Un vote tactique... un vote barrage : le vote Mélenchon !
Plusieurs billets de blog s'affichent sur ce thème.
L'un des derniers, par exemple, suggère que, même si l'on n'aime pas Mélenchon, si on ne lui fait pas confiance, et/ou si l'on est en désaccord avec tout ou partie de son programme, il pourrait être intéressant de voter pour lui afin de réduire les risques d'avoir l’extrême droite présente au second tour... sachant que, de toutes les façons Mélenchon ne pourrait l'emporter...
Je suis d'accord avec cette stratégie... sauf que, pour ce qui me concerne, j'entends voter Mélenchon dans l'espoir qu'il l'emporte.
Examinons les réticences des uns et des autres à un vote d'adhésion pour le candidat Mélenchon.
1. Il y a celles et ceux qui estiment qu'il n'a ni la personnalité ni le comportement qui conviennent à un homme d'Etat destiné à représenter la France,
1bis, et ceux qui sont horrifié(e)s par les "prises de position" de JLM sur la guerre en Ukraine et, plus généralement, sur ses projets : quitter l'OTAN etc..
Un vote tactique... un vote barrage : le vote Mélenchon !
2. Il y a ceux et celles qui ne croient pas que son programme soit réalisable, et qui vous diront que les milliardaires et autres industriels du CAC40 quitteraient la France ; que les taux d'intérêts augmenteraient ; que l'Union Européenne infligerait des amendes ; qu'une crise économique ne manquerait pas d'advenir... ils citeront l'exemple de la Grèce...
3. Il y a les identitaristes (identitaires) et autres racistes, fascistes etc.., lesquels, bien évidemment ne sont d'accord ni avec la FI ni avec ceux qui adhèrent à cette idéologie qualifiée d' "Islamo-Gauchisme"... (!)
A l'argumentation n°1 (personnalité et comportement inadéquats), je répondrai ceci :
La personnalité, telle qu'elle s'affiche lors d'une telle campagne électorale, apparaît sous un prisme, filtrée, déformée par les media, et ce, afin de servir le ou les candidats que l'oligarchie aux commandes souhaite avantager, et donc tenter de discréditer et éliminer les autres.
Mélenchon a, certes, une personnalité qui ne plaît pas forcément à tout le monde... Pourtant, bien d'autres politiciens sont infiniment moins reluisants, côté apparence et comportement, tant chez nous qu'à l'étranger, ce qui ne les a pas empêchés d'emporter l'adhésion.
Quid de Sarkozy par exemple ? (la racaille... nettoyer au karcher... "Casse toi pov con"..., sans parler de son attitude profondément malhonnête (voir toutes les affaires dans lesquelles il est impliqué...) et de son absence de stratège gagnant sur bien des sujets (Guerre en Libye, guerre en Crimée etc...). Il a pourtant été à deux doigts d'être ré-élu en 2012 pour un second quinquennat.
Quid, également, de Donald Trump, Boris Johnson... je n'irai pas jusqu'à citer Kim Young Un...
Et Quid de Jupiter 1er, notre Grand Dirigeant actuel ? Qu'on se souvienne des premières réactions lorsqu'on a subodoré qu'il envisageait de se présenter aux élections en 2017 ?
"Aucune chance" pensait-on. "Qu'est-ce que cet OVNI qui n'a ni programme ni idéologie... ?"
Personne n'y croyait... mais la presse people a transformé l'OVNI en Star ! Merci Mimi Marchand et les autres...
Et aujourd'hui, ledit "Jupiter", après 5 ans d'un "règne" remarquable par ses actes de sabotage de la puissance industrielle française et de la démocratie française, par l'affichage d'un mépris souverain pour 80% des Français, par ses mensonges, par son bilan désastreux et son programme "Thatchérien", plus qu'angoissant pour la grande majorité... ,
reste en tête des intentions de vote !!!
80% des Français vont voter contre leurs intérêts !
Alors excusez moi mais, même si certaines des attitudes de Mélenchon ne me plaisent guère, entre les deux mon choix ne balance pas, rien que sur la personnalité et les attitudes, pour commencer.
A l'opposé de tous ses adversaires, Mélenchon est le seul candidat qui s'est investi dans sa campagne, qui a présenté un programme parfaitement étudié, crédible, détaillé et chiffré ; les autres candidats s'étant plus ou moins moqués du monde.
