Le lobbying, c’est avant tout du réseau et des méthodes. Et certaines méthodes voyagent bien. L’enquête menée par l’Observatoire des multinationales sur la Bourse Tocqueville révèle comment des stratégies d’influence venues des États-Unis s’implantent progressivement en France, façonnant une nouvelle génération d’acteurs ultraconservateurs.
Chaque année, cette bourse sélectionne de jeunes Français prometteurs et les envoie se former aux États-Unis auprès des think tanks et réseaux les plus influents de la droite dure américaine. L’objectif ? Leur enseigner les techniques d’influence qui ont fait le succès des mouvements trumpistes et libertariens. À leur retour, ces lauréats appliquent ces stratégies dans les médias, les institutions, ou en créant leurs propres organisations, accélérant ainsi la diffusion de ces idées dans l’espace public français.
Climato-scepticisme et immigration : les recettes éprouvées de l’extrême droite américaine
Au cœur de cette formation transatlantique, certaines thématiques sont particulièrement mises en avant. Il ne s’agit plus seulement de nier le changement climatique ou d’agiter la peur de l’immigration, mais d’instiller systématiquement le doute, de discréditer les politiques publiques et de défendre, sous couvert de "liberté économique", les intérêts des énergies fossiles et des industries polluantes.
Cette approche repose sur des techniques bien rodées :
- Produire des "études" pseudo-scientifiques, jouant sur les biais de confirmation et la confusion médiatique.
- Multiplier les tribunes et interventions dans les médias, en se présentant comme des experts indépendants.
- Mener un lobbying ciblé auprès des décideurs politiques pour influencer la législation.
Un exemple emblématique de cette stratégie est l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie, créé en 2019 par un ancien lauréat de la Bourse Tocqueville, directement inspiré de son séjour aux États-Unis. Depuis, cette organisation a su imposer ses thématiques dans le débat public en reprenant méthodiquement les techniques des think tanks conservateurs américains.
Une menace sous-estimée pour le débat démocratique
L’influence insidieuse de ces réseaux ultraconservateurs ne doit pas être sous-estimée. Ce n’est pas un hasard si les idées promues par ces groupes trouvent un écho croissant dans certains médias et cercles politiques français. Elles ne se contentent pas d’alimenter la polémique : elles transforment en profondeur le paysage idéologique du pays.
Sans réaction ou contre-offensive rapide, nous risquons une "submersion" bien plus inquiétante que celle que ces influenceurs aiment brandir : celle des idées d’extrême droite, importées, calibrées et diffusées avec une redoutable efficacité.