De toi : n'est-ce pas là, précisément, ce dont tu as assez? Quelle dette as-tu donc contractée pour t'encombrer de ce fantôme qui te ronge? pour l'engorger de ta semence et de ton sel? pour le nourrir de ta moelle comme s'il t'était vital? Que ne l'as-tu réduit à rien quand il rodait en toi, vieux pèlerin sans foi! Que ne l'as-tu étouffé dans l'orbe où il rodait! C'est trop tard, désormais. Il s'est multiplié, réitéré, brisé en soi au-delà de tout nombre, divisé en répliques imbriquées de plus en plus fécondes, invasives, rétives, faisant de toi le simple pion d'un jeu fractal et sans objet. Et tu t'es tant attardé dans ses rets chimériques qu'il a formé ce doux cancer interminable qui te fait vivre à petit feu, et que ton fiel à son égard rend plus prospère encore. Ainsi, c'est le code même qui te commande qui est malade. C'est cette maladie qui te meut en toi-même. Toi : qu'est-ce à dire? Parles-tu de cette peau, de ce cœur, de ce sang, de ce réseau nerveux qui s'agite parfois, de ce conglomérat de cellules gloutonnes, de ce tissu atomisé, diffus, épars, dont pas un brin n'ignore le tout qu'il conforme? Tu ne gagneras rien à sonder cette profondeur de néoplasme. Car elle n'aura de fin qu'à l'orée de ce que tu n'es, hors la docte forêt…
Billet de blog 19 août 2011
Quelle dette as-tu donc contractée?
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