Rat du désert
Où le soleil dort-il ? Moi, qui regroupe les questions, je ne connais pas mon nom. Mon corps me mène au désert comme il a appris à faire l’amour. Une ressemblance passive s’oppose à l’aventure du lièvre. On dirait que l’odeur du créosotier avant l’orage dévoile
mes vérités. Après l’arrosage, la chronique de Mano glissa sous la frontière à l’ancien carrefour de San Carlos. Quand je lève les yeux sur Burro Mesa1, le mot caballero2 me vient à l’esprit et Victorio et à la façon dont l’extinction favorise les perdants. Dans les Chisos3, l’esprit d’Alsate4
traque toujours Castillo5 l’informateur. Rat de l’inhabité, je rassemble mon désœuvrement et saisis une manipulation du temps. Quel saccage au clair de lune comanche
adopte l’épi de fameux maïs ? Je considère ma carcasse à un jour dédié à ce qui ne peut être fait. Mon histoire n’est pas historique. Je suis le plus souvent avaloir.
Un gratte papier payé en oignons. Mes Mémoires sont le fait de ma vie. Autrefois, j’étais courageux. De la
South Rim5a, des Apaches espionnèrent le Mexique durant huit jours. Observateurs aux yeux d’aigles parmi les strates de vent hurleur de la montagne, les Zacateros gerbaient délicatement le chino6 sauvage à vendre
dix sous le bouquet au poste de la Cavalerie. Des ânes déguisés en meules de foin vacillaient sur la piste vertigineuse en direction du fleuve. Un aigle à queue rouge spécule sur la course d’une souris.
Les aboyeurs annoncent-ils mon arrivée ? Avant même le déferlement des orages, les arroyos assèchent leur jus en soudaine hibernation. Ne cherchant pas d’alternative, j’adopte un rythme maladif. Fendre
la pierre, les graines répètent le paradoxe discordant. Un serpent à sonette me rappelle l’espace que je dois respecter. J’ai l’habitude de le tuer. Là, je l’ignore.
Qui suis-je pour douter de son bleu7 providentiel ? En matière de compétences barbares, je le surpasse. Ma lenteur de lézard cornu à vieillir sur le plateau d’Anquila hésite à la classique
ligne : « la plus grande de toutes les coupures8. » En d’autres mots, ici ça se fait. Des guerriers ont rapporté aux Buffalo Soldiers9 avoir été retenus aux extrémités [de la coupure ?] par l’eau. Ils menèrent leur monture avec énergie
en direction du bassin, où ils moururent. Ce qui manqua aux Mescaleros profita aux faucons pèlerins. Et si ta vie supporte d’attendre, tu peux les voir planer sur cette cicatrice dorée comme s’ils la possédaient. Ils la possèdent. Lorsque tu y traînes, le goulet joue d’un piccolo différent de celui qu’il joue ici
sur la corniche10. Quoi qu’il en soit, ça surpasse Dallas ou Détroit. Mes os blanchissants préfèrent le col de la Panthère et les pinto beans11
au Chasen’s12 et au foie gras. Compilant les saisons dans un carnet, je distille d’infinies listes de panacées à base de sotol13.
Pour ne pas rapporter d’erreurs, mes mots sont récents et précis. Destinées à moi seul, il y a des élévations que je
ne puis relater. Mes moyens ne sont pas misogynes ainsi que je le prétends de prime abord. Arriba el sol14 m’aurait mis au ban. Une réserve sans arrière-pensée pulvérise des instants de pourriture naissante.
Je puis aller et venir, mais ceci n’est pas un endroit où je peux demeurer. Cela revient à d’autres moins corrompus. Avant de disparaître, un renard désorienté se fige de perplexité par ma présence à la source de Tinaja
où, jusqu’à présent il préservait son intimité. Gomez
s’est-il attardé ici pour soigner ses blessures ? Le fait, pas le corps. Sa fille l’a-t-elle supplié de ne pas combattre la Cavalerie ? « Vert » ne signifiant pas que le soleil levant révèlera un partage des eaux pareil à Rosillo15.
