Nous sommes en 2017, la France change de régime politique...
Nous sommes dans la France de 2017. Plus de 9 millions de personnes continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté monétaires (1000 € par mois), bien que la plupart mangent, disposent d'un accès aux soins, d'une éducation pour leurs enfants, d'aides familiales et d'un toit. Dans cette France, quand on est âgé de 35-40 ans, on est né dans un pays "en crise", quand bien même ce pays est, depuis 40 ans au moins, la 5 ou 6ème puissance économique du monde... Dans l'hexagone, en 2017, on vit aussi dans un des pays les plus redistributifs de la planète. Mais le peuple français du troisième millénaire est aussi le plus gros consommateur d’anxiolytiques et d'antidépresseurs au monde. Les niveaux de vie régressent, et il semble évident à tous depuis longtemps qu'un puissant mal-être n'est pas pris en compte. La dette explose, elle est le deuxième poste de dépense de l’État et les collectivités sont sous pression. La fameuse courbe du chômage ne s'est jamais inversée...
Les rapports sociaux de plus en plus complexes sont minés par les dominations symboliques ou physiques (homophobie, sexisme, racisme, antisémitisme, harcèlement au travail...)- dont on ne doit plus parler. Et la libération des individus de leur carcan social, opérative pour les personnes nées avant 70, a eu comme effet corolaire de dépecer les surmois d'une population désormais perdue, noyée dans un egotrip compensatoire potentialisé par des réseaux sociaux indiscrets et totalitaires. Les générations se boudent dans les champs du travail; elles ne se comprennent -toujours- pas.
En face, remontent pêle-mêle : une morale, une politique et une conception de la religion qui font la part belle à des visions autoritaristes, simplistes et arbitraires, susceptibles, paraît-il, de nous servir de tuteurs. Nous servir de tuteurs à nous, peut-être réellement devenus invertébrés, ou ne disposant en tous les cas pas d'une colonne vertébrale suffisamment solide pour nous structurer et nous discipliner politiquement et moralement pour progresser vers une société plus juste et plus écologique et sortir du marasme par le haut. Nous bobos girouettes, nous retraités patrimonialement assis, nous politiques de métiers délégitimés par notre éloignement -parfois notre mépris- des citoyens, nous ouvriers que l'intolérance obscurantiste a fait changé de bord, nous professeurs humiliés et donneurs de leçon, nous médecins revendus et nombrilistes, nous capitalistes aveugles et complaisants, nous citoyens complices de flemmardise politique aiguë...
Nous sommes en 2017, donc. Marine Lepen est passée. Le monde change. Pour une part de la population, l’aquoibonisme et le « tous pourris » font place à l’inquiétude : a-t-on réellement voté, en tant de paix et libre, pour un parti fasciste ? Pour l'autre partie des français, après un moment de flottement, le racisme se réaffirme, de plus en plus décomplexé. Dans les territoires ruraux et à Marseille, d’abord... la tension monte. Des heurts dans les quartiers et les campagnes se multiplient. En parallèle, Marion Maréchal Lepen fait passer sa proposition d'utiliser prioritairement le référendum pour les modifications de la constitution, pour réléguer le parlement au second plan.
Deux attentats très violents se déroulent simultanément à l'Assemblée Nationale et en Vendée ; des réservoirs d'eau sont empoisonnés. Dans la foulée, Marine Le Pen déclare dans un discours qu'il faut modifier la constitution pour restreindre les libertés des populations musulmanes et roms, en vue de "sécuriser tous les territoires, et redonner priorité à la Nation Française". Le couvre feu est également proposé dans "certaines zones très ciblés et bien connus des services". La mesure est adoptée par le peuple. Les français doivent désormais vivre sous un régime fasciste. Des "Camps de régulation de l'immigration" sont développés aux frontières. Les politiques et les journalistes baissent la tête. Certains sont arrêtés pour "trouble à l'ordre publique". Au bout d'un mois, ils ne sont toujours pas ressortis de prison. La France sort de l'Europe, l’Europe se détourne de la France. Le premier allié de la France devient la Russie. À la faveur de cette alliance, l'homophobie reprend du poids dans les rangs du FN. Le mariage civil entre personnes de même sexe est conditionné à 10 années de vie commune. La famille nucléaire est progressivement privilégiée dans les prestations familiales. Les élites fuient. La police fait évoluer ses pratiques...