Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Cette forêt est le lieu auquel tu aspira quand il n'était encore que l'antre de toi. Cet "antre de" qui se fit ventre, ogre et gorge, ombre et nombre. Entre-deux. Cet antre était cela qui te vouait à l'arpenter, à l'explorer, c'est-à-dire à te dépouiller et à t'ausculter. Il se disait déjà malade avant même que fût né ce qui se nommait toi. Avant même que tu fût, la honte t'étreignait d'une maladie sans précédent et qui en toi prenait racine. Cette racine en s'étirant t'envahissait, te supplantait, te succédait, sans que tu pusses jamais en soupçonner le mal. Et quel mal y avait-il, puisque tous en souffraient qui se disaient semblables et se précipitaient dans de ces équipées dont vous ne reveniez pas? Ils étaient beaux, pourtant, ces confins et lointains vers où couraient vos chiens, l'écume au museau. Et ces chasses sans fin qui finissaient à l'aube d'un second matin, vous laissant harassés, plus rouges que vos proies à vos genoux saignées, vous emplissaient de liesse. Voir la mort palpiter à ses pieds est toujours un bonheur, et sa rigueur est douce pour qui l'observe avec mollesse, depuis son lit d'envies et d'appétits sonores. Tu ignorait tout alors de ce qui mourait en toi. Eux l'ignoraient aussi. Et la forêt se dérobait où qu'elle vous menât…
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