Un tourbillon de poussière zigzague à travers la vallée de Tornillo et s’écroule au milieu d’applaudissements sur le plateau de Onion Flat15. Chassé par la chaleur d’un refuge de genévriers, un cerf mulet du désert s’ébroue et s’avance lentement pour paître dans la solennité du crépuscule. Sauvage entre absence et présence, je lui laisse à contrecœur son choix paléolithique du larmoyant pleur maternel suppliant aux gènes perdus15a. Quelle fureur
la nuit répare-t-elle dans ce théâtre de survie ? Parmi les émotions incontrôlées des putois et des blaireaux, un héros de l’oreiller chevauche jusqu’à
l’aube. Au soleil, la grandeur protège les proportions de la portée de mains impuissantes. Je suis désarçonné, et cette arme est un crayon.
La vibration de mon papier préside à l’absence de regards innombrables. Au début des patrouilles frontalières, Buck Newsome16 remontait le fleuve aux environs du coude dit du « Old Red turning » proche des WETS17
pour les États de Chihuahua and Coahuila. Il recoupait les sentiers et pistait toute trace de contrebandiers, de voleurs et d’assassins. Ce cavalier efflanqué aimait à se couler parmi ceux qui le provoquaient d’un « Attrape-moi si tu peux ! » Il proclamait n’avoir jamais laissé une trace qui ne s’effacerait pas. J’entends une source dont les sons rappellent un accordage de piano. À moins qu’il s’agisse d’un accordage
qui sonne comme une source. L’épouse de Sam Nail18 jouait-elle du piano ? La touffeur d’août
qui fait tressauter les galets dans le cañon du Chêne la faisait-elle pleurer ? J’aurais pu le demander à sa parente et distante voisine Ethel avant sa mort à 93 ans. Mais j’étais trop absorbé par le marchandage d’une vieille charrue. Je l’ai eue pour 37 dollars. Le matérialisme corrompt mes meilleures intentions. Je suis un enfant de la civilisation. Certaines choses récusent les décisions.
C’est ainsi. Dans un camp de bouilleurs de cire situé de l’autre côté du Rio Grande, une mixture de candelilla bouillonne dans une cuve sous le regard endormi d’un âne dédaigneux. Un « pays » descend de guingois la berge rocailleuse pour prélever un pot d’eau chocolateuse dans le fleuve. Il
la boit. Je ne la verserais pas dans un radiateur. Les heures empilent les caliche19 sur le pardon19a. Je me perds dans les habitats20 des mots. Combien de larmes faut-il verser pour mourir ? À l’égout de l’abandon, poisseux de corbeaux ripailleurs de charognes. Revenant sur Terre,
les murs de pisé dessinent un pot de fleur pour Yucca à feuilles d’Aloès. Qu’est-ce qui a fait fuir la famille Bravo s’attardant ici à essayer
de faire fonctionner le désert ? Cette boue fondante est-elle l’habitat de la guérisseuse qui des mois durant soigna el fotógrafo21 en
gratitude au bien-être ? Un vieux profile certifie mon isolement hystérique. Une abondance de choix centre mon vol contrarié. J’affiche la bravade comme une plume. Mon mélodrame tarde à être présenté. Homme sans siècle, je ne puis échapper à ma fuite. L’esquif à la mode tequila
qui me permet de traverser le fleuve me mouille les pieds. Un âne, parangon d’indifférence, m’attend sur la berge mexicaine pour me traîner par là-bas, vers Boquillas. Ça fait longtemps qu’il a mémorisé la route. En suivant
une piste qui m’est invisible, il transporte sa cargaison à travers la pénible plaine alluviale du mesquite comme s’il avait déjà parcouru cent miles. Le sable mou l’aspire jusqu’aux fanons. Faite de tiges et de boue,
une masure effondrée détaille la pauvreté des habitants du désert. Un murs présente une ouverture que j’appellerais « fenêtre » invitant mouches, moustiques, maladies et l’hiver à entrer.
Dans l’encadrement d’une porte battante, une petite fille à pieds nus me montre du doigt et crie « Americano ! » à tue-tête. Dans une attitude dramatique, je la corrige de ma plus infâme voix de basse : « G-r-r-r-in-g-o ! » Le rire perçant d’une mère illumine le sombre
intérieur de la cabane. Un petit garçon m’indique que j’avancerais plus vite si je lui permettais de suivre ma bête avec une badine de saule. Il
agite sa baguette. Mais la sorcellerie n’est pas son fort. L’âne n’a qu’un allant. Lorsque j’arrive au square de terre-battue de la ville et me paye un bière, je commande un Pepsi pour le gamin qui, un jour sera le maire de Boquillas.
