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Billet de blog 18 juillet 2013

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Comment l'Argentine a congédié définitivement la boucherie sociale FMI

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1) LE "POPULISME QUI MARCHE"

À l’automne 2001, l’Argentine a foncé droit dans le gouffre. Le pays est noté « DDD », en banqueroute, par l’agence Fitch. Le chômage atteint officiellement 25 %. Les salaires sont réduits de 13 %, tandis que l’inflation croît de 125 %. La moitié, quasiment, de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les manifestations, et autres concerts de casseroles, se multiplient. Les chômeurs en lutte, les piqueteros, occupent les routes. Depuis trois ans que la récession s’est installée, l’Argentine suit, au mieux, les conseils du FMI et des États-Unis, d’un « plan de rigueur » à un « programme de privatisations ». C’est un échec patent.

Malgré cette déconfiture, et une grève générale de trente-cinq jours, le Fonds demeure droit dans ses certitudes : « Le FMI, déclare son directeur général adjoint, ne permettra pas à l’Argentine d’obtenir le soutien promis tant que le gouvernement n’aura pas mis en œuvre, par loi ou par décret, l’ensemble de mesures annoncées par le président. » Et le porte-parole du Trésor américain complète : « Davantage de sacrifices seront probablement nécessaires de la part de la population argentine » !

2) NOTRE PROPRE POLITIQUE

C’est alors que, en avril 2002, Robert Lavagna devient ministre de l’économie : « Dès mon entrée en fonction, j’ai décidé de changer radicalement notre manière de penser la sortie de crise. Le mois suivant, j’étais à Washington pour rencontrer les dirigeants du Fonds monétaire international et leur expliquer que nos rapports allaient s’en ressentir. J’ai expliqué au Fonds que nous ne voulions plus de prêt et que nous sortirions seuls de la crise. Cette position était tout simplement impensable pour le FMI car nous affichions notre volonté de fixer nous-mêmes notre propre politique économique. J’ai dû leur expliquer trois fois de suite ma position avant qu’ils finissent par comprendre. »

Avec le nouveau Président, Néstor Kirchner, Roberto Lavagna décide alors de contrôler la circulation des capitaux. Le salaire minimum est augmenté de 50 %, pour relancer la consommation. La dette est annulée, à hauteur de 75 %.

3) PLUS BESOIN DES BANQUIERS

" Les sorties de crise se font en dehors des chemins tracés par le FMI", poursuit Roberto Lavagna.

« Cette institution propose toujours le même type de contrat d’ajustement fiscal qui consiste à diminuer l’argent qu’on donne aux gens – les salaires, les pensions, les aides publiques, mais également les grands travaux publics qui génèrent de l’emploi – pour consacrer l’argent économisé à payer les créanciers. C’est absurde. Après quatre ans de crise on ne peut pas continuer à prélever l’argent aux mêmes. »

« Le FMI s’est transformé en une institution chargée de protéger les seuls intérêts financiers. Quand on est dans une situation désespérée, comme l’était l’Argentine en 2001, il faut savoir changer la donne. »

Et de conclure : « Les banquiers me détestent ! Ce qui ne les a pas empêchés de frapper à notre porte pour nous prêter de l’argent quarante huit heures exactement après que nous avons terminé la restructuration de notre dette en 2005 ! Or j’ai refusé ces offres intéressées en leur répondant que nous ne reviendrons pas sur le marché financier avant 2014 car nous n’en avons plus besoin. ».

 Durant tout ce temps, évidemment, les loups de Washington ont hurlé au « populisme ».

 Avant de, sur le tard, adresser un satisfecit à l’Argentine pour son redressement : entre 2003 et 2011, son PIB a triplé.

« C’est vrai que, dans le cas de l’Argentine, nous n’avons pas été très utiles, admet Claudio Loser, un ancien dirigeant du Fonds. C’est comme ça. »

Source : Libération, 19/2/2012.

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