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Billet de blog 26 août 2021

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Aux plus petits d'entre nous — 5

Samedi soir au Presidio

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Samedi soir au Presidio


Quand le soleil se couche, les obsessions trop évidentes du jour détrempent les contours de doute et de désolation.

Le whisky et les filles de bastringue sont au boulot dans les villes fluviales où, fatigués, les ventilateurs suspendus ne chauffent plus.

Dans la fantomatique brume mauve, les cow-boys en bottes du dimanche piétinent pour en ôter la poussière de la prairie et encouragent les guitaristes embauchés. Et bien sûr chaque orchestre texan doit faire entendre un violon.

Qui est le clown ? Je suis le quatrième trouble-fête de la Grande Ourse. Deux catastrophes à l’ouest de l’étoile Polaire. La frontière derrière le désespoir. Au nord de la raison. Au sud de la détresse. Juste au-dessus de la belle de nuit qui n’a jamais cru à son salut à Marie. Les cloches d’Ysleta sonnent, mais nous ne pouvons les entendre.

Comme les engoulevents rugissent la destruction dans le ciel, je dépêche sa beauté à mon désespoir. La passion c’est l’éternité en action. La tequila et les ténèbres sont de notre côté. Les hiboux clignent de l’œil comme toujours. Un informe éclat de lune s’installe dans notre culpabilité. Alors que les étoiles vieillissent, elle chante ma chanson sur des rythmes défaits.

Seul le désert sait la violence de notre sérieux. Si je possédais un âne, et si mon épée était intelligente, je la sauverais. Mais le soleil pourrait rendre la romance désuète. Elle découvrirait sans tarder que j’en sais assez pour échouer. Que je suis un perdant à l’aller et au retour. Mais nous proférons toujours des mensonges, des mensonges d’amour avant l’illumination.

De l’autre côté du Fleuve, un coyote hurle en espagnol.

*

Saturday night in Presidio


When the sun goes down, obsessions too naked for day moil perimeters of doubt and desolation. Whiskey
and honky-tonk gals keep busy in River towns where drawling ceiling fans lose to heat. Ghosted by 

purple haze, cowboys stomp prairie dust from Sunday 

boots and shake their hired partners for guitars.
And, of course, every Texas band must play a
fiddle. Which one’s the clown? I’m the fourth
joker from the Big Dipper. Two havocs west of Polaris. The worder behind despair. North of sanity. South 

of hopelessness. Directly above a calico queen who never meant her Hail Marys. Ysleta Mission bells 

are ringing, but we can’t hear them. As nighthawks roar destruction in the sky, I urge her summer to my desperation. Passion is eternity happening. Tequila 

and darkness are on our side. Owls wink as if they know. A jagged shard of moon is recent to our guilt. While stars grow old, she sings my song in ruined 

rhythms. Only desert learns the rage of our intent. If I owned a burro, and if my sword were bright, I’d 

rescue her. But sunshine might obsolete romance. She would soon discover I know enough to fail. That I’m a loser going in and coming out. But we still have lies and lies of love before the light. 

Across the River, a coyote howls in Spanish. 

***

Pour mémoire : les poèmes que j'édite ici sont mes traductions des poèmes de Walt Stevens qui fut professeur de littérature anglo-saxonne et de philosophie dans quatre universités américaines jusqu'au début des années 1970. Le poème original est reproduit ci-dessus.

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