Les couleurs se multiplient et chambardent les montagnes de la Sierra del Carmen22 au point de croire que Pancho Villa incendie Castolon23.
1 – La crête de l’Âne.
2 – Caballero : gentilhomme.
3 – Les Chisos : (29°14’ N — 103°24’ O) http://www.texasescapes.com/MikeCoxTexasTales/Nearly-forgotten-Big-Bend-Legend.htm
4 – Alsate (ou Arzate) : bandit comanche du Big Bend entre 1867 et 1879.
5 – Alonso del Castillo Maldono : serait-ce lui l’informateur ? Ce Castillo venait d’Espagne, était explorateur et comme tout fils de famille noble, il tenta de faire fortune aux confins de l’Empire vers 1527/28.
5a – South Rim. Il s’agit d’une piste pouvant être appelée « Corniche sud » et qui passe au sud du Bend.
6 – Probablement Bouteloua ramosa, Chino grama.
7 – Serpent – Sous-famille des Crotales, genre : Sistrurus. Peau à tonalité générale bleue (un bleu… de travail ?)
8 – Probablement une gorge dans cette région proche du Chisos Basin (bassin de Chisos).
9 – Probablement un des régiments de Cavalerie de l’armée américaine, entièrement composés de militaires noirs, et qui virent le jour à partir de 1866 pour protéger les frontières à l’ouest.
10 – Corniche : rim.
11 – Panther Pass : dans les Chisos (Bend). Pinto bean : haricot rosâtre et marbré de rouge, substitut du haricot noir plus courant mais moins agréable au goût.
12 – Chasens’s (du nom de Dave Chasens) : sorte de « chilli bâtard » prétendument le meilleur au monde. Durant la Grande dépression, il aurait sauvé plus d’affamés que la Croix rouge.
13 – Sotol. Agave apparentée au Dasylirion longissimum dont on extrait onguents et alcools.
14 – Arriba el Sol : le soleil [qui] se lève. Lien possible avec la chanson [Y] Arriba quemando el sol (soleil brûlant). Ici « Arriba el sol » est peut-être utilisé en place du nom de l’interprète (Violeta Parra ?) de la chanson.
https://www.youtube.com/watch?v=s2E9AXJozGw
Agrandissement : Illustration 1
Qui sont donc ces « fils du Nebraska » cités sur la stèle ? Cet État est plutôt éloigné du Big Bend. Où se cache le lien de cette énigme ? Walt Stevens n’est plus des nôtres pour l’expliquer. Mais allez donc entendre la chanson « Y arriba quemando el sol » sur Youtube, elle vaut l’usure de votre clavier.
15 – Ces « partages des eaux » se situent dans la région de Onion Flat que vous trouverez sur Google Earth Pro par 29°26’28.12’’ N et 103° 17’ 02.90’’ O. Il s’agit probablement de ces longs murs (vestiges géologiques) allant d’ouest en est que vous pouvez voir sur les images satellites entre Onion Flat et les Rosillos Mountains. Tous les noms géographiques ne figurent pas sur lesdites cartes, mais vous pouvez vous faire aider par d’autres cartes en tapant « Carte Texas », GEarth présentant toutefois la meilleure résolution.
15a – Eh oui, il s’agit d’un cerf à modification génétique naturelle.
16 – Buck Newsome. Il était sans doute une sorte de douanier-garde-frontière qui travaillait sur le fleuve, qui est toujours la frontière entre les USA et le Mexique, aux environs des insatllations des WETS.
17 – WETS : Water Equipment and Treatment Services. Équipement moderne de traitement des eaux du Rio Grande installé aux abords du fleuve. Presque du Deleuze.
18 – Sam Nail ranch : https://www.nps.gov/places/sam-nail-ranch.htm – Google Earth 29°16’45.45’’ N – 10322’ 07.53’’ O.
19 et 19a – Caliche : espagnol d’Amérique (Webster). Il s’agirait d’une petite pierre mélangée à l'argile qui ne se dissout pas à la cuisson et reste incrustée dans le récipient en céramique. Sens dans le texte : une erreur pardonnable en soi, mais dans quelles proportions.
