I travel without gun.

No animal dies on my doorstep. When I’m dead, death
won’t matter. It’s before the fact that makes me pause. 
        Richard Nixon has given new meaning to deception. Love-
less as a tax collector, I lengthen no one’s prayers. 

+++

Pour mémoire : les poèmes que j'édite ici sont mes traductions des poèmes de Walt Stevens qui fut professeur de littérature anglo-saxonne et de philosophie dans quatre universités américaines jusqu'au début des années 1970. Le poème original est reproduit ci-dessus.

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