Par ailleurs, Mélenchon est réputé honnête et ne traîne aucune "casserole" derrière lui. La condamnation dont il a été l'objet en 2017 n'avait pas d'autre objet que ses propos injurieux à l'égard des agents des forces de l'ordre lors de la perquisition menée à son domicile... attitude qu'on n'approuve pas, mais dont on comprend les motivations (revoir les détails de l'affaire : les comptes de campagne 2017 de la FI avaient été approuvés avec une remarque faisant état d'un dépassement "dans la marge d'erreur possible" ; en dépit de cette approbation, le parquet, sans doute à la demande du pouvoir, a décidé de lancer cette perquisition nocturne... Pourtant, la campagne du candidat Macron recelait des anomalies bien plus conséquentes, la seule qu'on ait trouvée à l'époque (depuis lors l'on en soupçonne bien d'autres... voir l'actu, notamment sur ce média). Quant à Sarkozy et l'énormité de ses fraudes, il en a fallu des années avant qu'il en soit inquiété !)
Mais le pouvoir en place et les média qu'il contrôle, ont su transformer l'ignominie de l'attaque contre Mélenchon, en une dépréciation à l'encontre de sa candidature.
S'agissant maintenant de la guerre en Ukraine (argumentation 1bis), je dirai que les autres intervenants jouent avec le feu. Mélenchon clame que ce n'est pas en envoyant des armes en Ukraine qu'on ramènera la paix et qu'on limitera les dégâts, notamment la durée de la guerre armée et le nombre de morts. Bravo la stratégie des Biden, Macron, Johnson... en fait aucun n'a de stratégie. Que Poutine ait tort, cela ne fait aucun doute, même pour Mélenchon. Mais il est sage de considérer le rapport des forces en présence. L'intervention des Européens n'est envisageable que dans le sens d'une aide humanitaire, l'envoi de vivres, de médicaments. Quant aux sanctions économiques contre la Russie, oui à la condition que ces sanctions soient décidées avec une stratégie intelligente, et non si cela doit se retourner contre nous... L'embargo sur le gaz russe, c'est bon pour les Américains, certainement pas pour les Européens... mais comme nous faisons partie de l'OTAN et que ce sont les Américains qui y commandent, nous nous sentons obligés de les suivre même si c'est totalement contraire à nos intérêts...
Quant à la réponse à l'argumentation n°2 : "programme économique irréalisable"... L'analyse qu'en a faite Romaric Godin est fort intéressante.
Comme tout un chacun, j'ai moi-même des doutes. Et cependant je souhaite qu'on aille dans cette direction.
Vrai, ce qui n'a pas marché avec Mitterrand, même si les forces de la mondialisation libérale étaient alors moins incontrôlables... aurait, penseront certains, encore moins de chances de succès aujourd'hui...
Par ailleurs, le néolibéralisme financiarisé que nous subissons maintenant, est bien plus insupportable, et bien plus dangereux pour l'avenir proche, compte tenu du nouveau contexte de l'humanité dans un avenir très assombri : surpopulation et surconsommation par rapport aux ressources de la planète, prévisions catastrophiques en matière de survie de l'humanité (réchauffement climatique, pandémies incontrôlables...). Et, dans ce contexte, le néolibéralisme s'avère déjà catastrophique... bientôt sans doute, quelques centaines de milliardaires vont posséder toutes les terres de la planète... et j'en passe...
Dans un tel contexte, la lutte contre ce capitalisme reste la base de tout espoir de redresser la barre.
Alors, même si ce n'est pas évident, je pense qu'il faut aller dans cette direction, et ce, le plus tôt possible.
Je suis bien conscient que Mélenchon, dans l'hypothèse de son élection, ne va pas tout réformer du jour au lendemain. J'imagine qu'il va commencer, ainsi qu'il l'a promis, par mettre en place l'assemblée constituante pour changer la constitution. Ces travaux vont durer au moins deux ans. Pour le reste, il va sans doute dès le début du mandat prendre certaines mesures urgentes telles que réformer la fiscalité, secourir les sans-abri, etc...
Mais, bien évidemment, la mesure la plus importante, la mère de toutes les autres, c'est le changement de la constitution et la transformation du régime présidentiel en système parlementaire...