Jonass

Abonné·e de Mediapart

8 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 avril 2013

Jonass

Abonné·e de Mediapart

Image d’un peuple réuni sur une terre d’Apocalypse

Jonass

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un peuple réuni.

J’ai rêvé d’un pays lointain, qu’on appelle la population française, où j’ai vu, chose inouïe, des citoyens qui avaient voté FG, PS, UMP et FN, redevenir simples citoyens et se sentir enfin réunis.
Tous biens fragiles et beaux dans leurs petits corps désemparés. Le peuple en somme. Des corps d’insectes. Ecrasés par le géant virtuel qu’est l’économie illégitime et délictueuse, habillé d’une Justice fragile. Géant piloté par une autre catégorie d’insectes à différents pouvoirs, petits insectes aussi, très besogneux et aux pouvoirs, besogneux  mais contre l’intérêt collectif.

Un peuple enfin réuni… si ça pouvait durer… Si les gouvernements et partis pouvaient ne pas essayer de l’empêcher, mais le pouvoir aujourd’hui n’aime pas ça, quand il ne s’agit pas de soumission à l’absurde. 

Peut-être que chacun de ces militants aimait la France à sa façon… Mais ils réalisaient surtout que pour les choses les plus importantes et prioritaires ils espéraient en fait essentiellement la même chose : qu’il y ait du travail et que chacun puisse vivre de façon décente, que le peuple aille mieux, qu’il y ait plus de Justice et moins de choses délirantes et absurdes. Ce qui les avait séparés était surtout ce qu’ils avaient cru possible, ou la méthode pour y arriver… points pour lesquels finalement personne ne peut être sûr de savoir à l’avance.
En réalité, de nombreuses tensions qui les avaient séparés étaient fausses, avaient été en fait générées par ces partis de gouvernements, principalement PS et UMP, dont ils venaient de démasquer la longue et véritable trahison.

Côté citoyens, au FG  ils avaient pensé « L’humain d’abord », et au FN « Arrêtons les délires, parlons bon sens », et au PS « Défendons aussi le faible et le minoritaire », et à l’UMP « Prenons notre avenir en main ». Tous d’accord finalement, entre militants désabusés. Tous d’accord avec des messages de chaque parti, même si peut-être personne n’était en accord complet avec l’intégralité d’un parti.
Mais les messages n'étaient que des mots. Mots et images pour le citoyen, mots de façade parfois pour le parti, à l'envers du parti.

Ils se réunissaient sur ces constats et questions :

  • Les partis de gouvernement PS et UMP sont morts. Ils sont disqualifiés. Tous pourris ? Non. Mais disqualifiés car composés trop majoritairement de gens trop déviants, ou aveugles ou impuissants. Indiquant par là même qu’il doit en être ainsi également au niveau européen.
    Impuissants ? au point de ne même pas pouvoir rendre public des défaillances scandaleuses ?
  • Ces partis ont détruit bonne partie des institutions républicaines, et bonne partie de la démocratie. Ils ont également soutenus, entretenu et protégé une économie et une finance destructrices. Pour arriver à cela, ils ont déstructuré des articulations essentielles de notre système, jusqu’à l’impunité et jusqu’à l’absurde.
  • « Le mal a été identifié, et ces partis c’est fini », la chose était lancée. « Mafia ! ». Mais maintenant quoi ? Comment gérer la suite ? Comment reconstruire à partir de ce qui en restait ? reconstruire à travers des processus bâtis sur un terreau qui n’est désormais plus ni républicain ni démocratique ? Qui va le faire, un élu escroc ?
  • La fraude était transversale, la solution sera transversale. C’est vrai mais c’est vite dit. Union des partis ? abandon de partis probablement… union du peuple se partageant à travers d’autres partis ? une nouvelle base commune et pragmatique pour ces partis, reconstruisant les fondations de besoins humains ?
  • La Marseillaise ils l’aimaient tous. Mais forcément on la conçoit aujourd’hui de façon plus moderne. Fini le temps de partir en guerre la fleur au fusil.
  • Et l’Europe ? L’Europe a été partiellement détruite. Ce n’est pas de cette Europe là qu’on voulait, disaient-ils.
  • Et cette crise, ce travail qu’on continue à faire partir ailleurs, cette dette en grande partie frauduleuse émise par une finance anonyme et sans loi. On ne donne pas notre argent au braqueur de banque en prison, parce qu’il est en prison. Mais pas de prison pour la finance, parce que pas de loi. « Nous ne paierons pas cette dette ! et pas à vous ! et nous reprendrons ce qui est à nous !» entendais-je…