Caliche est un mot espagnol qu’on retrouve dans le patois bruxellois (marollien – jus de la racine de réglisse réduite par décoction et qui forme un vrai caillou ou masse noire) et qui définit aussi une insulte vague et donc aisément pardonnable. Notons au passage que l’empire de Charles Quint ne voyait jamais le soleil se coucher. Cela dit, un eau boueuse dans un radiateur (de moteur automobile ?) doit forcément former des « caliches » dans des circuits métalliques où la température atteint régulièrement les 90° C.
Et ces « pardons » ? De quoi s’agit-il ? Perdu pour perdu dans les habitats des mots… Qui ira au Texas, dans le Big Bend, pour comprendre cet idiotisme ?
20 – Dans le monde du langage, les habitats des mots sont sculptés dans notre modèle mental du monde. Ce modèle mental a une texture aussi complexe que les strates de la croûte terrestre. –
In the world of language, the habitats of words are sculpted into our mental model of the world. This mental model has a texture just as complex as the strata of the earth’s crust (Carnegie Mellon university, Research showcase, Dept. of psychology, College of Humanities and Social Sciences, Pittsburgh, PA 15213 – 1987). Presque du Deleuze : n’oublions pas que Walt Stevens enseignait la philosophie et la littérature anglaise.
21 – El fotógrafo – L’internet regorge de références, mais sans nom à qui attribuer cette pléthore d’information qui vaut cependant la peine d’être consultée, laquelle choisir, sinon ne serait-ce que le site concernant Edward Sheriff Curtis. Se dévouant entièrement à son entreprise photographique de la population aborigène, Curtis est parti à la rencontre de 80 tribus amérindiennes, de la frontière du Mexique au détroit de Behring, gagnant leur confiance grâce à sa patience et sa sensibilité. Son œuvre a été publiée en 20 volumes entre 1907 et 1930 sous le titre de The North American Indian, mais le tirage étant limité à 272 exemplaires, les originaux sont vite devenus très rares.
J’apprends en ce 23 mars 2022 que l’éditeur Taschen publie le livre de Curtis en porte-folio complet, un en anglais et un en allemand, au prix de 16 € + le port. Ce livre sera disponible à partir 14 avril 2022.
22 et 23 – Au nord-ouest de Boquillas.
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Texte original anglais (USA)
RAT OF THE DESPOBLADO
Where nights the sun? I, who gather questions, can’t name myself. My body takes to desert the way it learned of love. Passive similarity confronts a jackrabbit adventure. Sounds the smell of creosote bush before a rainstorm banner
my slogans. After watering out, Mano’s column slipped below the border at the Old San Carlos Crossing. When I look up at Burro Mesa, I think of caballero and Victorio and how extinction favors losers. In the Chisos, Alsate’s spirit
ever tracks Castillo, the informer. Rat of the Despoblado, I gather loose ends and comprehend a
sleight of time. What pillage by Comanche
moonlight approves the celebrated ear ? I take my own shape in a day given to what can’t be done. My history is not historical. I’m mostly mouth.
An onion-tooth scribbler. Recollections are the action in my life. I was brave once. From the
South Rim, Apaches sighted eight days into Mexico. Eagled among wind-song layers of the sierra, zacateros coaxed wild chino grass into bundles, trading for
a dime at the cavalry post. Burros, dressed like haystacks, shilly- shallied vertigo trails to find the River. A red-tail hawk gambles a mouse’s rush. Do
avisadores warn of my approach? Almost before thunderheads blow by, arroyos run their juices to sudden hibernation. Seeking no outer edge, I work a jaundice pace. Splitting
rock, seeds replay cacophonous paradox. A rattlesnake reminds me of space I must honor. I used to kill him. Now I walk away.
