Jonathan_Roger (avatar)

Jonathan_Roger

Journaliste indépendant

Abonné·e de Mediapart

7 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 novembre 2014

Jonathan_Roger (avatar)

Jonathan_Roger

Journaliste indépendant

Abonné·e de Mediapart

Colonia del Sacramento, éloge de la bipolarité

Jonathan_Roger (avatar)

Jonathan_Roger

Journaliste indépendant

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 L'étape uruguayenne. Nous avons pris le bateau à Buenos Aires, destination Colonia del Sacramento de l'autre côté du fleuve. La ville est régulièrement desservie par les nombreux bateaux qui partent de la capitale argentine, notamment le "Buquebus" et ceux de la compagnie Seacat. La traversée, d'une durée de trois heures, est agréable bien que le voyageur lambda qui ne peut se permettre la première classe, dont nous sommes, n'a aucun accès à l'extérieur du bateau. Difficile dans ces conditions de pleinement apprécier un déplacement maritime mais qu'importe, les sièges sont confortables.

Colonia del Sacramento est une petite ville uruguayenne dont la démographie raisonnable ne varie qu'en raison d'un afflux croissant de touristes. C'est la première fois depuis notre départ que nous entendons autant de français. Arrivés à 18h (19h heure uruguayenne, un fuseau plus tard qu'en Argentine), Colonia est un condensé de tout ce qui nourrit l'imaginaire occidental quand on pense à l'Amérique du Sud.

Des rues pavées sur lesquelles se croisent Cadillacs, Ford T et Peugeot 206, bordées de platanes dont les racines puissantes soulèvent les dalles de béton alentour, des écoliers en uniforme, un panorama superbe à l'horizon duquel on devine des îles et une architecture typique, Colonia est un petit paradis. Nous avons déjeuné peu après notre arrivée, soit beaucoup trop tard, et trop tôt pour que cela passe pour un dîner, c'est du moins à ça que j'attribue le nombre incalculable de passants nous ayant fixé pendant le repas. Ou bien nos visages traduisent-ils par trop notre côté yankee. Et qu'importe, tout ici est si beau et si paisible que la douceur de cet interlude après le bouillonnement de Buenos Aires vaut bien quelques regards soutenus.

Le lendemain, nous avons découvert Colonia de jour. La touristique. Là où la veille il n'y avait que deux bancs faisant face au fleuve stationne désormais une armada de bus de tourismes, déversant un flot impressionnant d'occidentaux en goguette ou de riches sud-américains originaires de Colombie, du Brésil ou du Venezuela. Les terrasses qui hier était éparses et peu fréquentées sont maintenant des enclaves internationales où le seul espagnol pratiqué sort de la bouche des serveurs.Les petites places si belles qu'on en souhaiterait qu'aucune carte postale ne vienne les rendre ordinaire grouillent de groupes de voyageurs attentifs aux paroles du guide. Il faut attendre la fin de l'après-midi pour que les bus repartent et que Colonia redevienne une paisible petite métropole uruguayenne qui regarde le soleil s'enfoncer dans le Rio de la Plata. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.