 Et ces citoyens enfin réunis, derniers défenseurs d’eux-mêmes, entonnèrent la Marseille.

En face, un autre peuple réuni. C’était pourtant le même.

J’ai vu ce peuple réuni. Et en face, le même, une autre partie du même peuple, elle-même réunie. Autre couche transversale issue de tous ces mêmes partis. Mais le premier peuple et le deuxième peuple se faisaient la guerre. Pourquoi ?
Ils étaient tous face aux mêmes images, aux mêmes mots... mais ne voyaient pas la même chose et n'entendaient pas les mêmes choses ? Les deux avaient-ils raison, les deux avaient-ils tort, l’un des deux avait-il plus raison et essayait-il de freiner l‘erreur de l’autre ? A tout cela, peut-être, ou pas. Mais ces questions ne sont pas forcément les plus essentielles, du moins premières. Car justement, même parfois sans s’en rendre compte, tous croyaient vouloir la même chose, défendre la même chose…
Des réponses seraient au-delà de cette photo d'un peuple réuni présentée ici. 

Mais violence certaine. La « vérité » est forte. Alors qu’en est-il d’une vérité qui s’oppose à une vérité, surtout quand c’est la même ? Et partielle…

Apocalypse

Et pendant qu’ils chantaient, je me rappelais leurs mots incertains mais clairs, leur crainte plus intense encore de ce qu’ils ne pouvaient pas nommer précisément, mais qu’ils ressentaient :

  • Tout n’est plus que mensonges éhontés poursuivis jusque dans l’absurde, même démasqués, mensonges, usurpations et falsifications. Trahisons. Injustices. Perte de valeurs, perte de sens, perte de guide, perte de vision.
  • Périodes où des gens pouvaient être subitement absorbés par des contagions fanatiques et irraisonnées, que ce soit dans l’idolâtrie ou la haine, d’autres assistant alors désarmés au spectacle ravageur. Et les gouvernements poussaient encore et toujours plus à la division.
  • Et les médias parlent à notre place, nous font dire n’importe quoi, disent n’importe quoi, répondent à de fausses questions, parlent uniquement entre eux dans des spectacles de faux clivages… martellement cherchant toujours plus à effacer le sens des choses et la parole « d’en-bas », celle qui gronde. Une disparition de l’intelligence humaine ? Non, une stratégie pour les acteurs, les conséquences pour les autres.
  • Mensonge, usurpation, falsification… La trahison ne s’arrête pas quand on la découvre. Aurait-il mieux valu ne rien savoir ? Non. Tout le monde disait « Ouf, enfin on sait, et ça fait du bien. C’est parce qu’on sait qu’on a pu se réunir. »
  • Mais une ère nouvelle et indicible levait son voile. Mensonge, usurpation, falsification… Faux amis mais aussi faux ennemis, multiples appartenances, confusion, complexification, fausses apparences. L’intelligence des mots au service de la déviance du sens. Un jeu de ‘qui est vraiment qui’ et de ‘qui fait vraiment quoi’ allait commencer, dans une terre de désolation où le carnage avance, donnant comme un arrière-goût… d’Apocalypse


Mises à jour :

M.-à-j. 1 (23/04/2013) :
- Légère simplification du titre.

M.-à-j. 2 (24/04/2013) :
- Ajout du chapitre « En face, un autre peuple réuni. C’était pourtant le même. »
- Ajout du mot « Mafia », faute de mieux, faute d’un mot plus moderne.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.