Les députés s’attaquent à la fast-fashion : le lobby du e-commerce réagit.
Le 14 mars prochain, Anne-Cécile Violland défendra une proposition de loi visant à mieux encadrer la fast-fashion.
Objectif : réduire l’impact environnemental cette industrie. Les moyens : une meilleure information pour les consommateurs, une interdiction de publicité pour ces produits et la modulation de l’éco-contribution, selon le principe du « pollueur payeur ».
Antoine Vermorel-Marques a également déposé une proposition de loi sur le sujet. Le député de la Loire propose lui aussi un “bonus-malus” pouvant aller jusqu’à cinq euros par pièce pour les entreprises qui mettent sur le marché plus de 1 000 nouveaux produits par jour. Leurs cibles : les mastodontes de la fast-fashion (et l'ultra) comme SHEIN.
Il le fallait : En France, en 10 ans, le nombre de vêtements proposés annuellement à la vente a progressé d’un milliard, et atteint désormais 3,3 milliards de produits, soit plus de 48 par habitant. La fast fashion est l’incarnation d’une société du tout jetable et constitue une véritable bombe climatique. Ces initiatives parlementaires sont soutenues par plusieurs associations environnementales engagées le sujet sujet. Zero Waste France, ActionAid, Les Amis de la Terre France, Emmaüs France, France Nature Environnement, HOP // Halte à l'Obsolescence Programmée, Max Havelaar France et Fashion Revolution France forment ensemble la coalition #stopfastfashion pour appeler les parlementaires à adopter le texte, tout en renforçant sa portée.
Le collectif devra composer avec le lobby du e-commerce (et des e-commerçants) qui se mobilise depuis quelques jours. Il s’agit de la FEVAD, l’organisation professionnelle des acteurs de la vente en ligne. Elle représente à la fois les plateformes et les e-commerçants. Autour de la table, notamment : Amazon, Alibaba Group, SARENZA.com, ou Zalando.
La FEVAD est un lobby puissant : elle regroupe près de 700 entreprises et 800 sites internet. Elle a dépensé près de 600 000 euros en 2022 en lobbying en France, et près de 300 000 euros au niveau européen. Elle a obtenu par le passé de grandes « victoires », notamment celle d’éviter aux entrepôts de e-commerce d'être soumis aux mêmes règles que les surfaces commerciales (Climat et résilience, 2021). L’enjeu pour elle cette fois-ci : éviter « des effets de bords qui seraient dommageables pour toutes les plateformes permettant la vente de produits textiles » tel qu’on peut le lire dans sa note de position. Il ne s’agit pas de défendre Shein (dont elle dénonce les pratiques), mais bien s’assurer que seul Shein soit visé.
Au coeur de la bataille qui s’ouvre : la question des seuils (nombre de nouveaux modèles par unité de temps) qui permettent de définir qu’une marque entre dans la catégorie « fast fashion ». Or le texte prévoit de définir ces seuils ultérieurement par décret. A n'en pas douter, l'offensive ne fait que commencer.
Jordan Allouche