Michel Sapin était en Suisse lundi 17 juin à l'occasion de la Conférence internationale du travail. Le ministre du Travail a tenu des propos plutôt optimistes sur l'emploi en France. Pourtant, selon l'Insee, le chômage devrait atteindre les 10,7% à la fin de l'année 2013. Pour François Garçon, le gouvernement devrait plutôt s'inspirer du modèle helvétique.
Fiers de leur coq, les Français suscitent aussi le ricanement. Ainsi les Espagnols ironisent-ils sur ce peuple arrogant qui, pour emblème, a pris un des rares animaux qui chante les pieds dans la merde.
Les équipes françaises sont ignorantes
Lundi dernier, Michel Sapin, ministre français du Travail, s’est rendu à Genève où, à la Confédération internationale du travail, il a chanté les mérites du plan français pour l’emploi des jeunes.
L’autosatisfaction du ministre français était-elle de mise ? On rappellera que la France affiche au compteur 3,26 millions de chômeurs déclarés et, surtout, qu’un jeune sur quatre de moins de 25 ans n’a pas de travail. Pire, selon Sapin, "500.000 jeunes n’ont aucune formation ni premier emploi véritable".
Dans ces conditions, on s’interroge sur qui a bien pu composer la chanson du ministre français sur "les bons emplois durables". Entendons-nous bien : un ministre, en France, lit les notes que lui ont cuisinées ses équipes de premiers de la classe.
En regard de ce qu’ont les ministres équivalents en Grande-Bretagne ou en Allemagne, les équipes françaises sont pléthoriques. Elles sont aussi ignorantes, sans doute parce qu’elles baignent dans le même jus d’arrogance que leur patron.
Les Suisses ont éradiqué le chômage
Au lieu d’aller faire le beau dans la grande salle des assemblées du Palais des Nations, que hanta le majestueux Solal, le ministre Sapin aurait eu mieux à faire de regarder comment le pays d’accueil, la Suisse, traite la question du chômage des jeunes.
Ici, le chômage des 15-24 ans plafonne à 3,2%. En Suisse, pas d’énarchie ni de "grandes écoles" d’ingénieurs, commerciales ou littéraires, ces petites fabriques d’arrogance provinciales. Les élites suisses ont un accent plouc, ok, mais parlent deux ou trois langues couramment (l’actuelle présidente de la Confédération helvétique en parle quatre), ont beaucoup voyagé et ont le monde pour horizon.
Quand, escorté de ses premiers de la classe aussi lisses que dociles, le ministre français vient en Suisse, ses premiers de la classe devraient le briefer sur comment s’y sont pris les Suisses pour éradiquer leur chômage.
La recette n’a rien à voir avec l’évasion fiscale ou la crapulerie des banques helvétiques mais à ce que les autorités cantonales en charge de la formation, les patrons et les syndicats suisses travaillent main dans la main pour concevoir des formations adaptées à l’attente des entreprises qui, elles, ont l’innovation pour obsession.
S'inspirer du modèle suisse
Selon l’IMD, après les États-Unis la Suisse est le pays le plus innovant du monde. 75% de ses jeunes phosphorent non sur des sujets de philosophie destinés à faire d’eux des adultes responsables (30% des électeurs français, lors des présidentielles de 2012, ont voté pour des partis aux programmes déments) mais sont en apprentissage dual entre l’école et les entreprises.
Là où les PME françaises se débattent avec un Code du travail de 3.200 pages pour ajuster leurs effectifs compte tenu de l’effondrement des carnets de commandes et sur quoi ironise la presse économique britannique, les PME suisses bataillent pour trouver de la main d’œuvre.
Bref, on ne dénoncera jamais assez la nocivité de ces premiers de la classe, dépourvus de curiosité pour les solutions qui marchent et dont l’ego surdimensionné n’est flatté qu’à condition d’innover.
Qu’ils sachent que personne en France ne leur demande d’innover, mais simplement de s’inspirer de ce qui marche, ailleurs. Seul Astérix peut croire qu’il existe un exceptionnalisme français prédestiné à inventer les solutions miraculeuses dont la planète, émerveillée, s’inspirera.
La planète se contrefout de ce dont sont capables de germiner nos premiers de la classe. La planète est pragmatique : les seules roues carrées qui l’amusent sont dans les musées.
Nos voisins, chez qui Sapin vient de chanter le génie français, en l’occurrence ses fameux "emplois d’avenir", sont aussi capables d’observer que ce peuple qui se décrète génial est gravement déprimé.