Who am I to question his pastel of god? In barbaric skills, I outrank him. My horny-toad delay to growing old across the Mesa de Anquila falters at a classic
line, “the grandest cut of all.” Along another sense, it fashions here. Warriors chronicled to buffalo soldiers were walled out at both ends by water. So they rode hard for
the Basin, where they died. That which failed Mescaleros flourished falcons of the peregrine. And if your life will bear
waiting, you can watch them glide this gilded gash as if they own it. They do. The canyon pipes a different piccolo when you’re floating through than it does from up
here on the rim. But either way it beats Dallas or Detroit. My whitening bones play Panther Pass and pinto beans better
than Chasens and pate de foie gras. Keeping seasons in a notebook, I busy sotol phrases along hierarchies of panacea. In
order not to tell it wrong, my words are green and far. Meant for me alone, there are elevations I
can’t write about. My solutions aren’t hairy-chested as I hurry to pretend. Arriba el Sol would have banished me. A cloudless reservation fragments fathered moments of decay.
I may come and go, but this isn’t a place where I can stay. It deeds to others less corrupt. Before vanishing, a puzzled fox freezes in disbelief of my presence at Tinaja
Spring, where until now he hoarded privacy. Did Gomez
linger here to heal his wounds? The fact but not the fabric. Did his daughter beg him not to fight the cavalry? Green unmeaning of the sun tomorrows a Rosillos watershed.
A dust devil shimmies across Tornillo Creek and falls apart amid applause on Onion Flat. Rising in a juniper asylum from heat, a mule deer shudders and moves slowly out to browse in solemnity of dusk. Ferally between an absence and a presence, I begrudge his choice as a paleolithic cry mothers atavism praying to deserted genes. What fury does
night repair within this playhouse of survival? Along skunk and badger uncomposition, a pillow hero rides til
dawn. In sunlight, magnitude defends proportion from distance of failing hands. I’m dismounted, and this weapon is a pencil. My
paper resonance presides before no swarming eyes. When the Border Patrol was young, Buck Newsome worked the River on Old Red turning around wets
to Chihuahua and Coahuila. He cut paths and trailed sign of smugglers, thieves, and murderers. The lanky horseman liked to wrap himself around the ones who challenged, “Come and get me!” He claimed he never printed tracks that wouldn’t blow out. I hear spring sounding like a piano tuning. Or is it a piano tuning
that sounds like spring? Did Sam Nail’s wife play the piano? Did August swelter
bouncing off boulders in Oak Canyon make her cry? I could have asked her kin and distant neighbor Ethel before she died at ninety- three. But I was too intent on bargaining
with her for an old plow. I got it for thirty seven dollars. Materialism depraves my best intentions. I’m a son of civilization. Some matters challenge resolution.
You have to let them be. In a wax camp just over the Rio Grande, a vat bubbles its candelilla brew beside a burro’s sleepy-eye disdain. A paisano sidles down the bristled bank to dip a can of chocolate water from the River. He
drinks it. I wouldn’t put it in a radiator. Hours pile caliche on pardon. I lose my way in habitats of words. How many tears does it take to die? In neglect’s gully, a schmear of ravens feasts on carrion. Returning to earth,
adobe walls describe a flower pot for Spanish bayonet. What fled the Bravo family that tarried here trying to
make desert work? Is this melting mud the homesite of the curandera who for months nursed el fotografo to a
gratitude of wellness? An aged profile certains my hysterical marooning. Amplitudes of option lay astride uncontended flight. I wear bravado like a feather. My melodrama longs to be performed. A man without his generation, I can’t escape escape. The tequila-fashioned
skiff that ferries me across the River makes my feet wet. A burro promising indifference waits upon the Mexican shore to haul me yonder to Boquillas. Long ago he memorized the route. Following
a trail invisible to me, he totes his cargo through tangled mesquite floodplain as if he has already come a hundred miles today. The soft sand sucks him to the fetlocks. A failing jacal spells the poverty of
these desert people. One wall allows an opening I’ll call a window, welcoming flies, mosquitoes, disease, and winter.
In the domino doorway, a barefoot girl-child points and yells, “Americano!” Pausing two dramatic moments, I correct her in my most villainous stage bass, “G-r-r-r-i- n-g-o!” A mother’s shrilly laughter lights the dark
interior of the shack. A small boy argues I could go faster if I let him follow my beast with a willow switch. He
waves his wand. But sorcery is not his predilection. The burro has one gear. When I reach the dirt-floor square of town and buy a beer, I order a Pepsi for the boy, who will someday be mayor of Boquillas.
Colors pile up and rag the Sierra del Carmen until I’m certain Pancho Villa is burning Castolon.